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CRITIQUES DE CONCERTS 28 mars 2024

Concert de l'Orchestre de l'Opéra national de Paris sous la direction d'Eliahu Inbal au Palais Garnier, Paris.

Là où on l'attendait le moins

Très beau programme pour ce concert de samedi soir dans les ors du Palais Garnier, où l'Orchestre de l'Opéra de Paris se plie à la baguette analytique et inflexible d'Eliahu Inbal. Après un Harold en Italie tout en délicatesse, la 3e symphonie de Bruckner dans sa version primitive de 1873 accuse des contours francs et une battue au pas de charge.
 

Palais Garnier, Paris
Le 10/02/2007
Yannick MILLON
 



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  • Dans cette soirée symphonique au Palais Garnier où l'Orchestre de l'Opéra semble parfaitement en phase avec son chef, Eliahu Inbal défend un Berlioz analytique et objectif, à la métrique parfaitement régulière, sans frénésie aucune, débarrassé de tout attirail hystérico-romantique au profit d'une lisibilité absolue, à la Boulez, soulignant chaque originalité du timbre, des mixtures instrumentales – les miraculeux échos harpe-flûte qui closent la Marche des pèlerins – et trouve, comme Marc Piollet dans les Contes d'Hoffmann mais avec une précision infiniment supérieure, une finesse de touche et des couleurs typiquement françaises, une atmosphère de musique de chambre dans des vents dénués de tout embonpoint.

    L'alto solo de Laurent Verney se fond dans cette conception millimétrée sans tirer la couverture. Et même si l'on a connu archet plus éloquent ou subtilement caractérisé, intonation plus irréprochable aussi, jamais la partie soliste ne vient contredire les options de la lecture orchestrale.

    Après l'entracte, Inbal avait choisi la rare version primitive de la 3e symphonie de Bruckner, dont il est sans doute le plus ardent défenseur. Présentant l'oeuvre sous sa première forme d'achèvement, telle que le compositeur l'a soumise à l'examen de Richard Wagner à Bayreuth en septembre 1873 pour une éventuelle dédicace, cette Urfassung éditée par Leopold Nowak aussi tard qu'en 1977 est un spectaculaire retour aux sources de la création brucknérienne.

    Long de 412 mesures de plus que la mouture finale de 1889, ce premier jet parsemé de citations et atmosphères wagnériennes, plus tard réduites à la portion congrue, expose une visée architecturale inouïe, des progressions harmoniques à très vaste échelle, des ruptures de ton on ne peut plus singulières – notamment dans un Finale déroutant, très déconstruit – et un Adagio d'un intense lyrisme, qui tendra à s'émousser au gré des révisions.

    Bruckner au pas de charge

    Curieusement, le chef israélien, qui dirige au pas de charge, semble s'excuser de l'ampleur des proportions de la version initiale, ne pas en assumer pleinement les montées plus « laborieuses Â» aux tutti, qu'il gagne dans le même temps qu'un chef au tempo standard qui aurait opté pour une version révisée. Cette approche urgente, souvent hachée, évacuant toute métaphysique au profit d'un message plus immanent, a ses partisans. Nous n'en sommes pas vraiment, tout en lui reconnaissant une parfaite cohérence en soi et une implacable réalisation.

    Tout autant question de goût, la caractérisation timbrique, bien éloignée de l'univers viennois – une trompette solo trémulante, qui s'emballe au moindre forte, des contrebasses ultra sveltes, des bois trop vibrés, comme pour faire romantique, là où le jeu droit qui faisait merveille dans Berlioz aurait convenu tout autant à une polyphonie brucknérienne qui s'en porte toujours mieux. Affaire de goût, nous l'avons dit.

    Nettement plus difficile à justifier nous paraît en revanche la dichotomie entre l'attitude philologique qui consiste à présenter au public le premier jet d'une oeuvre très remaniée, et le choix de doubler les parties de vents en faussant largement les équilibres – si le recours aux bois par quatre n'est déjà pas très heureux, le fait d'aligner six trompettes et huit cors frôle l'âge de pierre musicologique –, dénotant un incompréhensible manque de confiance en la partition.

    Finalement, entre Berlioz et Bruckner et malgré d'incontestables qualités de la deuxième partie, cette soirée aura vu briller le plus Eliahu Inbal là où on l'attendait le moins.




    Palais Garnier, Paris
    Le 10/02/2007
    Yannick MILLON

    Concert de l'Orchestre de l'Opéra national de Paris sous la direction d'Eliahu Inbal au Palais Garnier, Paris.
    Hector Berlioz (1803-1869)
    Harold en Italie, symphonie avec alto principal op. 16
    Laurent Verney, alto

    Anton Bruckner (1824-1896)
    Symphonie n° 3 en ré mineur, « Wagner-Symphonie Â»
    Version initiale de 1873

    Orchestre de l'Opéra national de Paris
    direction : Eliahu Inbal

     


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