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CRITIQUES DE CONCERTS 26 avril 2024

Concert de l'Ensemble Modern sous la direction de Pierre Boulez à la salle Pleyel, Paris.

Le guépard

À la tête de l'Ensemble Modern, Pierre Boulez offre un programme entièrement consacré à la musique d'aujourd'hui. Féline dans les créations d'Enno Poppe et Matthias Pintscher, sa direction avance à pas feutrés dans
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2 de Mark André, puis acère ses griffes dans ses propres Notations pour orchestre, et devient fauve dans de colossales Amériques de Varèse.

 

Salle Pleyel, Paris
Le 30/09/2007
Laurent VILAREM
 



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  • La lecture du programme – André, Varèse, Poppe, Pintscher, Boulez –, laissait présager un concert contemporain sombre et violent.
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    du Français installé à Berlin Mark André, correspond bien à l'image que l'on a de ce compositeur de plus en plus joué par les institutions modernistes d'ici et d'ailleurs.

    Longtemps considérée comme d'un artiste intellectuel, la musique de Mark André est de plus en plus physique et engagée. L'impact d'
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    grandit lorsque l'on sait que cette dernière travaille le motif de la crucifixion : deux pianos et des percussions entourent donc un orchestre, qui se glisse entre leurs déflagrations.

    Pierre Boulez y apporte une grande lisibilité, en en accentuant le caractère narratif : on n'oubliera pas ces cordes chuintantes à la manière d'un Lachenmann, ces bois hululants qui s'immiscent entre les fracas, comme des blessures. Par la clarté qu'y impulse le chef français s'accuse cependant ce qui manque à l'impressionnante pièce de Mark André : un certain laisser-aller, une moins grande dialectique qui pourraient laisser respirer ses vastes préoccupations métaphysiques.

    Echauffées, les oreilles du public sont alors tout à fait prêtes pour une terrassante lecture d'Amériques de Varèse. Toujours aussi attentif aux détails, Boulez privilégie ce soir moins l'élan et la vie bariolée que la masse. S'appuyant sur les cordes, avec une force noire, féline, presque tragique, il réussit ainsi une conclusion comme on en aura rarement entendu : convulsive, à la fois souple et pesante, où les musiciens de l'Ensemble Modern foncent véritablement sur leurs proies, laissant le public hébété puis asphyxié.

    Obst (fruits) d'Enno Poppe qui suit consiste en cinq pièces qui sont autant de natures mortes, dont la brillante orchestration synthétise – un peu à la manière du dernier Ligeti – un demi-siècle de musique. On sait gré au compositeur pour sa première pièce d'orchestre de ne pas avoir suggéré la force et l'effet comme nombre de ses jeunes collègues, mais son raffinement rhapsodique use d'un langage certes personnel et affirmé qui se cherche partout mais se trouve toujours avec un goût presque trop sûr.

    Appréciation à peu près semblable pour towards Osiris de Matthias Pintscher, étude pour orchestre en préparation d'une pièce à venir pour l'Orchestre de Chicago, dont les huit minutes témoignent d'un art consommé de l'orchestration mais dont les gestes sonores, trop connotés, peinent à être investis par une personnalité distincte.

    Il manque en somme des longueurs, une manière de s'assumer – trop changeante, towards Osiris se conclut sur une montée des cordes qui ressemble de trop près à de la musique de film –, en somme un alliage subtil entre maîtrise totale et un certain lâcher prise, que Boulez compositeur, en vieux matou de la croche, possède pleinement dans ses Notations pour orchestre.

    Certes, l'oeuvre, par sa forme en séquences, reste purement virtuose, mais la récente Notation 7 s'affirme comme l'un des plus grands chefs-d'oeuvre du compositeur, véritable tourbillon de sons en perpétuelle croissance, sorte de luxure musicale. L'Ensemble Modern Orchestra est particulièrement à l'aise dans cette pièce ductile et spectaculaire. C'est d'ailleurs cet aspect aussi massif qu'ouvragé qui aura frappé l'attention tout au long de ce concert dirigé par un chef attentif au moindre détail d'un orchestre qui lui obéit à la griffe et à l'œil.




    Salle Pleyel, Paris
    Le 30/09/2007
    Laurent VILAREM

    Concert de l'Ensemble Modern sous la direction de Pierre Boulez à la salle Pleyel, Paris.
    Mark André (*1964)

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    Création française

    Edgar Varèse (1883-1965)
    Amériques (version de 1929)

    Enno Poppe (*1969)
    Obst
    Création française

    Matthias Pintscher (*1971)
    towards Osiris

    Pierre Boulez (*1925)
    Notations 1-4, 7 pour orchestre

    Ensemble Modern Orchestra
    direction : Pierre Boulez

     


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