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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 octobre 2024 |
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Reprise du Songe d'une nuit d'été de Britten mis en scène par Robert Carsen, sous la direction de Constantinos Carydis à l'Opéra de Lyon.
FĂ©erique comme au premier jour
Sandrine Piau (Tytania)
Accomplissement artistique et triomphe public accompagnent cette reprise de la célèbre mise en scène du Songe d'une nuit d'été par Robert Carsen à l'Opéra de Lyon. Un esprit de troupe infaillible, une direction idéalement narrative, et l'une des réussites majeures du metteur en scène canadien confèrent à cette production une fraîcheur inaltérée.
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Voilà déjà dix-sept ans que voyait le jour la mise en scène aujourd'hui considérée comme un classique du Songe de Britten par Robert Carsen pour le festival d'Aix-en-Provence, abondamment reprise depuis. Le risque, pour de telles productions au succès artistique comme public incontestable, demeure l'affadissement progressif, les aléas du réchauffé.
Si l'on en juge par la vivacité théâtrale, la vélocité des cabrioles de Puck, une Héléna toujours aussi « remède à l'amour », l'aura surnaturelle d'Obéron, le crêpage de chignon d'anthologie entre les amants au II, les francs éclats de rire du public à la représentation de Pyrame et Thisbé au III, la beauté intrinsèque de la scénographie rehaussée par de fabuleux éclairages, on peut affirmer sans risque que le Songe de Carsen n'a pas pris une ride et a encore de beaux jours – et de douces nuits – devant lui !
La sobre ingéniosité du dispositif scénique fait mouche – une plate-forme inclinée en immense lit avec deux gigantesques oreillers au I, six lits pour les six amants confrontés aux sortilèges au II, puis les couples réunis au III dans trois lits en apesanteur qui disparaîtront dans les cintres –, permettant aux fées, aux dieux comme aux rustiques toutes les libertés, dans une direction d'acteurs au cordeau, sans une seconde de temps mort, calquée à la perfection sur la partition musicale. Il est jusqu'aux saluts de tenir un rythme d'enfer.
Mettant en valeur chaque élément nocturne ou magique de cet opéra du sommeil et du rêve, de l'engloutissement dans la forêt – les costumes des amants progressivement contaminés par le vert sauvage du monde sylvestre –, Constantinos Carydis opère en fosse des prodiges analytiques à la tête d'un Orchestre de l'Opéra de Lyon d'une absolue précision dans les trouvailles sonores de Britten, exaltant autant une narration tout en naturel et en réactivité que la parodie à la scène finale.
Le plateau, soudé par un véritable esprit de troupe, permet une homogénéisation de prestations variables au niveau purement vocal. Superbement chantant, l'Obéron tout en sfumato de Lawrence Zazzo ose l'ineffable autant que l'aplomb sans lequel le roi des elfes peut vite apparaître comme un fétu de paille. Malgré une tendance néfaste à émettre chaque son du silence à la note et un legato négligent, Sandrine Piau réserve un timbre de la plus belle lumière à Tytania.
Bon Bottom, un peu en force, de Matthew Rose, couples d'amoureux inégaux et excellents rustres complètent une distribution au final très équilibrée. Mention spéciale, enfin, pour la Maîtrise de l'Opéra de Lyon, aussi excellente que le Choeur d'adultes maison et finissant de nous convaincre que les forces chorales de l'Opéra de Paris sont aujourd'hui en tous points dépassées par celles de la deuxième ville lyrique de France !
Un spectacle parmi les plus accomplis et attachants de ces vingt dernières années, qui a su préserver sa fraîcheur féerique intacte comme au premier jour.
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Opéra national, Lyon Le 13/04/2008 Yannick MILLON |
| Reprise du Songe d'une nuit d'été de Britten mis en scène par Robert Carsen, sous la direction de Constantinos Carydis à l'Opéra de Lyon. | Benjamin Britten (1913-1976)
A Midsummer Night's Dream, opéra en trois actes (1960)
Livret du compositeur et de Peter Pears d'après Shakespeare
Maîtrise et Orchestre de l'Opéra de Lyon
direction : Constantinos Carydis
mise en scène : Robert Carsen
réalisation : Emmanuelle Bastet
décors et costumes : Michael Levine
Ă©clairages : Davy Cunningham
chorégraphie : Matthew Bourne
réalisation : Shelby Williams
préparation des choeurs d'enfants : Karine Locatelli
Avec :
Lawrence Zazzo (Oberon), Sandrine Piau (Tytania), Miltos Yerolemou (Puck), Simon Kirkbride (Theseus), Élodie Méchain (Hippolyta), Ed Lyon (Lysander), Ivan Ludlow (Demetrius), Deanne Meek (Hermia), Sinead Mulhern (Helena), Matthew Rose (Bottom), Lynton Black (Quince), Iain Paton (Flute), Konstantin Wolff (Snug), Stuart Patterson (Snout), Marc Callahan (Starveling). | |
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