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CRITIQUES DE CONCERTS 16 avril 2024

Premier concert de l'intégrale Sibelius du Los Angeles Philharmonic sous la direction d'Esa-Pekka Salonen à la salle Pleyel, Paris.

Perfection glacée
© Kasskara / DG

Début d'intégrale sibélienne inégal à la salle Pleyel. Le Los Angeles Philharmonic et son charismatique directeur musical Esa-Pekka Salonen délivrent avec plus ou moins de bonheur des exécutions d'une impressionnante perfection formelle mais où l'esprit semble parfois avoir du mal à souffler. Un tour de chauffe sans doute.
 

Salle Pleyel, Paris
Le 04/11/2007
Yannick MILLON
 



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  • Une intĂ©grale des symphonies de Sibelius Ă  Paris : l'Ă©vĂ©nement est assez rare pour s'en rĂ©jouir, car si outre-Manche et outre-Atlantique, le plus cĂ©lĂ©brĂ© des Finlandais est considĂ©rĂ© depuis longtemps comme l'un des plus importants symphonistes et des grands compositeurs Ă©piques de l'Histoire, la France l'a trop souvent mĂ©prisĂ© ou boudĂ©, de la mĂŞme manière que Bruckner ou Mahler dont la rĂ©habilitation est encore rĂ©cente.

    Gageons donc que la venue du Philharmonique de Los Angeles et de Salonen pour le cinquantenaire de sa disparition aura permis à une large frange du public de redécouvrir d'une manière plus exhaustive que d'ordinaire un corpus symphonique majeur du XXe siècle.

    Comme mise en bouche de ce premier concert, Salonen avait choisi la fantaisie symphonique la Fille de Pohjola, excellente introduction à l'univers nordique et aux irisations sonores de Sibelius. Si le violoncelle solo fait preuve d'une belle maîtrise et si la formation américaine, sans posséder le degré de séduction de ses concurrentes de la Côte est, s'avère d'une efficacité à toute épreuve, la lecture de Salonen manque à chaque instant de couleur.

    L'énergie, les contrastes sont là, mais jamais les mixtures d'orchestration, la pâte sonore si particulière du compositeur n'apparaissent au grand jour, et l'on reste cantonné dans le noir et blanc. L'acoustique glaciale de Pleyel n'est sans doute pas pour arranger les choses, mais cette direction de compositeur, impeccable, littérale, demeure dénuée de toute lumière rasante, de tout mystère.

    On n'est dans un premier temps guère plus emballé par la 3e symphonie : tempo trop hâtif – Sibelius indique Allegro moderato – qui entrave une articulation et un détaché optimaux des cordes, tendance à avancer la tête dans le guidon, à aborder les motifs de manière superficielle. L'Andantino con moto respire mieux, et prend le temps de sculpter quelques détails qui retiennent l'attention. En définitive, c'est dans le Finale, pourtant le plus difficile à réussir, que Salonen négocie le mieux son affaire, en unifiant un maximum la structure, en portant le grand crescendo terminal avec une gradation aussi superbe que tardive.

    Après l'entracte, la lecture à contre-pied du romantisme national, sans concession de la 1re symphonie emporte plus largement l'adhésion par sa radicalité : solo de clarinette hors mesure, quasi spectral, cordes chauffées à blanc, cuivres coupants quoique très mats, Salonen privilégie la bourrasque, les affrontements en bloc, et même si son Scherzo, lui aussi trop preste pour être véritablement percutant, tourne parfois à vide, les emballements d'un Finale qui avait rarement revêtu pareille modernité coupent le souffle par leur intensité et leur virtuosité roborative.

    Ce Sibelius dégraissé et analytique à l'extrême, roide et d'une clarté polyphonique absolue demeure toutefois trop uniment austère pour pleinement convaincre. On aimerait parfois un rien d'humanité, de mélancolie, d'abandon, de souplesse dans les transitions, une respiration plus ample et une vraie sensation d'espace, un champ de vision moins corseté.

    Une lecture iceberg, desséchée, le coeur de glace mais d'une incomparable qualité d'exécution, que chacun appréciera selon sa sensibilité, prouvant en tout cas que chez Salonen – qui le reconnaît volontiers –, Sibelius n'a jamais été une génération spontanée.




    Salle Pleyel, Paris
    Le 04/11/2007
    Yannick MILLON

    Premier concert de l'intégrale Sibelius du Los Angeles Philharmonic sous la direction d'Esa-Pekka Salonen à la salle Pleyel, Paris.
    Jean Sibelius (1865-1957)
    La Fille de Pohjola, fantaisie symphonique op. 49 (1906)
    Symphonie n° 3 en ut majeur, op. 52 (1907)
    Symphonie n° 1 en mi mineur, op. 39 (1899)

    Los Angeles Philharmonic Orchestra
    direction : Esa-Pekka Salonen

     


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