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CRITIQUES DE CONCERTS 25 avril 2024

Concert de l'Orchestre national de France, sous la direction de Kurt Masur, avec la participation de la violoniste Anne-Sophie Mutter au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.

De l'enfer au paradis

Vision infernale au Théâtre des Champs-Élysées, où Kurt Masur et l'Orchestre national de France s'illustrent dans une Dante-Symphonie de Liszt de la plus belle facture, après avoir connu l'enfer tout autre de la création française du Concerto pour violon d'André Prévin, pourtant servi par l'archet volubile et inspiré d'Anne-Sophie Mutter.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 29/03/2007
Yannick MILLON
 



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  • Initialement prĂ©vue avec l'Orchestre de Paris sous la direction du compositeur en juin 2005, la crĂ©ation française du Concerto pour violon « Anne-Sophie Â» d'AndrĂ© Previn avait Ă©tĂ© annulĂ©e Ă  la dernière minute, dans des circonstances jamais vraiment Ă©lucidĂ©es. C'est finalement Ă  Kurt Masur et l'Orchestre national de France qu'est Ă©chue la tâche.

    Nous ne nous attarderons pas sur les maigres qualités de cette musique on ne peut plus réactionnaire, d'un kitsch tout juste soutenable et pour tout dire d'un inintérêt à peu près total, vague resucée d'un style romantico-bernsteino-korngoldien, parsemée d'emprunts aux Interludes marins de Britten et d'ambiances pseudo-désertiques à la Chostakovitch. Quarante minutes de chemin de croix, un véritable enfer que les qualités violonistiques d'Anne-Sophie Mutter n'aideront pas à traverser. Conçu comme un cadeau de mariage de Prévin à sa jeune dulcinée, ce concerto constitue un admirable motif de divorce – aux torts exclusifs de l'époux. On connaît la suite


    Après l'entracte, Kurt Masur avait programmé une partition rare dont il est l'un des grands défenseurs, la Dante-Symphonie de Liszt. Voilà une pièce qui mériterait plus d'attention que ne lui en portent la plupart des chefs, et qui, loin d'un essai infructueux ou d'une excroissance excentrique, constitue l'une des très belles réussites de la symphonie à programme du XIXe siècle.

    Dès l'affirmation péremptoire des trombones qui ouvre la partition, le National fait étal de superbes qualités – cuivres imposants et très sûrs, percussions lacérantes, cordes à la belle électricité – et joue cette musique comme si elle faisait partie de son arbre généalogique depuis toujours, avec un engagement et une éloquence qui prouvent l'efficacité du travail de fond opéré par Masur depuis cinq ans.

    Entre grincements infernaux et apaisement

    Comme souvent, le chef allemand, qui pourrait être plus précis dans la mise en place, opère un resserrement des tempi, modérant les passages rapides, ne s'alanguissant jamais dans les passages lents. Bien aussi à l'aise dans la peinture sonore des grincements de l'Enfer – les cuivres bouchés – que dans les apaisements, il privilégie un très beau lyrisme – l'épisode à sept temps au centre du premier mouvement – et cherche à sortir du Purgatoire sans trop en expérimenter le repentir – le motif en choral des bois sur lequel ne s'attarde ce soir jamais la souffrance. Tout semble tendre vers le Magnificat, en émoussant jusqu'à la montée céleste qui précède, la lumière ayant déjà gagné la sphère intermédiaire depuis longtemps.

    Suspendu dans les volutes des flûtes et des harpes, le choeur féminin, tenu ici par les jeunes filles de la Maîtrise de Radio France, réparti sur les balcons, donne alors une magnifique leçon de séraphisme. Véritable vision du paradis, la fraîcheur de ces voix tombant du haut de la salle, magnifiquement soignées, d'une homogénéité irréelle, d'une justesse inespérée, d'une plénitude dans l'absence totale de vibrato donnant littéralement le frisson, conclut cette soirée sur un moment d'élévation spirituelle tout à fait salutaire.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 29/03/2007
    Yannick MILLON

    Concert de l'Orchestre national de France, sous la direction de Kurt Masur, avec la participation de la violoniste Anne-Sophie Mutter au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
    André Previn (*1930)
    Concerto pour violon et orchestre « Anne-Sophie Â» (2002)
    Création française
    Anne-Sophie Mutter, violon

    Franz Liszt (1811-1886)
    Dante-Symphonie, eine Symphonie zu Dantes Divina Commedia (1857)
    Maîtrise de Radio France
    direction : Toni Ramon

    Orchestre national de France
    direction : Kurt Masur

     


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