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CRITIQUES DE CONCERTS 26 avril 2024

L'Art de la fugue de Bach par le pianiste Pierre-Laurent Aimard à la Cité de la Musique, Paris.

Un laboratoire in vivo

Dans le cadre du Domaine privé que la Cité de la Musique a proposé du 26 mars au 3 avril au pianiste Pierre-Laurent Aimard, l'interprétation sur instrument moderne de l'Art de la fugue de Jean-Sébastien Bach, clef de voûte de la programmation, aura réussi à ouvrir des horizons entre modernité du geste et légitimité de la tradition.
 

Cité de la Musique, Paris
Le 29/03/2008
Michel LE NAOUR
 



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  • Pierre-Laurent Aimard n'est pas le premier à s'être interrogé sur les tenants et les aboutissants de cet alpha et omega de la musique que constitue l'Art de la fugue. Seul le sphinx – comme l'écrit Gilles Cantagrel dans son excellente note de programme – pourrait déceler les énigmes semées en chemin par un compositeur parvenu au terme de son imposante vie créatrice.

    Dans la foulée d'un enregistrement effectué pour la Deutsche Grammophon, le pianiste français donne sa vision en concert de cette partition et creuse le texte avec une clarté et un sens polyphonique qui ne négligent aucune des dimensions de la verticalité et de l'horizontalité. Toute approche de ce chef-d'oeuvre est nécessairement réductrice et Glenn Gould lui-même troqua l'instrument à marteaux pour l'orgue, sans doute insatisfait des possibilités du clavier moderne pourtant capable de restituer des éclairages ondoyants et divers.

    Pierre-Laurent Aimard dit avoir mis trente ans pour s'approprier à sa manière l'Art de la fugue et pour livrer une conception qui puisse peu ou prou le satisfaire. Droit dans ses bottes, plus porté à la ligne qu'à la couleur mais virtuose éblouissant – les fugues à cet égard plus qu'un exercice sont un moment de vélocité expressive pure –, il s'attache à la dimension didactique, à l'explication plus qu'au versant humain de l'oeuvre.

    Une telle approche qui braque le regard sur l'un des aspects les plus saisissants de cette page aux facettes illimitées convainc parfaitement, mais ne cherche pas à séduire spontanément. L'allant rythmique, l'énergie qui se dégage, voire parfois la précipitation l'emportent sur la délicatesse d'un toucher en noir et blanc.

    Pianiste aux moyens formidables tant intellectuels que physiques, Aimard impressionne par sa capacité à dominer la matière sans pour autant parvenir à la subtilité de touche d'Evgeni Koroliov, à la sophistication parfois excessive de Grigory Sokolov, au jeu rythmique éclatant de Zoltan Kocsis, interprètes d'excellence au disque.

    Pour autant, comme la perfection n'est pas de ce monde, le défi relevé se situe à la hauteur de l'enjeu. La richesse de la texture musicale, la dialectique entre foi et raison offrent des perspectives sans fin dont nul être humain, aussi doué soit-il, ne peut, à lui seul, résoudre la quadrature du cercle.




    Cité de la Musique, Paris
    Le 29/03/2008
    Michel LE NAOUR

    L'Art de la fugue de Bach par le pianiste Pierre-Laurent Aimard à la Cité de la Musique, Paris.
    Johann-Sebastian Bach (1685-1750)
    Die Kunst der Fuge, BWW 1080 (1749)

    Pierre-Laurent Aimard, piano

     


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