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CRITIQUES DE CONCERTS |
14 octobre 2024 |
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Première soirée de musique de chambre du festival Pablo Casals de Prades au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
L'art de la conversation
Barry Douglas.
La musique faite joie : c'est avec un égal plaisir que chaque mois de janvier, on retrouve le Festival de Prades délocalisé au Théâtre des Champs-Élysées de Paris. À l'heure où les festivals deviennent des produits commerciaux, celui de Prades garde la rigueur et la saveur, l'intimisme et la passion que lui avait insufflés son fondateur Pablo Casals.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 24/01/2007
Nicole DUAULT
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Le Festival de Prades réunit des chambristes internationaux. Peut-être est-ce dans la convivialité, l'amitié et aussi les liens de filiation qu'il faut chercher le charme et l'aura de ces manifestations dont le directeur artistique est le clarinettiste Michel Lethiec. À 18 h 30, les trois d'avant-concerts sont consacrés à la musique contemporaine.
Honte à nous, honte au public pour lequel on va construire à la Villette une coûteuse salle de 2500 places ! Pour le premier de ces avant-concerts, dans la grande salle du TCE, on compte soixante-dix-neuf spectateurs dont trois journalistes ! L'oeuvre créée à Prades l'été dernier méritait pourtant l'attention : un joyau que ce quintette à vents Hypnozy du compositeur français d'origine tchèque Krystof Maratka, interprété par le Miro-Ensemble de Barcelone. En vingt-sept minutes d'hypnose, flûte, basson, clarinette, hautbois, cor entraînent l'auditeur dans un voyage au plus secret de l'âme.
Chaque instrument emprunte à la musique traditionnelle, aux rituels liturgiques pour que, dans des chuintements, des murmures, des dissonances discrètes ou violentes, jaillissent des sonorités audacieuses et truculentes. Dans la lignée de Janáček, Maratka insinue une poésie qui peu à peu s'impose et croît en densité. Tous ceux qui n'ont pu assister à ce concert doivent absolument retrouver Maratka dans la farce mélodramatique le Corbeau à quatre pattes qui sera donnée au Festival Présences de Radio France, le 18 février, une oeuvre pour deux voix d'hommes, hautbois, clarinette, cor, accordéon, piano, deux percussions, alto et contrebasse.
Trois pièces romantissimes sont ensuite programmées au concert de la soirée – la salle au trois quarts pleine. Toutes trois sont sous le signe du charme. Deux pièces de Schubert encadrent le Quintette en mib de Schumann. Le violoniste Olivier Charlier et le pianiste Barry Douglas dans la Sonatine pour piano et violon écrite par Schubert à 19 ans dialoguent dans une fougue mélodique primesautière sans la moindre mélancolie. Suit le génial Quintette de Schumann où le même pianiste Barry Douglas joue une partition qui va bien au-delà de la musique de chambre et tient la place d'un soliste de concerto, une musique où se mêlent euphorie et absolue tristesse.
La bonne humeur est de retour avec l'immense Octuor en fa pour clarinette, cor, basson, et cordes de Schubert. Michel Lethiec aux côtés de Hagaï Shaham et Saskia Lethiec, Vladimir Mendelssohn, Arto Noras, Jurek Dybal, André Cazalet et Richard Galler nous entraîne dans une promenade d'une bonne heure où l'on ne ressent jamais la moindre lassitude. Les interprètes se font sombres puis enjoués. Les concerts de Prades constituent un espace de liberté ou les musiciens retrouvent, dans l'intimisme, l'art de la conversation.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 24/01/2007 Nicole DUAULT |
| Première soirée de musique de chambre du festival Pablo Casals de Prades au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Franz Schubert (1797-1828)
Sonatine pour violon et piano en sol mineur op. 137 n° 3, D. 408
Robert Schumann (1810-1856)
Quintette pour piano et cordes en mib majeur, op. 44
Franz Schubert (1797-1828)
Octuor pour cordes et vents en fa majeur op. 166, D. 803
Chee-Yun, Olivier Charlier, Hagaï Shaham, Saskia Lethiec, violon
Bruno Pasquier, Vladimir Mendelssohn, Karine Lethiec, alto
Alain Meunier, Arto Noras, violoncelle
Jurek Dybal, contrebasse
Michel Lethiec, clarinette
Richard Galler, basson
André Cazalet, cor
Barry Douglas, Itamar Golan, piano | |
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