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CRITIQUES DE CONCERTS 25 avril 2024

Reprise de la Walkyrie de Wagner dans la mise en scène de Tankred Dorst et sous la direction de Christian Thielemann au festival de Bayreuth 2007.

Bayreuth 2007 (2) :
Mauvaises vibrations

© Bayreuther Festspiele GmbH / Jochen Quast

Première journée d'une tétralogie bayreuthienne sous le signe de la morosité. Les lacunes dramatiques du spectacle se confirment avec une direction d'acteurs très faible, un orchestre toujours un peu trop contemplatif et un plateau discutable. Difficile d'être emporté par une production autant en mal de théâtre.
 

Festspielhaus, Bayreuth
Le 10/08/2007
Thomas COUBRONNE
 



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  • On espérait un regain de vitalité, on craignait des tunnels ; on a été doublement exaucé. Regain de vitalité, certes, si l'on se contente de quelques fulgurances dans la fosse, de préludes tempétueux, d'une chevauchée innervée, de sonorités moins rondes que dans l'Or du Rhin – avec au passage une clarinette couinant à profusion.

    Tunnels également, si l'on s'en tient à l'essentiel de la partition, s'oubliant dans une pâte orchestrale onctueuse et déstructurée, sans construction ni progression, où l'on est frappé de plus entendre le bavardage d'une mélodie durchkomponiert, c'est-à-dire informe, que la prodigieuse mobilité de cette musique continue, c'est-à-dire caméléon.

    Tunnel aussi avec l'insupportable jeu téléphoné des acteurs, car qui peut accepter en 2007 de voir à Bayreuth le câlin de mammouths de Wotan et Brünnhilde, entrepris une quarantaine de mesures plus tôt par des bras grand écartés ; de voir le roi des Dieux explorer le plateau d'un pas mou quand il prétend se lancer à la poursuite de sa fille, et allumer enfin le cercle de flammes avec moins de conviction qu'un barbecue familial ?

    On sait que Dorst est plus dramaturge que metteur en scène, mais il y a un minimum technique dont on ne peut se passer : Brünnhilde passe son temps à tendre son bouclier à Wotan pour qu'il la désarme par surprise, Siegmund à chercher du regard Notung avant que l'éclairage ne l'ait révélée, Fricka à jouer l'outrance avant que son mari n'ait ouvert la bouche.

    C'est d'autant plus dommage que la conception dramatique ne manque pas de bonnes idées, à commencer par le lever de rideau sur une maison abandonnée où se sont réfugiés le temps de l'orage des figurants très ordinaires ; et si tous ces héros n'étaient que les fantômes d'une mythologie oubliée, ressassant éternellement leurs querelles déjà jouées ?

    La Sieglinde rayonnante d'Adrianne Pieczonka

    Dans ce très beau climat, la Sieglinde rayonnante d'Adrianne Pieczonka compose un caractère très complet, vigoureux, non dépourvu de rêverie, mais d'une fragilité charnelle, concrète. Le Hunding de Kwangchul Youn la domine plus par sa mauvaise humeur que par une voix qui reste éteinte et que ne mettent en valeur ni sa petite taille ni sa neutralité musicale. Le Siegmund d'Endrik Wottrich est quant à lui rustre à souhait, avec son appui laryngé verrouillé, ses aigus arrachés et son physique de bodybuilder.

    Au-dessus de leur tête, les ficelles sont tirées par un Albert Dohmen dont certains défauts agacent, notamment une diction hachée parfois inintelligible, un grave d'intonation énigmatique, et à la scène une pesanteur çà et là difficile. Du moins assure-t-il non sans une certaine classe le périlleux début du II et les Adieux au III. Michelle Breedt fait ce qu'elle peut pour grogner avec élégance, mais on s'intéresse plus à ce figurant cycliste avec sa petite amie au fond du très beau décor du II : brumes éternelles, piton rocheux et cimetière de marbres inquiétants.

    Quant à Linda Watson, elle arpente avec un port inexplicablement trivial la resucée du rocher de Chéreau avant d'aller se poser sur une caisse pour s'y endormir sans grâce. Au fil de la soirée, on attend désespérément qu'elle fasse plus que les notes, qu'au demeurant elle ne chante pas toujours bien – le troisième registre reste peu gratifiant, le médium parfois très nasal et le vibrato inidentifiable.

    Justement, vibrer, c'est bien de quoi il s'agit, on n'attend que cela ; mais encore faut-il une occasion, qu'à un moment aussi bref soit-il, les artistes se donnent les moyens de porter le spectateur. C'est sans doute ce qui péchait ce soir.




    Festspielhaus, Bayreuth
    Le 10/08/2007
    Thomas COUBRONNE

    Reprise de la Walkyrie de Wagner dans la mise en scène de Tankred Dorst et sous la direction de Christian Thielemann au festival de Bayreuth 2007.
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    Die Walküre, première journée du festival scénique Der Ring des Nibelungen (1870)
    Livret du compositeur

    Orchester der Bayreuther Festspiele
    direction : Christian Thielemann
    mise en scène : Tankred Dorst
    décors : Frank Philipp Schlößmann
    costumes : Bernd Skodzig
    éclairages : Ulrich Niepel

    Avec :
    Endrik Wottrich (Siegmund), Kwangchul Youn (Hunding), Albert Dohmen (Wotan), Adrianne Pieczonka (Sieglinde), Linda Watson (Brünnhilde), Michelle Breedt (Fricka), Sonja Mühleck (Gerhilde), Anna Gabler (Ortlinde), Martina Dike (Waltraute), Simone Schröder (Schwertleite), Edith Haller (Helmwige), Wilke te Brummelstroete (Siegrune), Annette Küttenbaum (Grimgerde), Alexandra Petersamer (Rossweisse).

     


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