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CRITIQUES DE CONCERTS 19 mars 2024

Version de concert des Noces de Figaro de Mozart sous la direction de Jérémie Rhorer au festival de Beaune 2007.

Beaune 2007 (2) :
Les Noces à la folie


Jérémie Rhorer

Jérémie Rhorer et le Cercle de l'Harmonie avaient fait sensation lors de la précédente édition du Festival de Beaune en livrant un Idomeneo d'une urgence théâtrale irrépressible. Mieux qu'attendues, ces Noces de Figaro étaient donc fébrilement espérées. Et le miracle s'est reproduit, imposant le jeune orchestre parmi les meilleurs défenseurs de Mozart sur instruments anciens.
 

Basilique Notre-Dame, Beaune
Le 13/07/2007
Mehdi MAHDAVI
 



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  • L'an passé, nous découvrions abasourdi un orchestre à peine sorti de l'enfance, dirigé par un chef aux faux airs d'adolescent, dans l'opera seria de Mozart qui a donné le plus de fil à retordre aux plus grandes baguettes par son caractère à la fois transitoire et abouti. D'Idomenée, le Cercle de l'Harmonie n'a pourtant fait qu'une bouchée roborative. Ses Noces de Figaro étaient donc d'autant plus attendues qu'il se devait de confirmer cet état de grâce pour s'imposer dans un paysage musical où les ensembles jouant – bien – Mozart sur instruments anciens fleurissent.

    Toutefois, le Cercle de l'Harmonie a sur ses concurrents un avantage de taille, le bras de Jérémie Rhorer. Car le jeune chef, ancien assistant de Marc Minkowski, et aujourd'hui associé à William Christie, est emblématique de cette nouvelle génération qui tourne le dos à l'empirisme des pionniers, contraints de s'inventer une gestique découlant d'une pratique instrumentale ou vocale.

    Un bras donc, qui attise la flamme mozartienne sans jamais fléchir, animé par un sens électrisant de la progression – le Finale du II, si périlleux, est d'une tenue exaltante –, et prend des risques qui sont l'expression de la vie même. Jamais il n'assèche, fige, systématise comme certain chef anglais qu'il est désormais de bon ton de vouer aux gémonies, bien au contraire il galbe, respire, et sait suspendre, en avançant toujours.

    Sous l'impulsion de son premier violon Julien Chauvin, l'orchestre est d'une présence, d'une pâte sonores déjà identifiables, et mérite bien d'être sur scène, tant il relaie ce théâtre qui s'affole dans des récitatifs trépidants. Il est vrai que la distribution, réunie pour un concert unique, forme déjà une troupe, qui est la clé des Noces – une troupe qui, bien qu'inégale, joue, y prend plaisir, et où certains osent cette fantaisie ornementale longtemps bannie par les gardiens de l'orthodoxie du sacro-saint enfant de Salzbourg.

    Sophie Karthäuser (Susanna)

    La basse claire, de caractère de Filippo Morace fait un Bartolo dans la pure tradition bouffe, là où l'on nous impose le plus souvent des barriques wagnériennes en total contre-emploi, qui ne peuvent qu'alourdir leur Vendetta. La Marcelline de Marylin Fallot, remplaçant Sophie Pondjiclis au pied levé, s'en donne à coeur joie dans l'œillade hypocrite, jamais à court d'éclats de voix.

    À force de faire un sort à chaque mot, le Basilio de Serge Goubioud se révèle en revanche par trop oublieux du texte musical. Et Valentina Varriale, infiniment trop mûre déjà pour Barbarina, promettrait bien davantage si elle libérait sa voix lumineuse des manières vocales singulières de Roberta Invernizzi, son professeur.

    Comme toujours lorsqu'il est employé dans sa juste tessiture, et non dans ces travestis haendéliens qui le décharnent, le mezzo de Renata Pokupic séduit, mais pas plus qu'en Idamante, il ne frémit, varie, Chérubin d'une adolescence composée, scolaire face à la Comtesse de Malin Byström, qui ne sait trop que faire de moyens assez considérables, embarrassée qu'elle est par une émission épaisse qui brouille les mots et lui rend la demi-teinte laborieuse.

    Victime un rien caricaturale d'un délire paranoïaque, le Comte d'Andrew Foster-Williams se projette fièrement sur tout l'ambitus, mais soudain troublé par la vocalise de son air, perd la concentration d'un timbre dès lors grisonnant, et ne parvient plus à se départir d'un fort accent britannique dissimulé tant bien que mal trois actes durant. Voyelles ensoleillées, chaudes, naturelles, le Figaro de Riccardo Novaro ravit au contraire de son baryton parfaitement sain, un rien trop distingué peut-être, mais conduit avec panache et imagination.

    Le charme à l'état pur

    Et puis, malgré le léger voile que jette sur sa voix de lumière la tessiture de Susanna, décidément bien plus centrale que ce que la ribambelle de sopranos légers qui se la sont appropriée tend à le faire croire, mais dont elle assume les graves avec élégance, Sophie Karthäuser incarne le charme à l'état pur. Mieux qu'instrumental, son phrasé est exquisément théâtral, d'une variété et d'une intelligence savoureuses. Surtout, la soprano belge ne cède pas à la tentation de l'air de concert dans un Deh vieni, non tardar délicatement orné à frissonner de plaisir.

    Diana Damrau aura donc fort à faire pour ne pas la faire regretter dans la reprise de ce concert le 20 septembre prochain au Théâtre des Champs-Élysées, avec une distribution légèrement starisée.




    Basilique Notre-Dame, Beaune
    Le 13/07/2007
    Mehdi MAHDAVI

    Version de concert des Noces de Figaro de Mozart sous la direction de Jérémie Rhorer au festival de Beaune 2007.
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Le Nozze di Figaro, opera buffa en quatre actes (1786)
    Livret de Lorenzo da Ponte d'après le Mariage de Figaro de Beaumarchais.

    Choeur Les Eléments
    Le Cercle de l'Harmonie
    direction : Jérémie Rhorer

    Avec :
    Andrew Foster-Williams (Il Conte di Almaviva), Malin Byström (La Contessa di Almaviva), Riccardo Novaro (Figaro), Sophie Karthäuser (Susanna), Renata Pokupic (Cherubino), Marylin Fallot (Marcellina), Filippo Morace (Bartolo / Antonio), Serge Goubioud (Don Basilio / Don Curzio), Valentina Varriale (Barbarina).

     


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