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CRITIQUES DE CONCERTS 20 avril 2024

Version de concert d'Alcina de Haendel sous la direction d'Alan Curtis au Théâtre de Poissy.

Une Alcina surnaturelle

Haendélien de la première heure, Alan Curtis s'est surtout attaché à défendre les raretés du caro Sassone, comme en témoigne une discographie abondamment augmentée ces dernières années. Si Alcina fait figure d'exception dans ce parcours hors des sentiers battus, une distribution aussi prestigieuse qu'inattendue justifie une gravure qui ne manquera pas de faire parler d'elle.
 

Théâtre, Poissy
Le 29/09/2007
Mehdi MAHDAVI
 



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  • Au rythme de deux enregistrements par an en moyenne, tantĂ´t chez Virgin Classis, tantĂ´t chez Deutsche Grammophon, Alan Curtis s'avère le plus fervent haendĂ©lien du moment, tout du moins sur le plan quantitatif. Si son Ă©rudition le pousse Ă  combler les vides de la discographie, en ayant soin de restituer les partitions dans des moutures rares ou inĂ©dites, il a rĂ©cemment signĂ© une Rodelinda discutable mais sans rĂ©elle concurrence, et vient de graver une Alcina annoncĂ©e pour 2009, dont les heureux spectateurs du Théâtre de Poissy ont eu le privilège de dĂ©couvrir l'Ă©tonnante distribution.

    Car il fallait oser, avec toute l'autorité de l'expérience, confier le rôle-titre, créé par la très sopranisante Anna Maria Strada del Pò, à une mezzo-soprano. Mais avec Joyce DiDonato, d'évidence un Ruggiero, Alan Curtis a réussi son pari. Non seulement cette rossinienne électrisante relève le défi avec une aisance confondante, mais renouvelle le personnage qui, grâce à une assise vocale plus basse, gagne en féminité, et surtout en variété d'accents.

    Devant la force surnaturelle d'une incarnation alliant cruauté et sensualité, qui plus est auréolée d'un accompagnement sur mesure, à mille lieux des alanguissements que Renée Fleming suscitait chez William Christie – Ah ! mio cor !, habituel sommet de pathos, subit un traitement d'une violence étreignante –, on oublierait presque la suprême qualité d'un chant au belcantisme supérieurement cultivé, et le velours d'un timbre ardemment irrisé.

    Dans cet emploi, et à ce niveau de perfection stylistique, Joyce DiDonato n'a aujourd'hui qu'une rivale, Karina Gauvin, qu'Alan Curtis a eu la judicieuse idée de distribuer en Morgana, assurant un équilibre idéal entre les deux soeurs. Ceux qui n'imaginent dans ce rôle habituellement dévolu aux sopranos légers qu'une soubrette versatile aux suraigus volatiles ont pu être déroutés d'y entendre une voix aussi charnue, aussi colorée, sculptant sur un souffle infini le plus bouleversant Credete al mio dolore qu'on n'ait jamais entendu.

    Figure obstinée de la vertu, Bradamante bénéficie en Sonia Prina d'une interprète non moins idéale. Souvent distribuée en dépit du bon sens, la contralto italienne retrouve dans son emploi naturel une stabilité, une rondeur, des couleurs même qu'on désespérait de réentendre un jour s'échapper de son gosier.

    Face à ce trio féminin d'anthologie, le Ruggiero de Maïté Beaumont paraît en retrait. D'un métal bien frappé, la voix n'en est pas moins étroite, suffisamment véloce pour affronter crânement – et dans un tempo périlleux, car justement mesuré pour ne sembler ni retenu ni précipité – la colorature de Sta nell'ircana, mais attaquant systématiquement les sons par en-dessous dans les airs où la ligne prend le dessus sur l'incisivité.

    Et si l'Oberto de Laura Cherici fait preuve d'une belle vaillance, l'Oronte volontairement caricatural et au timbre sec de Kobie van Rensburg et le Melisso à l'émission peu insolente de Vito Priante se révèlent anecdotiques.

    Flatté par l'acoustique du Théâtre de Poissy, le Complesso Barocco voit certaines de ses intentions trahies par l'énergie trop systématique du continuo. Il est vrai qu'Alan Curtis, plutôt que de succomber aux sirènes de l'opéra magique, s'attache à souligner l'ironie et la cruauté de la partition. Sans doute ne creuse-t-il pas suffisamment la dynamique, et encore moins les courbes, mais ses choix de tempi servent au mieux les caractères, et la volubilité de l'ornementation fait flamboyer une vocalité décidément triomphante.




    Théâtre, Poissy
    Le 29/09/2007
    Mehdi MAHDAVI

    Version de concert d'Alcina de Haendel sous la direction d'Alan Curtis au Théâtre de Poissy.
    Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
    Alcina, opera seria en trois actes (1735)
    Livret anonyme adapté de l'Isola di Alcina de Riccardo Broschi d'après l'Orlando furioso de l'Arioste.

    Joyce DiDonato (Alcina)
    Karina Gauvin (Morgana)
    Sonia Prina (Bradamante)
    Maïté Beaumont (Ruggiero)
    Kobie van Rensburg (Oronte)
    Vito Priante (Melisso)
    Laura Cherici (Oberto)

    Il Complesso Barocco
    direction : Alan Curtis

     


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