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CRITIQUES DE CONCERTS 24 avril 2024

Concert de l'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Wyung-Whun Chung à la salle Pleyel, Paris.

Entre mort et résurrection
© Vivianne Purdom / DG

En une série de huit concerts, le Philharmonique de Radio France rend cette année hommage à Olivier Messiaen. Son chef Myung-Whun Chung, qui est un interprète de longue date du maître français, établit ce soir un saisissant rapprochement entre la descente aux pays des morts d'Et exspecto resurrectionem mortuorum et la bouleversante élévation musicale de l'Ascension.
 

Salle Pleyel, Paris
Le 04/04/2008
Laurent VILAREM
 



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  • Il n'aura échappé à aucun mélomane qu'on fête cette année le centenaire de la naissance d'Olivier Messiaen. Chaque scène de France se fend de concerts-hommage au compositeur-ornithologue, et d'aucuns frôleraient déjà l'indigestion. Cette profusion d'oeuvres d'un compositeur de la seconde moitié du XXe siècle dans nos programmes tendrait-elle à montrer que le langage de Messiaen est assimilable à un très large public ? Considérer en somme Messiaen à la manière d'un classique ?

    Les oreilles sourcillent et les yeux se froncent pourtant dès les premières mesures d'Et exspecto resurrectionem mortuorum que Myung-Whun Chung à la tête de l'Orchestre Philharmonique de Radio France dirige pour la première fois ce soir. Hautbois, flûte, clarinette lancinants, jeux de percussions assurément contemporains, l'écriture de la pièce est sans concessions et il ne surprendra ainsi personne que cet ouvrage compte parmi les pièces du compositeur que Pierre Boulez dirige le plus souvent.

    Créée en 1965 à la Sainte-Chapelle en présence d'André Malraux et du Général De Gaulle – à qui l'oeuvre déplut –, Et exspecto évoque, même si l'on ne goûte guère les subtilités de la langue de Cicéron, une musique qui rampe dans la terre. Qui s'y enfonce même jusque dans les profondeurs, par ces lignes descendantes de tubas et de gongs qui déferlent – les percussions semblant alors jeter des pelletées de terre à la face du public. Comptant parmi les oeuvres les plus sombres du compositeur, elle délaisse les cordes pour ne conserver que les cuivres, les vents et les percussions, disposés en rangées face au chef.

    Chung accentue la solennité de l'oeuvre en en étirant les tempi et en soulignant chaque silence. De véritables murailles sonores s'érigent alors, produisant un authentique effet d'épouvante. Et c'est dans le dernier mouvement, censé représenter la clameur des saints venus des tréfonds de la terre, que, scandé par la pulsation régulière d'un gong, surgit la remontée : la crainte se transfigure alors en quelque chose d'infiniment consolant jusque dans la violence. Admirablement dirigé, cette attente de la résurrection est une expérience forte et inconfortable.

    La Symphonie concertante qui suit annonce le lien que Messiaen entretint sa vie durant avec Mozart en qui il voyait « le plus musicien des musiciens Â», dans la musique duquel « on chercherait en vain une erreur Â». Les musiciens du Philharmonique, en solistes, Hélène Devilleneuve au hautbois, Jérôme Voisin à la clarinette, Antoine Dreyfuss au cor, Jean-François Duquesnoy au basson, en donnent une interprétation d'une belle cohésion et tissent une excellente passerelle avec l'univers plus ouvertement mélodique de l'Ascension de 1932.

    Hédonisme musical

    Bien qu'elle soit l'une des premières oeuvres de Messiaen, l'essentiel du langage du maître est déjà là : grands chorals de cuivres – fébriles ce soir – pareils à des appels, sonorités d'orgue
    L'oeuvre se distingue cependant par son ébouriffant hédonisme musical, particulièrement dans le troisième mouvement, véritable poème symphonique orientalisant, qui rappelle et dépasse en luxuriance et en folie ceux de Schmitt, Roussel, Dukas – de qui Messiaen fut élève.

    L'Orchestre Philharmonique de Radio France joue avec une fougue éclatante. Et lorsque la Prière du quatrième mouvement commence – après que Chung a de nouveau imposé un silence recueilli, il lèvera ostensiblement les yeux vers le ciel au moment des applaudissements pour rendre hommage au compositeur disparu –, en une sublime mélodie ascendante dévolue aux cordes seules, on se rend compte que, dès cette oeuvre composée à l'âge de 24 ans, Messiaen respirait déjà la musique à la même hauteur que ses plus grands aînés, faisant de lui un classique pour aujourd'hui et pour demain.




    Salle Pleyel, Paris
    Le 04/04/2008
    Laurent VILAREM

    Concert de l'Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Wyung-Whun Chung à la salle Pleyel, Paris.
    Olivier Messiaen (1908-1992)
    Et exspecto resurrectionem mortuorum

    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Symphonie concertante K. 297b
    Hélène Devilleneuve, hautbois
    Jérôme Voisin, clarinette
    Antoine Dreyfuss, cor
    Jean-François Duquesnoy, basson

    Olivier Messiaen (1908-1992)
    L'Ascension

    Orchestre Philharmonique de Radio France
    direction : Myung-Whun Chung

     


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