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CRITIQUES DE CONCERTS |
04 octobre 2024 |
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Requiem allemand de Brahms sous la direction de Riccardo Muti en hommage Ă Herbert von Karajan au festival de Salzbourg 2008.
Salzbourg 2008 (2) :
Un magistral In memoriam
Dans la ville de Salzbourg qui le vit naître il y a juste cent ans, l’Orchestre philharmonique de Vienne et Riccardo Muti rendent le plus bel hommage qui soit à Herbert von Karajan au travers d’une de ses partitions fétiches : le Requiem allemand de Brahms. Une exécution d’une constante ferveur et d’une inspiration bénie, terminée dans un silence de rigueur.
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Il était tout naturel que Salzbourg célèbre en cette année anniversaire le plus fameux de ses natifs après Mozart. L’Orchestre philharmonique de Vienne, formation secrètement préférée d’Herbert von Karajan, avec laquelle il donna maints concerts mémorables que les enregistrements studio qui nous restent aujourd’hui ne sauront jamais égaler, avait donc invité Riccardo Muti, hôte majeur du festival de notre époque, admirateur du chef autrichien disparu, pour une commémoration à la hauteur de sa légendaire réputation.
Le choix du Requiem allemand de Brahms n’avait rien d’un hasard, Karajan ayant chéri cette partition au point de l’enregistrer pas moins de quatre fois, et de la donner au concert tout au long de sa carrière. Ce printemps, le legs Unitel réédité par Deutsche Grammophon s’est d’ailleurs enrichi au DVD d’une captation de concert du festival de Pâques de Salzbourg 1978 en tous points mémorable.
Le défi était donc grand pour Muti, que l’on n’attendait pas forcément dans ce répertoire. Mais le chef italien a fait mieux que le relever, il a littéralement transfiguré cette exécution d’une ferveur de chaque instant, à la tête de Wiener Philharmoniker miraculeux de lumière automnale, de solennité intérieure des cuivres, de poésie des bois – la flûte, le hautbois, en état de grâce –, privilégiant une lecture consolatrice, débarrassée d’une partie de son austérité, pour in fine ouvrir tout grand les portes d’un paradis apaisé.
D’une admirable souplesse dans les transitions, d’un soin permanent dans le dessin des courbes ascendantes – une partie centrale de IV aux violons à pleurer –, d’une attention dans le geste, sans baguette, à rendre la vocalité de Brahms aisée à un Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor qu’on n’a jamais entendu à ce point radieux – un pupitre de sopranos d’une remarquable jeunesse, sans chute d’intonation dans les tenues aiguës, des ténors gracieux, des basses nettes et des altos au grain chaleureux –, Muti défend un Deutsches Requiem finalement peu protestant mais constamment inspiré, avec une fermeté rythmique lui permettant un vrai impact sans saturation dans les passages d’ancien testament.
Si l’on précise que, plus habile que nombre de ses collègues connaissant mal la voix, il avait visé juste en confiant les parties solistes à Peter Mattei et Genia Kühmeier, lui d’une éloquence, d’une déclamation, d’une dignité hautaine idéales, elle d’une sublime ductilité posée sur un souffle et un legato souverains, un instrument d’une pureté exquise, et que conformément au souhait de tous les participants, l’exécution s’achève dans le silence, sans le moindre applaudissement, il n’est que de saluer un hommage poignant, qui laisse la gorge nouée.
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GroĂźes Festspielhaus, Salzburg Le 18/08/2008 Yannick MILLON |
| Requiem allemand de Brahms sous la direction de Riccardo Muti en hommage Ă Herbert von Karajan au festival de Salzbourg 2008. | Johannes Brahms (1833-1897)
Ein deutsches Requiem, op. 45
Genia KĂĽhmeier, soprano
Peter Mattei, baryton
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
préparation : Thomas Lang
Wiener Philharmoniker
direction : Riccardo Muti | |
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