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CRITIQUES DE CONCERTS |
07 octobre 2024 |
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Concert de l'Orchestre Symphonique de la Radio bavaroise sous la direction de Mariss Jansons au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Une forme de perfection
Au Théâtre des Champs-Élysées, la venue de Mariss Jansons avec son Orchestre de la Radio Bavaroise suscite un engouement à la hauteur de leur interprétation, dans une 104e symphonie de Haydn qui n'a rien à envieux aux baroqueux et une 7e de Bruckner tout en perfection formelle. Un concert de très haut vol, tout à fait passionnant.
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Les symphonies de Haydn sont pour tout orchestre un moment de vérité tant leur écriture serrée et leur texture savante ne se prêtent à aucune approximation. Écrite à Londres en 1795, la 104e symphonie, la « der des der » que propose Mariss Jansons en ouverture de ce concert au TCE est la synthèse de tout un cheminement dont Beethoven saura se souvenir.
Avec un effectif important, le chef letton réussit là où d'autres choisissent d'opter pour la réduction baroque. Pourtant, il obtient grâce à la subtilité des nuances, à la pulsation, à la dynamique, un résultat passionnant. L'élan – la battue du Menuetto –, l'esprit, voire le clin d'œil – celui que Haydn adresse à ses auditeurs, conscient en achevant le final de sa Symphonie Londres qu'il ne reviendra plus à un genre qu'il a porté à son point culminant – président à tout moment.
Soulevés par une direction impérieuse mais consensuelle, les musiciens font, si l'on peut dire, flèche de tout bois avec une respiration et une légèreté qui rendent à Haydn ses lettres de noblesse, sans l'impulsion accusée, voire brutale, d'un Harnoncourt. Une telle vision rejoint, par d'autres moyens, la réussite d'Eugen Jochum dans les Symphonies londoniennes, mais prend désormais en compte l'apport des baroqueux – les timbales –, sans l'extrémisme dont parfois ils font parfois preuve.
C'est précisément à Jochum que l'on pense dans la seconde partie entièrement consacrée à la 7e symphonie de Bruckner. Comme le souligne Rémy Louis dans son excellent texte de présentation relatant l'histoire de l'Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise, Jochum (1902-1987) qui fit tant pour Bruckner présida à la naissance d'une phalange dont il devint le père spirituel avant que Kubelik, Colin Davis, Maazel et aujourd'hui Jansons en assurent la relève.
Souplesse naturelle
Pourtant, l'interprétation qu'en donne aujourd'hui l'orchestre et son chef diffère : une attention plus grande est portée à la finition – sens des registres de l'impalpable pianissimo de l'Allegro moderato initial jusqu'au climax de la péroraison conclusive –, à la souplesse naturelle, à l'élégance, aux agencements des transitions reliant comme un fil d'Ariane chaque moment cousu par des mains expertes.
Une telle perfection formelle se fait parfois au détriment du sens métaphysique cher à Furtwängler et à Jochum, de la dimension cosmique propre à Celibidache ou du recueillement pangermaniste de Thielemann. Qu'on ne s'y méprenne pas, la conception de Jansons est admirable et son Bruckner est d'une luminosité qui rappelle parfois Carl Schuricht.
Chacun participe avec flamme à cette exploration musicale d'une maîtrise absolue – la flûte paradisiaque de Philippe Boucly, l'extraordinaire précision des cuivres dans l'Andante, l'homogénéité sans faille des cordes. Il ne faudra manquer sous aucun prétexte le prochain concert de l'Orchestre de la Radio bavaroise le 9 mars prochain dans la même salle. Mariss Jansons dirigera alors Wagner et Mahler.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 29/09/2007 Michel LE NAOUR |
| Concert de l'Orchestre Symphonique de la Radio bavaroise sous la direction de Mariss Jansons au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Joseph Haydn (1732-1809)
Symphonie n° 104 en ré majeur « Londres » (1795)
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 7 en mi majeur A. 109 (1884)
Sinfonieorchester des Bayrerischen Rundfunks
direction : Mariss Jansons | |
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