altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 11 décembre 2024

Liederabend du baryton Thomas Quasthoff accompagné au piano par Justus Zeyen au festival de Salzbourg 2007.

Salzbourg 2007 (4) :
Le gardien du temple

Éblouissant récital de Thomas Quasthoff et Justus Zeyen au festival de Salzbourg, sous le signe de l'élégance. Servant à merveille un programme passionnant et parfois très noir, le baryton confirme quel immense Liedersänger il est, sans jamais céder aux sirènes de la facilité et de l'accrocheur. Un modèle de probité et une leçon de style.
 

Haus für Mozart, Salzburg
Le 19/08/2007
Thomas COUBRONNE
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • Triomphe du libertin

  • Le renoncement de Barbe-Bleue

  • Frénésie de la danse

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • Ce n'est pas nouveau, à Salzbourg fleurissent les paradoxes les plus inextricables entre excellence artistique et mondanités creuses. Rien de surprenant donc à ce que Thomas Quasthoff ait dû demander de vive voix au public de contenir sa fièvre applaudisseuse entre les pièces d'un même cycle : les acclamations sans doute bien intentionnées mais prodiguées à deux reprises au milieu des Chants et danses de la mort exigeaient sans doute une consigne expresse.

    Mais Salzbourg est aussi la ville de Deutsche Grammophon, le temple d'Anna Netrebko et Rolando Villazón, et le berceau de ces CD Abba avec Anne-Sofie von Otter, Dowland avec Sting, dont on nous rebat les oreilles. Andreas Scholl n'y a pas échappé à présent qu'il « goes pop Â», ni celui qui nous intéresse, Quasthoff, qui a enregistré un Jazz album pour le label jaune. On avait donc au coeur la crainte secrète qu'un programme de Liederabend subtil et équilibré ne soit sacrifié en bis sur l'autel de la promotion et de la vulgarisation.

    Assumons notre position à ce sujet : ce peut être l'esprit du temps, un phénomène lié au marché, ou une tentative de ramener les jeunes dans le giron de la musique classique, mais ce racolage par le bas nous semble dangereux et ridicule. Les artistes qui se compromettent dans le crossover ne nous paraissent pas gagner en crédibilité, pas plus qu'un auditeur enthousiaste de Mexico par Alagna n'endurera une écoute des Ariettes oubliées.

    © Salzburger Festspiele Pressbüro

    Passons. Quasthoff étant de toute évidence un musicien intelligent, il a le bon goût de se tenir à la plus stricte élégance, en proposant trois bis en totale continuité : Freisinn de Schumann, Die Forelle, et Ungeduld tiré de la Belle Meunière. Pour le reste, le programme ne manque pas de solennité, notamment avec les Moussorgski chantées en allemand, dans une traduction différente de celle du livret distribué à l'entrée, mais avec une diction idéale rendant tout à fait inutile le recours à ce dernier, et le trop rare Belsatzar de Schumann.

    Seule ombre au tableau, le jeu toujours retenu de Justus Zeyen, qui certes ne couvre jamais le chanteur, mais dont le refus d'aucun vrai forte, d'aucun accent nerveux, sabote la finesse du toucher dans les nuances douces. Pour le reste, l'interprétation est du plus haut niveau, bien supérieure à l'ordinaire de ce qu'on entend à notre époque dans un répertoire où se fourvoient tant d'interprètes sans imagination ou dépourvus de couleurs.

    Un merveilleux narrateur

    Diction limpide, déclamation prodigieusement variée, du prophétique visionnaire à la mélancolie la plus intime, en passant par le grimaçant, le rêveur, l'apaisé, le naïf, Quasthoff est un merveilleux narrateur. Avec un grave noir et terrible, un médium humain à l'extrême, un aigu mixte plaintif et une pleine voix dramatique, il restitue en un style impeccable jamais en manque d'inspiration la ferveur modeste de Schubert, la désolation angoissante de Moussorgski, l'arabesque ironique de Schumann et Heine.

    Le lyrisme et la caractérisation du baryton culminent dans Der Feldherr, dernière pièce de ce cycle dans le sillage d'Erlkönig que sont les Chants et danses de la mort, tandis qu'il trouve dans Der arme Peter le parfait équilibre de désespoir teinté d'ironie, avant de déployer dans Berg' und Burgen schaun herunter – Liederkreis – la plus délicate ligne de chant et la contemplation la plus habitée. Du grand art.




    Haus für Mozart, Salzburg
    Le 19/08/2007
    Thomas COUBRONNE

    Liederabend du baryton Thomas Quasthoff accompagné au piano par Justus Zeyen au festival de Salzbourg 2007.
    Franz Schubert (1797-1828)
    Der Sänger, D. 149
    Auf dem See, D. 543
    Der Wanderer an den Mond, D. 870
    An Schwager Kronos, D. 369

    Modest Moussorgski (1839-1881)
    Lieder und Tänze des Todes

    Robert Schumann (1810-1856)
    Der arme Peter, op. 53 n° 3
    Belsatzar, op. 57
    Liederkreis, op. 24

    Thomas Quasthoff, baryton-basse
    Justus Zeyen, piano

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com