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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Myung-Whun Chung, avec la participation du violoniste Vadim Repin à la salle Pleyel, Paris.
Éclats-Passions
Dans le Concerto en mi mineur de Mendelssohn, Vadim Repin se montre tout à fait à la hauteur de sa réputation, même si son interprétation peut surprendre. Après l'entracte, la Symphonie fantastique de Berlioz impressionne sous la direction de Myung-Whun Chung, mais se révèle plus narrative que profonde, tout en rendant justice l'excitation berliozienne.
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Foule des grands soirs à Pleyel pour la venue attendue de Vadim Repin, interprète pour l'occasion de l'une des oeuvres phares du répertoire, le Concerto en mi mineur de Mendelssohn. La placidité dont le violoniste russe fait ordinairement preuve est ce soir battue en brèche par le regard volontiers bouleversé qu'il porte sur cette oeuvre certes romantique, mais aussi d'un classicisme épuré.
Plus agité que d'ordinaire, moins ferme dans sa précision instrumentale, se permettant des contrastes de tempo – avec des ralentis légèrement appuyés –, il bouscule la tradition avec l'assurance qu'on lui connaît. Sa sonorité fine, subtile, presque féminine, donne à l'Andante une dimension poétique, mais la grâce est également contrariée par les remous qu'il introduit dans ce cantabile moins serein qu'il pourrait l'être sous d'autres archets.
Le Finale, outre la démonstration technique – staccato volant, cadence virtuose –, permet à Repin de troquer le caractère volubile, que l'on dit à tort superficiel, pour une expression plus combative, voire agressive. L'accompagnement ferme, parfois insistant de Myung-Whun Chung, ajoute une tonalité plus sombre et ombrageuse qui sert la vision originale du soliste. En bis, la 3e sonate, dite « Ballade » d'Ysaÿe, d'une totale perfection de style et d'un aboutissement sonore inouï, ne peut que provoquer l'enthousiasme.
Onanisme sonore
En seconde partie, dans la Symphonie fantastique de Berlioz, le chef d'orchestre coréen aborde les rivages les plus tourmentés du romantisme musical. Loin de la spontanéité improvisatrice de Munch, du dosage si transparent de Monteux ou de l'exaltation de Bernstein, Chung préfère l'analyse, le soin apporté au détail – l'idée fixe – au risque parfois de nuire à la vision d'ensemble – Rêveries-Passions.
Un bal est en revanche d'une superbe facture et d'une aisance chorégraphique ; quant à la Scène aux champs, elle met en valeur la qualité instrumentale des bois de l'orchestre, et en particulier le remarquable solo de cor anglais de Stéphane Suchanek, même si l'on reste parfois plus près de l'onanisme sonore que de la poésie crépusculaire.
L'impressionnante Marche au supplice convient particulièrement à cette lecture où la puissance et la force l'emportent sur la tension. Le Songe d'un nuit de Sabbat enfin confirme cette impression. Moins goyesque que flamboyant, plus violent qu'angoissant, il se révèle un faire-valoir pour l'Orchestre Philharmonique de Radio France qui, outre les décibels, sait aussi montrer son aptitude à se lover dans cette musique contrastée qui a toujours fait les beaux jours des orchestres français.
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Salle Pleyel, Paris Le 03/03/2007 Michel LE NAOUR |
| Concert de l'Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Myung-Whun Chung, avec la participation du violoniste Vadim Repin à la salle Pleyel, Paris. | Félix Mendelssohn (1809-1847)
Concerto pour violon et orchestre n° 2 en mi mineur op. 64 (1845)
Vadim Repin, violon
Hector Berlioz (1803-1869)
Symphonie fantastique op. 14 (1832)
Orchestre Philharmonique de Radio France
direction : Myung-Whun Chung | |
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