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CRITIQUES DE CONCERTS 19 avril 2024

Gala pour les trente ans de l'Ensemble Intercontemporain à la Cité de la Musique, Paris.

Plus qu'hier et moins que demain

Exceptionnelle soirée de gala organisée pour les trente ans de l'Ensemble Intercontemporain. Dans un programme mêlant Boulez à Ligeti s'affirme la splendeur d'un ensemble qui, trois décennies après sa fondation, apparaît plus que jamais comme l'un des phares de la vie musicale française, en perpétuelle évolution.
 

Cité de la Musique, Paris
Le 17/03/2007
Laurent VILAREM
 



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  • On se souvient de l'embarrassant référendum qu'un magazine français a récemment organisé auprès de la presse internationale pour désigner les meilleurs orchestres mondiaux. On se souvient également de la conclusion, sans appel : bredouilles, les orchestres français n'avaient pas obtenu la moindre place dans le classement. Quid si une telle consultation se faisait dans le milieu des ensembles baroques et contemporains ? Quelle place notamment pour l'Ensemble Intercontemporain, aux côtés des London Sinfonietta, Ensemble Modern ou autres Klangforum Wien ? Cette soirée de gala vient à point nommé pour rappeler l'assurance et la maîtrise d'un groupe tout juste trentenaire.

    À Pierre Boulez le soin d'ouvrir les festivités avec les Couleurs de la cité céleste d'Olivier Messiaen. On connaît le lien ambigu que l'illustre fondateur de l'Intercontemporain nourrit à l'égard de la musique de Messiaen. Ces Couleurs sont une des partitions les moins aimables du maître dauphinois et Boulez ne cherche aucunement à en arrondir les angles ou les contours. Les percussions et les cuivres particulièrement font montre d'une stridence que la direction souple de Boulez se plait à souligner. D'une implacable précision, cette vision finit pourtant par suffoquer et refroidir l'auditeur.

    On a longtemps reproché à l'Ensemble Intercontemporain de ne défendre qu'un type de répertoire. C'est sans compter l'ouverture croissante de l'ensemble à d'autres types de musique et une judicieuse politique de fidélité à l'égard de certains auteurs. Philippe Manoury est l'un des compositeurs que Boulez a le plus défendu et joué ; il était ainsi naturel de retrouver au programme de ce soir une pièce de 1994, la Passacaille pour Tokyo. On y retrouve la côté Docteur Jekyll et Mister Hyde du compositeur : aux premières minutes sévères et discursives succède une admirable étude centrée sur la note mi, où Manoury rivalise d'imagination – un second piano résonne en coulisse tel une ombre au piano scintillant d'Hideki Nagano –, et d'hédonisme – échos presque jazzy des cuivres et des cordes. Long et inattendu triomphe pour une pièce qui vous hante longtemps après l'écoute.

    Après l'entracte, c'est à l'actuelle directrice musicale de l'ensemble, la Finlandaise Susanna Mälkki, de prendre le pupitre. L'EIC impressionne davantage encore dans l'exaltant Concerto de chambre de György Ligeti, dont le compositeur hongrois disait que « les treize instrumentistes ont tous des parties d'égale importance à jouer Â». Chaque détail y est minutieusement sculpté, doublé d'un raffinement et d'une cohésion assez exceptionnels pour un ensemble français.

    Chaleur et poésie

    Autre instant mémorable, la montée sur scène de Peter Eötvös qui fut le directeur de l'ensemble de nombreuses années durant. À l'écoute de deux courtes pièces de Boulez dirigées par le chef hongrois, on s'interroge : que ne dit-on que Boulez écrit une musique parmi les plus douces d'aujourd'hui, si douce qu'elle en devient souvent inoffensive ? Dans Dérive 1 pour six instruments, délicieuse musique immobile où l'on reconnaît le matériel de Répons, et l'émouvant Memoriale porté par la flûte de Sophie Cherrier, l'Ensemble Intercontemporain fait enfin preuve de chaleur et de la poésie qui lui manquaient dans les exécutions précédentes.

    Avec le retour de Boulez sur scène pour le Chant du Ramier des Gurrelieder – vibrante Petra Lang –, on retrouve la même perfection légèrement asphyxiante qui fait de la formation française une sorte d'équivalent contemporain aux grandes berlines symphoniques. Au-delà des polémiques que n'a pas manqué de susciter le groupe depuis sa fondation en 1977, au-delà des répertoires et de la personnalité même de Boulez, l'EIC est aujourd'hui un ensemble rare, d'une qualité et d'un professionnalisme d'exception.




    Cité de la Musique, Paris
    Le 17/03/2007
    Laurent VILAREM

    Gala pour les trente ans de l'Ensemble Intercontemporain à la Cité de la Musique, Paris.
    Olivier Messiaen (1908-1992)
    Couleurs de la cité céleste
    Dimitri Vassilakis, piano
    direction : Pierre Boulez

    Philippe Manoury (*1952)
    Passacaille pour Tokyo
    Hideki Nagano, piano
    direction : Pierre Boulez

    György Ligeti (1923-2006)
    Concerto de chambre
    direction : Susanna Mälkki

    Pierre Boulez (*1925)
    Dérive 1
    Memoriale
    Sophie Cherrier, flûte
    direction : Peter Eötvös

    Arnold Schoenberg (1874-1951)
    Lied der Waltaube, transcription pour 17 instruments
    Petra Lang, mezzo-soprano
    direction : Pierre Boulez

    Ensemble Intercontemporain

     


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