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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Création en langue française de l'opéra El Cimarron de Hans Werner Henze à la Péniche Opéra, Paris.
BD post-sérielle
Tel un roman picaresque, El Cimarron de Hans-Werner Henze narre la vie d'un esclave cubain mort à 104 ans. Sur le bateau de la Péniche Opéra, dépaysement et inventivité assurés, par une équipe musicale très soudée et une mise en scène spectaculaire de Mireille Larroche. Loin de l'idée de l'on se fait traditionnellement du compositeur, un ouvrage bruitiste et entêtant.
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L'édition 2003 du festival Présences où fut donnée l'intégrale des symphonies a bousculé l'image que l'on se fait en France de Hans-Werner Henze. El Cimarron présenté à la Péniche Opéra démontre une nouvelle fois que le compositeur peut ne pas être seulement un auteur riche en boursouflures.
Composé en 1969, à l'heure où Henze s'oriente vers le marxisme, El Cimarron est un opéra de chambre pour un récitant, guitare, flûte et une impressionnante batterie de percussions. Basée sur la biographie d'un esclave noir que le poète cubain Miguel Barnet rencontra dans les années 1960, l'oeuvre s'écoute avant tout comme une histoire. Le récitant parle le plus souvent, chante, tantôt en Sprechgesang, tantôt en arioso, les différentes étapes de sa vie. La musique, souvent bruitiste, illustre ainsi les chaînes de l'esclavage, les bruits de la forêt cubaine ou encore les heurts des batailles de l'Indépendance.
Le récit est si prenant que l'on se demande dans un premier temps si le babillage post-sériel de la guitare et les ruades percussives sont nécessaires à pareille musique. Pourquoi illustrer de façon certes brillante – la fuite éperdue après le meurtre d'un contremaître, la rumeur d'une église à l'aide de la seule flûte – un témoignage aussi prégnant ?
C'est sans compter l'imagination de la mise en scène de Mireille Larroche qui, sur le petit plateau de la Péniche Opéra, parvient à instaurer une réelle intimité entre le public et la scène. Porté par une équipe très investie, du baryton Paul-Alexandre Dubois, excellent conteur et bonne présence sur scène, au guitariste Didier Aschour, à la flûtiste Amélie Berson, ainsi qu'à la déchaînée percussionniste Diana Montoya Lopez qui évoluent à quelques centimètres du premier rang, le spectateur ressent physiquement l'itinéraire de cet homme centenaire. Quatre écrans qui diffusent des images du Cuba d'aujourd'hui dédoublent l'action et l'on est souvent ébloui par la vivacité et la richesse de l'ensemble.
Plus qu'un opéra, c'est un spectacle, dans la plus noble acception du terme, qui rappelle les tréteaux et les conteurs d'antan. L'espace d'une heure et demie, on oublie les ficelles d'une musique écrite au kilomètre. Et davantage que la trajectoire un peu cartoon d'un homme pris dans les remugles de son époque, c'est de sonorités dont on se souvient : les hululements d'une forêt, des bambous que l'on cogne, un rythme de danse qui s'esquisse.
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Péniche Opéra, Paris Le 02/02/2007 Laurent VILAREM |
| Création en langue française de l'opéra El Cimarron de Hans Werner Henze à la Péniche Opéra, Paris. | Hans Werner Henze (*1926)
El Cimarron, théâtre musical
Livret de Hans Magnus Enzensberger, d'après Biografia de un Cimarron
Création en langue française
Paul-Alexandre Dubois, baryton
Amélie Berson, flûte
Didier Aschour, guitare
Diana Montoya Lopez, percussions
adaptation: Mireille Larroche et Paul-Alexandre Dubois
mise en scène: Mireille Larroche
direction : Paul-Alexandre Dubois
réalisation : Daniel Ould Said
images : Mathilde Michel
Ă©clairages : GĂ©rard Vendrely | |
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