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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Myung-Whun Chung, avec la participation du pianiste Georges Pludermacher Ă la salle Pleyel, Paris.
La musique française dans tous ses éclats
Peu avant sa tournée américaine, le Philharmonique de Radio France et Myung-Whun Chung proposaient, salle Pleyel, un programme français dense et homogène. Plus encore que la Suite du ballet Ma mère l'Oye jouée dans sa version complète, le Concerto pour la main gauche de Ravel avec Georges Pludermacher et le Sacre du printemps de Stravinski emportent l'adhésion.
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Heureuse initiative que d'avoir programmé Ma mère l'Oye dans la version orchestrale de la suite, complétée par le Prélude, la Danse du rouet, et quatre interludes symphoniques que l'on n'entend jamais ! D'une splendeur sonore où la mécanique horlogère ravélienne est tempérée par la volupté des timbres et un souci très affirmé du détail poétique, l'interprétation de Myung-Whun Chung permet à chacun de briller dans l'écrin fourni par le compositeur. La direction souple, sensuelle même – Entretiens de la Belle et de la Bête, Pavane de la Belle au bois dormant –, ne réussit pourtant pas, dans la progression du Jardin féerique, à cette gradation qui débouche sur l'explosion finale.
Le Concerto pour la main gauche de Ravel, sous les doigts de Georges Pludermacher, renoue avec la grande tradition de la musique française. Le pianiste sait rendre à merveille cette impression de fièvre secrète du rythme dont parlait André Suarès. Le sens dramatique, l'attention portée à la qualité du timbre et de la couleur, le sens de la progression conduisent naturellement, dans un geste unitaire, à la cadence expressive et tendue comme un arc.
Parfaitement accordé au soliste, l'orchestre sait modérer ses ardeurs mais déclencher des cataclysmes inexorables quand il prend seul la parole. Les Jeux d'eau que Pludermacher donne en bis confirment combien il se sent à son aise – comme jadis son maître Jacques Février, adoubé par Ravel lors de la création française du concerto, en 1937 salle Pleyel – dans cet univers à la fois impalpable, fluide et liquide.
Moins extraverti et tendu que Christoph Echenbach à la tête de l'Orchestre de Paris le 15 février, plus cadré, d'une maîtrise plus parfaite, le Sacre du printemps de Stravinski joué en seconde partie possède un équilibre, un dosage très convainquant qui laissent les musiciens du Philhar se lover dans une partition pouvant prêter aux débordements et au mauvais goût par excès d'intentions ou de rubato.
Puissance calculée
Sans chercher l'originalité à tout prix, Chung distille une puissance calculée, recherche des sonorités claires comme dans un beau jardin à la française, troublé parfois par des éclats et des incises toujours contrôlés. Une conception très tenue qui met en valeur les qualités de l'orchestre – le basson de Jean-François Duquesnoy, le hautbois d'Hélène Villeneuve – et qui prouve que Chung est souvent plus à l'aise dans les oeuvres qui demandent énergie rythmique et précision dans la rigueur.
En bis, la Valse de Ravel, généreusement offerte au public pour rôder le programme américain, ne recherche pas la subtilité mais se révèle d'une efficacité à toute épreuve, d'autant plus que le Philhar connaît cette musique comme personne. Plus proche de la déflagration du monde (Munch) que du charme vénéneux (Monteux) ou de l'élégance (Martinon ou Cluytens), cette conception massive mais impressionnante ne se perd pas en conjectures.
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Salle Pleyel, Paris Le 09/03/2007 Michel LE NAOUR |
| Concert de l'Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Myung-Whun Chung, avec la participation du pianiste Georges Pludermacher Ă la salle Pleyel, Paris. | Maurice Ravel (1875-1937)
Ma mère l'Oye (1911)
Concerto pour la main gauche (1937)
Georges Pludermacher, piano
Igor Stravinski (1882-1971)
Le Sacre du printemps (1913)
Orchestre Philharmonique de Radio France
direction : Myung-Whun Chung | |
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