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CRITIQUES DE CONCERTS |
13 octobre 2024 |
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Concert du pianiste David Fray et du violoniste Valery Sokolov au festival de Saint-Denis.
Une passionnante relève
Très beau concert dans la grande salle de bal de la Légion d'Honneur au Festival de Saint-Denis. Le pianiste David Fray et le violoniste Valery Sokolov, chacun de leur côté puis ensemble pour finir, incarnent à un très haut niveau la relève que commence à assurer la nouvelle génération d'instrumentistes.
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26 ans pour David Fray, 20 ans pour Valery Sokolov, c'est vraiment une génération nouvelle qui prend le pouvoir, celle qui séduira le public longtemps dans le XXIe siècle. Et quelle authenticité dans le talent de l'un comme de l'autre ! Dès qu'il s'assoit à son piano, le souriant David Fray devient un autre homme. Concentré, comme ramassé sur lui-même, habité, il se retient à peine d'extérioriser par la voix ce qu'il veut faire dire à ses doigts.
Pour lui, la 1re suite française pour clavier de Bach est une suite d'états d'âme aussi variés et subtils que ceux d'un Lied de Schubert. Tout y est : sensibilité, émotion pudique, couleurs dosées avec un toucher dont la fermeté ne nuit jamais au déroulement du dessin de la phrase.
Ce n'est pas une manière de jouer Bach en tentant d'imiter le clavecin ou le pianoforte, pas plus que de le rapprocher du grand piano romantique style transcriptions à la Busoni. C'est un Bach vécu de l'intérieur, avec l'instinct de la jeunesse et les assises d'une extrême maîtrise technique et d'une grande capacité de réflexion. Une expérience rare pour l'auditeur.
La 7e sonate op. 10 n° 3 de Beethoven est ensuite abordée dans l'esprit d'un romantisme naissant, encore proche du XVIIIe siècle des Lumières, avec ses rêveries qui s'évadent et aussi ses fulgurances. Et ici encore, quelle qualité exceptionnelle de toucher !
Valery Sokolov attaque en solo la deuxième partie du concert avec la Chaconne de la 2e partita de Bach. Il bâtit ces pages magistrales avec une magnifique lucidité, une sûreté d'archet absolue et une conscience parfaitement claire de l'ampleur de ces structures. Le son est d'une belle largeur et d'une couleur généreuse. Peut-être manque-t-il parfois à cette approche un peu d'intériorité, un plus grande proximité avec le contenu plus intime de ces pages ?
Mais l'ensemble impressionne, d'autant que cette once de sensibilité supplémentaire s'exprime de manière miraculeuse dans la 6e sonate pour piano et violon de Beethoven que les deux artistes jouent ensuite. On admire certes l'osmose à laquelle ils parviennent dans cette première collaboration, mais on est surtout bouleversé par le climat exceptionnel qu'ils réussissent à créer, en particulier dans un deuxième mouvement joué de façon vraiment magique. Un moment de beauté musicale absolu, comme seuls les grands interprètes savent les créer, et comme les auditeurs ne les vivent pas très souvent.
C'est grâce à des concerts comme ceux-ci que l'on peut se sentir rassuré sur l'avenir de la musique instrumentale pour les décennies à venir.
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LĂ©gion d'honneur, Saint-Denis Le 29/06/2007 GĂ©rard MANNONI |
| Concert du pianiste David Fray et du violoniste Valery Sokolov au festival de Saint-Denis. | Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Suite française pour clavier n° 1 en la mineur, BWV 812
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour piano n° 7, op. 10 n° 3
Johannes Sebastian BACH
Chaconne pour violon seul, issue de la Partita n° 2 en ré mineur, BWV 1004
Ludwig van BEETHOVEN
Sonate pour piano et violon n° 6 en la majeur, op. 30 n° 1
David Fray, piano
Valery Sokolov, violon | |
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