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CRITIQUES DE CONCERTS 25 avril 2024

Reprise de la Femme sans ombre de Strauss dans la mise en scène de Bob Wilson, sous la direction de Gustav Kuhn à l'Opéra de Paris.

Dans l'ombre de la Frosch
© Frank Ferville

Jane Henschel (la Nourrice)

La deuxième partie de saison de l'Opéra de Paris s'ouvre sur une reprise de l'éblouissante Femme sans ombre de Bob Wilson, inaugurée à la Bastille en 2002. L'occasion de retrouver l'univers esthétisant et ici parfaitement adéquat du metteur en scène américain, mais aussi de vérifier que les grandes équipes musicales de la Frosch se conjuguent désormais au passé.
 

Opéra Bastille, Paris
Le 21/01/2008
Yannick MILLON
 



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  • L'exploit réussi par Nicolas Joel à Toulouse la saison dernière ne doit pas occulter une triste réalité de notre temps : une équipe musicale parfaitement à la hauteur de la Frau ohne Schatten de Richard Strauss n'est plus guère possible, sans même s'attaquer à de douloureuses comparaisons avec le cast réuni par Karl Böhm à Vienne, Salzbourg ou Paris dans les années 1970.

    Loin des Hochdramatisch, Christine Brewer compte parmi les Teinturières qui peuvent encore chanter les Quatre derniers Lieder, avec le bénéfice que l'on devine quant à la qualité du timbre, à la luminosité, au soin apporté à l'aigu, mais aussi avec ce que cela suppose de limite en volume dans un vaisseau comme l'Opéra Bastille. Recourant fréquemment à la voix de poitrine dans le médium afin de passer la rampe, l'Américaine, dont la prestation tend à s'affirmer en cours de soirée, reste quoi qu'il en soit une héroïne light.

    D'une totale absence de subtilité et presque constamment fâché avec la mesure, l'Empereur de Jon Villars passe en revanche tout en force, avec un timbre dur, une émission poussée dépourvue de toute coloration, et comme seule alternative dynamique une demi-teinte d'éoliphone dans la scène de la fauconnerie. À peine plus probant, le Barak de Franz Hawlata parvient à imposer une présence, une certaine humanité dans le timbre, mais demeure incapable d'assurer le moindre aigu, accusant même au III une fatigue proche du délabrement – les éclats du quatuor final.

    © Frank Ferville

    Eva Maria Westbroek se tire avec les honneurs de sa première Impératrice, malgré une diction floue et une réelle tension dans la tenue de l'aigu que n'annonçait pas la facilité déconcertante de sa Chrysothémis d'il y a bientôt trois ans. Car si le haut-médium est d'un rayonnement intact, on sent la soprano néerlandaise encore précautionneuse dans ce rôle-titre pour lequel elle avouait récemment avoir quelques craintes.

    Face au vilain timbre du Messager des esprits de Ralf Lukas – où donc était Evgeny Nikitin, qui n'aurait fait d'une bouchée du rôle ? –, l'incarnation la plus saisissante reste la Nourrice vipérine, au vibrato affolé de Jane Henschel, qui sans avoir des moyens d'une ampleur exceptionnelle, joue au mieux des déformations d'un matériau répondant parfaitement aux sollicitations dramatiques et à une diction percutante.

    © Frank Ferville

    En fosse, la battue sans arche de tension, paradoxalement brusque et molle de Gustav Kuhn, ne trouve à s'épanouir que dans le cantabile. Une lecture primaire constellée de négligences dans le détail d'autant plus regrettables que l'Orchestre de l'Opéra laisse entrevoir de belles couleurs tant aux cordes qu'aux vents.

    Malgré ces limites, il faut se précipiter à cette reprise pour y voir sans doute la mise en scène la plus aboutie de Bob Wilson, d'une beauté à couper le souffle, d'une parfaite adéquation avec le symbolisme et le parcours initiatique du livret, et dont les éclairages sont une dramaturgie à eux seuls.

    D'autant qu'il serait malhonnête cette fois de taxer le travail de l'Américain de statisme tant les mouvements chorégraphiés des personnages savent occuper la vastitude de l'espace avec intelligence, pour ne rien dire des solutions poétiques trouvées pour des scènes comme la tentation par les bijoux ou le ballet des poissons dans l'huile, d'ordinaire véritables casse-tête pour les régisseurs.




    Opéra Bastille, jusqu'au 10 février.




    Opéra Bastille, Paris
    Le 21/01/2008
    Yannick MILLON

    Reprise de la Femme sans ombre de Strauss dans la mise en scène de Bob Wilson, sous la direction de Gustav Kuhn à l'Opéra de Paris.
    Richard Strauss (1864-1949)
    Die Frau ohne Schatten, opéra en trois actes (1919)
    Livret de Hugo von Hofmannsthal

    Maîtrise des Hauts-de-Seine / Choeur d'enfants de l'Opéra national de Paris
    Choeur et Orchestre de l'Opéra national de Paris
    direction : Gustav Kuhn
    mise en scène, décors et éclairages : Robert Wilson
    costumes : Moidele Bickel
    préparation des choeurs : Alessandro Di Stefano

    Avec :
    Jon Villars (Der Kaiser), Eva-Maria Westbroek (Die Kaiserin), Jane Henschel (Die Amme), Franz Hawlata (Barak), Christine Brewer (Seine Frau), Ralf Lukas (Der Geisterbote), Ryan MacPherson (Die Erscheinung eines Jünglings), Elena Tsallagova (Die Stimme des Falken / Ein Hüter der Schwelle des Tempels), Jane Henschel (Eine Stimme von oben), Yuri Kissin (Der Einäugige), Gregory Reinhart (Der Einarmige), John Easterlin (Der Bucklige).

     


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