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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre de Paris sous la direction de Josep Pons, avec la participation de la mezzo-soprano Itxaro Mentxaka Ă la salle Pleyel, Paris.
¡ Estupendo !
Après la prestation décevante de Michel Plasson la semaine dernière, Josep Pons offre un véritable coup de fouet à l'Orchestre de Paris. Davantage que dans l'anecdotique création de Luis de Pablo, le chef espagnol éblouit dans le Tricorne de De Falla et un euphorisant Petrouchka de Stravinski. L'Orchestre de Paris enthousiasme par son énergie et sa précision.
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L'événement de ce concert de l'Orchestre de Paris devait être la création mondiale de Natura du vétéran Luis de Pablo. Celui qui fut, avec Cristóbal Halffter, le grand nom de la musique espagnole de la seconde moitié du XXe siècle, est aujourd'hui à la tête d'un imposant catalogue, certes respecté mais qui n'a jamais suscité un enthousiasme délirant.
Cette Natura d'une quinzaine de minutes se veut un hommage à la nature espagnole et à la ville de Paris où le compositeur dit avoir effectué de fructueux séjours par le passé. Dans cette oeuvre qui alterne notes répétées et frémissant tissu de cordes surgit une mélodie populaire, une tornada qui correspond à l'identité ibérique du titre. L'orchestre est utilisé avec une grande délicatesse et l'on assiste à des transitions d'un réel raffinement, mais cette nature peut-être trop secrète dessine in fine un territoire relativement limité.
Le Petrouchka qui suit surprend immédiatement par sa vivacité et sa modernité. À la manière d'un danseur de flamenco – la comparaison est facile mais bien réelle tant le chef espagnol martèle en tapant du pied le rythme du premier tableau –, Josep Pons imprime à la partition une véhémence qui ne se démentira jamais. Aucune lourdeur mais au contraire une sécheresse attentive à ne pas laisser de côté la tendresse de ces scènes de marionnettes.
Kaléidoscope sonore
En brusquant les attaques, Pons réaffirme l'aspect chorégraphique de Petrouchka, malgré le recours à la version plus symphonique de 1947, et les solos de basson ou de flûte prennent ainsi une saveur dansante et populaire. Le quatrième et dernier tableau est une admirable réussite, un éblouissant kaléidoscope sonore, maîtrisant non seulement le flot de musiques superposées mais suggérant également une véritable liberté de couleurs lumineuses.
Le soirée s'achève sur le Tricorne de De Falla. On se souvient du prodigieux enregistrement discographique de l'Amour sorcier et des Tréteaux de Maître Pierre que Josep Pons avait effectué il y a quelques années à la tête de l'Orchestre de chambre de Barcelone. Ce nouveau Tricorne le confirme comme l'un des interprètes essentiels du compositeur.
Donné dans sa version intégrale, le ballet de 1919 est ici moins folklorique – les castagnettes et les « ¡ hay ! » poussés par des musiciens visiblement réjouis – que chorégraphique. Et si l'oeuvre a ses longueurs, Pons embrase fréquemment ses danses martelées – impérieuse Danse du meunier – , et la Jota finale réussit l'exploit de ne pas crouler sous la massivité de l'orchestration et de conserver tranchant et légèreté.
C'est une véritable cure de jouvence qu'offre le chef espagnol à l'Orchestre de Paris ; ardeur rythmique, mais aussi précision et élégance des nuances et des phrasés. ¡ Estupendo !
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Salle Pleyel, Paris Le 28/03/2007 Laurent VILAREM |
| Concert de l'Orchestre de Paris sous la direction de Josep Pons, avec la participation de la mezzo-soprano Itxaro Mentxaka Ă la salle Pleyel, Paris. | Luis de Pablo (*1930)
Natura
création mondiale
Igor Stravinski (1882-1971)
Petrouchka
Version 1947
Manuel de Falla (1876-1946)
El Sombrero de tres picos
Version 1919
Itxaro Mentxaka, mezzo-soprano
Orchestre de Paris
direction : Josep Pons | |
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