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CRITIQUES DE CONCERTS 26 avril 2024

Concert de l'Orchestre de Paris sous la direction de Christoph Eschenbach, avec la participation de la mezzo-soprano Susan Graham à la salle Pleyel, Paris.

Mille et une nuits d'été

Au coeur d'une saison presque entièrement consacrée au répertoire français dont elle est une des meilleures ambassadrices, Susan Graham a proposé au public parisien un panorama de la mélodie de Bizet à Poulenc, avant de se mesurer à ses plus incontournables monuments avec orchestre, les Nuits d'été de Berlioz et Shéhérazade de Ravel.
 

Salle Pleyel, Paris
Le 21/02/2008
Mehdi MAHDAVI
 



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  • L'alchimie qui unit Susan Graham au répertoire français ne peut manquer de rappeler celle qui fit de Janet Baker une interprète recherchée de cette musique, et plus particulièrement de Berlioz, jusqu'à l'orée des années 1980. Outre les incontournables Nuits d'été, Shéhérazade et Poème de l'amour et de la mer, la mezzo-soprano américaine a en effet gravé un récital entier consacré à Reynaldo Hahn puis des airs d'opérettes aussi oubliées que surannées avec une délicatesse, un chic, un esprit absolument Belle Époque, mais aussi cette glamorous touch typiquement américaine qui en galvanise le charme aussi exotique que familier.

    Ce sont ces qualités exceptionnelles qui faisaient l'inimitable saveur d'un panorama vaste et plus d'une fois surprenant embrassant la mélodie française de Bizet à Poulenc, véritable coeur d'une saison presque entièrement dédiée à notre répertoire, proposé le 17 février dernier au public des concerts du dimanche matin sous la forme d'un passionnant dialogue avec le pianiste Malcolm Martineau.

    Quelques jours plus tard, les retrouvailles de Susan Graham avec l'Orchestre de Paris, avec lequel elle offrait d'inoubliables Strophes de Roméo et Juliette en février 2003, se sont révélées d'autant plus ensorcelantes que Christoph Eschenbach a su susciter des diaprures, des irisations qui ne lui sont pas nécessairement habituelles, tissant sous cette voix de brûlante clarté un tapis sonore aux transparences chamarrées dont le merveilleux absout le chef allemand de son sérieux inaltérable dans le ballet intégral de Ma mère l'oye en clôture de programme.

    Depuis son enregistrement avec John Nelson justement considéré comme une référence moderne, les Nuits d'été résonnent pour celle qui fut au Châtelet une Didon berliozienne déchirante et déchirée comme une évidence. La fréquentation, très assidue ces derniers mois, du rôle-titre d'Iphigénie en Tauride de Gluck au diapason moderne – une gageure telle qu'on y a jusqu'à récemment distribué des sopranos poids lourd –, n'a-t-elle sans doute pas été sans conséquences sur un registre grave dont le duvet semble avoir perdu quelques plumes et des aigus forte dispersés non sans dureté lors des attaques frontales, mais les piani demeurent d'une pénétrante richesse harmonique, et le galbe frémissant de la ligne porteur d'élans poétiques comme sans cesse réinventés.

    Avec un art de la demi-teinte à son sommet, Susan Graham touche dans Au cimetière plus que dans toute autre mélodie du cycle, à cet absolu d'onirisme fantomatique dont Berlioz immatérialise les vers de Théophile Gautier.

    Sans être parfaitement idiomatique, et du fait même d'une constante recherche de rondeur d'émission qui va inévitablement à l'encontre de la clarté de certaines voyelles, notamment ouvertes, la diction de la mezzo américaine enrobe la Shéhérazade de Ravel d'une sensualité capiteuse, reflet velouté de l'orientalisme luxuriant d'Asie, qui dans un souffle enveloppant s'évapore dans la « démarche féminine et lasse Â» de l'Indifférent, alors que mille et une nuits durant, suspendu à ces lèvres, nous nous serions laissé envoûter.




    Salle Pleyel, Paris
    Le 21/02/2008
    Mehdi MAHDAVI

    Concert de l'Orchestre de Paris sous la direction de Christoph Eschenbach, avec la participation de la mezzo-soprano Susan Graham à la salle Pleyel, Paris.
    Hector Berlioz (1803-1869)
    Les Nuits d'été, six mélodies sur des poèmes de Théophile Gautier, op. 7 (1834)
    Maurice Ravel (1875-1937)
    Shéhérazade, trois poèmes pour chant et orchestre sur des textes de Tristan Klingsor (1903)
    Susan Graham, mezzo-soprano
    Ma mère l'oye, ballet (1911)

    Orchestre de Paris
    direction : Christoph Eschenbach

     


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