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CRITIQUES DE CONCERTS 28 mars 2024

Concert de l'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Myung-Whun Chung, avec la participation de la soprano Natalie Dessay à la salle Pleyel, Paris.

Le son Ravel

Ce concert de musique française était très attendu pour l'interprétation de la Damoiselle élue de Debussy par Natalie Dessay. On se souviendra cependant davantage de la prestation de l'Orchestre philharmonique de Radio France, au pupitre de cordes particulièrement somptueux, et de l'art de son directeur musical Myung-Whun Chung.
 

Salle Pleyel, Paris
Le 14/12/2007
Laurent VILAREM
 



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  • Forcément attendue dans la rare cantate la Damoiselle élue de Debussy, la déjà mythique Natalie Dessay impressionne beaucoup moins par l'accroche, les aigus qui l'ont rendue fameuse que par un exceptionnel sens de la diction, du respect de la prosodie, de fabuleux pianissimi et surtout une manière d'approcher la vocalité debussyste comme un murmure empreint de gravité.

    Au-délà de légers décalages entre la soprano et l'orchestre, des qualités du Choeur de Radio France et du joli mezzo de Delphine Haidan en récitante, on retiendra de cette oeuvre de jeunesse les passages a cappella où annoncé par un chatoyant tissu orchestral, on croirait attendre et entendre la Chanson de la tour de Mélisande.

    Avouons cependant que le véritable intérêt du concert résidait ailleurs. Dès le Tombeau de Couperin, Myung-Whun Chung a tout loisir de déployer l'étendue de son art : conduisant le Prélude et la Forlane avec nonchalance, il pétrit la pâte orchestrale avec douceur et favorise une écoute qui permet au Menuet notamment de percer d'une étonnante dimension dramatique.

    Les cordes deviennent soudain vibrantes et l'orchestre trouve dès lors, pour ne plus le quitter, le « son Ravel Â». De ce Tombeau quintessencié, on entend magnifiés des échos fugaces de la Belle et la bête, du Jardin Féerique, et infiniment pudique, la lecture de Chung se gorge de la tendresse propre à l'auteur de Ma mère l'oye.

    Cet art d'avancer calmement, de laisser respirer la musique en refusant le pittoresque et les effets, trouve son plein accomplissement dans la coda du premier mouvement de la Mer de Debussy qui suit. Au gré d'un discours qui privilégie plutôt la demi-teinte, Chung déclenche brusquement la foudre en de saisissantes vagues sonores.

    Cette manière d'empoigner l'orchestre conduit cependant à une moindre réussite de Jeux de vagues manquant de vie et de chant, jamais assez rhapsodiques. C'est que Chung ne pénètre pas aussi bien la temporalité debussyste, qui fragmente davantage l'instant que Ravel, le suspend, l'étonne. Il est significatif dans ce contexte de constater qu'il réussit mieux le Dialogue du vent et de la mer, assurément le mouvement le plus directionnel des trois esquisses symphoniques de Debussy.

    Cette narration ample convient en revanche à merveille à la Valse de Ravel. Point de tournoiement convulsif ni de course à l'abîme où des cuivres imprécateurs mèneraient la danse, mais des violons qui pressentent l'imminence du danger et le retiennent avec volupté en de lents sursauts alanguis. Et quand la catastrophe finale surgit, cette valse conserve des effluves mélancoliques, qui bousculent davantage que les décibels martiaux de nombreuses autres lectures.

    Quant à l'Orchestre philharmonique de Radio France, il éblouit ce soir bien moins par la qualité de ses bois ou de ses vents que par la cohésion de ses cordes. Sous les tempi lents de leur directeur musical, elles ont cette brillance élégiaque, cette gravité légère idéale dans le répertoire français.

    Au final, on ressort de ce concert sans jubilation mais recueilli, impressionné par les options d'un chef qui aura su faire partager son écoute, son ampleur et son humilité. C'est ce qui s'appelle avoir une vision, et dans ce répertoire-là au moins, c'est ce qui s'appelle être un grand chef.




    Salle Pleyel, Paris
    Le 14/12/2007
    Laurent VILAREM

    Concert de l'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Myung-Whun Chung, avec la participation de la soprano Natalie Dessay à la salle Pleyel, Paris.
    Maurice Ravel (1875-1937)
    Le Tombeau de Couperin

    Claude Debussy (1862-1918)
    La Damoiselle élue
    Natalie Dessay, soprano
    Delphine Haidan, mezzo soprano
    Maîtrise et Choeur de Radio France

    La mer

    Maurice Ravel (1875-1937)
    La Valse

    Orchestre philharmonique de Radio-France
    direction : Myung-Whun Chung

     


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