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CRITIQUES DE CONCERTS 19 mars 2024

Concert de l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam sous la direction de Mariss Jansons à la salle Pleyel, Paris.

Jansons en majesté

Fin de saison orchestrale particulièrement brillante à Paris, où se succèdent en ce moment les plus grandes formations et leurs chefs. Avec le somptueux instrument qu’est toujours le Concertgebouw d’Amsterdam, le chef letton Mariss Jansons s’impose en grande partie de façon magistrale, jusque dans des bis de rêve, d’une rare splendeur sonore.
 

Salle Pleyel, Paris
Le 24/05/2008
GĂ©rard MANNONI
 



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  • Programme très contrastĂ© pour ce concert sous la baguette du grand chef letton Mariss Jansons, mais qui a l’avantage, jusqu’aux bis, de mettre en valeur plusieurs facettes de cette formation qui Ă©volue toujours parmi les toutes meilleures du monde, certainement dans le top five, comme on le dirait pour les joueurs de tennis, surtout en ces jours oĂą se dĂ©roule le tournoi de Roland Garros !

    Cet orchestre demeure en effet l’un de ceux, de plus en plus rares, qui ont su garder leur personnalité sonore, grâce au maintien volontaire d’une tradition instaurée par les cinquante années du règne de Willem Mengelberg et dûment respectée ensuite, plus récemment, par d’aussi fortes personnalités que celles de Bernard Haitink et de Riccardo Chailly. Grâce aussi à la pratique fidèle d’un répertoire où Mahler, Bruckner et Richard Strauss ont toujours tenu une place importante. Grâce enfin à cette magnifique salle du Concertgebouw où il officie depuis plus d’un siècle, car rien ne remplace l’habitude de travail dans un même lieu pour forger le son d’un orchestre.

    On pense à cet égard à notre malheureux Orchestre de Paris, promené depuis sa fondation d’un lieu à l’autre, sans parler de la période où il répétait dans une salle pour jouer ensuite dans deux autres ! Bref, sonorité incomparable du Concertgebouw, aussi chaleureuse, chaudement colorée et rassurante que les reflets des canaux d’Amsterdam en automne lorsque s’y mirent les maisons ancestrales et qu’y flottent les feuilles dorées tombées des arbres. Mais que serait tout cela sans la magie d’un chef capable de mettre en valeur ces subtiles scintillements, aussi changeants et différents que la nature des instruments, du massif tuba au piccolo, en passant par les douceurs du cor anglais ou le confort apaisant des violoncelles ?

    Appartenant aux premières manifestations de l’opéra romantique allemand, l’ouverture d’Euryanthe de Weber était une introduction habile au monde la 1re symphonie de Schumann, pièce maîtresse de la première partie du concert. Connue sous le titre le Printemps, inspirée par un poème d’Adolf Böttger, même si Schumann semble avoir hésité à la présenter comme une œuvre à programme, cette pièce est à la fois un passage intermédiaire dans la création du compositeur et un exemple significatif de la symphonie à l’allemande, dans tout ce qu’elle peut avoir de différent de la symphonie à la russe, comme on pouvait le constater il y a quelques jours avec Borodine.

    Mariss Jansons en donne une lecture très analytique, presque trop sage, superbe d’équilibre, de dosages sonores habiles, manquant peut-être d’élan spontané, d’un rien de la folie poétique des pages pour piano de Schumann. Un très beau tableau bien léché, irréprochable dans son exécution, où manquent sans doute quelques teintes plus anxieuses, moins assurées. Mais c’est fou ce que l’on devient difficile quand on évolue à un pareil niveau !

    Éblouissement instrumental et puissance

    Aucun restriction en revanche avec les Tableaux d’une exposition de Moussorgski dans l’orchestration de Ravel, œuvre apte plus que toute autre à dresser un catalogue des merveilles dont chaque pupitre de cette formation est détenteur. À cet incontestable éblouissement instrumental individuel et général s’ajoute une approche d’une puissance exceptionnelle de la part du chef.

    Bien au-delà de l’aspect purement descriptif des tableaux, c’est au plus profond de la signification de chacune de ces petites scènes qu’est allé Mariss Jansons, avec d’admirables choix de tempi, réfléchis, jamais hâtifs, une façon terriblement efficace de sortir soudain la partie de tel instrument de l’anonymat où on la laisse en général tout comme de construire pierre par pierre jusqu’à son point culminant final cette savante architecture sonore et émotionnelle. On aura rarement entendu cette œuvre interprétée de manière aussi complète, personnelle, bref enthousiasmante, en en gommant tout le clinquant, tout ce qu’elle pourrait avoir de trop bruyant, de trop figuratif.

    Et puis, bien qu’il ne soit pas nécessaire de parler des bis, notons que, le triomphe étant naturellement au rendez-vous, Jansons choisit d’abord la Chanson de Solveig du Peer Gynt de Grieg, délicate, fluide, toute en demi-teintes sensuelles, mettant en valeur les violons que les vents de Moussorgski avaient un peu éclipsés, puis le Pas de deux du second acte de Casse-Noisette de Tchaïkovski, où violoncelles, flûte et piccolo sont à la fête. Et ici encore, du quasiment jamais entendu à ce degré de vérité, de musicalité, de splendeur sonore.




    Salle Pleyel, Paris
    Le 24/05/2008
    GĂ©rard MANNONI

    Concert de l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam sous la direction de Mariss Jansons à la salle Pleyel, Paris.
    Carl Maria von Weber (1786-1825)
    Euryanthe, ouverture (1823)

    Robert Schumann (1810-1856)
    Symphonie n° 1 en sib majeur op. 38 (1841)

    Modest Moussorgski (1839-1881)
    Tableaux d’une exposition (1874)
    Orchestration de Maurice Ravel

    Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam
    direction : Maris Jansons

     


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