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CRITIQUES DE CONCERTS |
16 septembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Gustavo Dudamel, avec la participation du pianiste Leif Ove Andsnes Ă la salle Pleyel, Paris.
Graine de star
Attendu comme le dernier Messie de la direction d'orchestre, le jeune Vénézuélien Gustavo Dudamel, face au Philharmonique de Radio France, prouve dans une 7e symphonie de Beethoven architecturée et énergique que l'on a eu raison de croire en lui. À ses côtés, dans le 2e concerto de Brahms, Leif Ove Andsnes affirme une hauteur de vue d'une densité minérale.
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Public des grands soirs à Pleyel pour découvrir la nouvelle coqueluche du monde de la direction d'orchestre, Gustavo Dudamel, adoubé par Abbado et Rattle et qui a déjà fait une apparition remarquée au Festival de Saint-Denis en juin dernier dans la 5e symphonie de Mahler – qu'il a d'ailleurs enregistrée pour Deutsche Grammophon.
En première partie, le pianiste norvégien Leif Ove Andsnes affronte sans frémir le 2e concerto de Brahms, l'un des vaisseaux les plus redoutables du répertoire pour clavier, qui demande non seulement des doigts et de la pensée, mais aussi de l'estomac ! Concentré, plus attaché à une dimension chambriste qu'à une déclamation puissante, Andsnes, avec maîtrise des nuances et autorité intellectuelle, semble accorder davantage de prix au jansénisme interprétatif.
Le chef, plus sanguin, voire emporté dans le final – Allegro grazioso –, ménage dans les tutti, en particulier dans l'Allegro non troppo initial, des élans passionnés parfois en contradiction avec les intentions du soliste. La démonstration, d'une plastique sonore tout à fait convaincante, offre un climat in fine plus lumineux que dramatique.
La 7e symphonie de Beethoven est un passage obligé qui permet d'évaluer la maturité d'un chef tant l'exécution qu'il en donne détermine sa capacité à fédérer les contraires. D'entrée, la prise en mains qu'effectue Gustavo Dudamel ne laisse pas de doute sur ses intentions impérieuses – transition entre le Poco sostenuto et le Vivace –, sur sa propension à faire naître la tension et à construire un corps homogène sans cesse en expansion.
Le tempo relativement rapide de la « marche funèbre » – mais c'est bien en fait un Allegretto – n'enlève rien à l'intensité et au lyrisme ; le Scherzo, dont le Trio paraît souvent répétitif sous d'autres baguettes, possède une évidence ponctuée par les remarquables interventions des cuivres, d'une netteté d'intonation peu courante chez les orchestres français.
Un Allegro con brio final panique
La fameuse « apothéose de la danse » de l'Allegro con brio final est d'une panique enflammée, électrique, enivrante, au point parfois de se rompre tant les respirations sont gommées au profit de l'urgence de la ligne directrice. Pourtant, cette projection enthousiaste, qui correspond aussi à la gestique, relayée par un Philhar' en pleine possession de ses moyens, rejoint par d'autres voies les réussites du premier Abbado, de Schuricht et plus encore de Beecham.
André Boucourechliev, clairvoyant exégète de l'oeuvre beethovénien, prétendait que le sens de la 7e symphonie ne peut apparaître que dans la fugitive rencontre d'un interprète et de son public. Mission accomplie pour ce jeune chef de 26 ans aux dons éclatants et auquel, sans être pythonisse, on peut d'ores et déjà prédire un avenir prometteur.
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Salle Pleyel, Paris Le 05/10/2007 Michel LE NAOUR |
| Concert de l'Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Gustavo Dudamel, avec la participation du pianiste Leif Ove Andsnes Ă la salle Pleyel, Paris. | Johannes Brahms (1833-1897)
Concerto pour piano et orchestre n° 2 en sib majeur op. 83 (1881)
Leif Ove Andsnes, piano
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n° 7 en la majeur op. 92 (1813)
Orchestre Philharmonique de Radio France
direction : Gustavo Dudamel | |
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