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CRITIQUES DE CONCERTS 28 avril 2024

Récital Piano**** de Radu Lupu au Théâtre du Châtelet, Paris.

Un univers à nul autre pareil
© Decca classics

Expérience unique en son genre comme tous les récitals de Radu Lupu, cette soirée Piano**** au Théâtre du Châtelet apparaît comme un voyage introspectif dans l'univers de ce musicien absolument pas comme les autres. Deux heures de rêve et de méditation, dévoilant de nouvelles facettes de Schubert, Debussy, Brahms et Beethoven.
 

Théatre du Châtelet, Paris
Le 17/04/2007
Gérard MANNONI
 



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  • Déjà, la salle n'est pas éclairée comme d'habitude. La lumière décroît avant l'entrée du pianiste, nous plongeant dans une pénombre étrange qui rappellerait, toutes proportions gardées, l'obscurité totale précédant le lever de rideau au Festspielhaus de Bayreuth. Avant que résonne la première note de musique, on est prêt à entrer en soi-même, à capter les moindres ondes du message qui va nous parvenir. Et quand Radu Lupu attaque le premier mouvement de la Sonate en la majeur D. 664 de Schubert, le miracle opère d'emblée.

    Fluidité naturelle, rêverie, galop du troisième mouvement, tout se succède comme dans un climat d'improvisation poétique, comme une musique jamais entendue avant et qui naîtrait à l'instant sous les doigts de l'interprète. Inspiration à l'état pur, toucher totalement personnel engendrant un son qui l'est tout autant, c'est Schubert comme on le rêve, comme on n'aurait jamais osé espérer l'entendre.

    Avec sept des préludes de Debussy, on pénètre encore plus avant dans ce monde de subtile introspection où le jeu des couleurs sonores est aussi fascinant et émouvant que les ondes et les reflets engendrés par le délicat effleurement d'un insecte qui se pose sur un miroir d'eau. L'art pianistique est sublimé car on se situe en dehors de toute tradition, de toute école, juste dans l'intimité d'un interprète immense, dont on sait parfaitement qu'il pourra jouer les même pages de manière différente demain ou dans une heure.

    Dans les 4 ballades op. 10 de Brahms, le son s'enrichit, la méditation se fait plus présente, le propos plus palpable, plus charnel, sans que pour autant l'on verse dans un romantisme trop extraverti. Pour bénéficier pleinement de l'art de Radu Lupu, l'auditeur doit faire une partie du chemin, accepter qu'on ne vienne pas l'arracher avec force à lui-même, comme le font les grands tempéraments virtuoses qui savent aussi nous griser, mais par des émois plus violents. La pénombre joue ici son rôle. Rien ne se situe dans l'éclat.

    Quand se déroule enfin la magique 18e sonate de Beethoven, ultime pièce de ce récital, on est cette fois emporté dans un flot émotionnel irrésistible, qui nous entraîne à années lumière du monde extérieur quotidien. Et l'on se retrouve tout ébaubi sur la place du Châtelet, se demandant ce qui est rêve, ce qui est réalité, et comment se connecter à nouveau aux bruits et à l'agitation de la ville.




    Théatre du Châtelet, Paris
    Le 17/04/2007
    Gérard MANNONI

    Récital Piano**** de Radu Lupu au Théâtre du Châtelet, Paris.
    Schubert, Debussy, Brahms, Beethoven
    Radu Lupu, piano

     


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