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CRITIQUES DE CONCERTS 26 avril 2024

Concert du Mahler Chamber Orchestra sous la direction de Heinz Holliger au festival de Lucerne 2008.

Lucerne 2008 (1) :
Style et authenticité

© Georg Anderhub

En ce début d’édition 2008, le festival de Lucerne donne carte blanche à Heinz Holliger pour une programmation manifestement bien pensée. Du Stravinski néoclassique à Zimmermann en passant par les rhapsodies de Bartók et l’hommage à Couperin de Ravel, le chef suisse donne une lecture féconde de la relation entre style et authenticité.
 

Konzertsaal, Kultur- und Kongresszentrum, Luzern
Le 14/08/2008
Benjamin GRENARD
 



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  • Dans une musique qui peut avoir tendance Ă  une stylisation excessive, le danger est aisĂ© pour l’interprète de tomber dans les travers d’une lecture dĂ©sincarnĂ©e, qui ne serait plus que le reliquat d’une rĂ©fĂ©rence passĂ©e, voire dĂ©passĂ©e. En compositeur incontournable, Ă  la fois tournĂ© vers la modernitĂ© et dotĂ© d’une passion pour les Ĺ“uvres dĂ©jĂ  inscrites dans l’Histoire, Heinz Holliger sait que la musique abusivement qualifiĂ©e de « nĂ©oclassique Â» est plus complexe et plus riche que ne l’a laissĂ© entendre Ă  une Ă©poque une certaine Ă©cole de la PensĂ©e musicale.

    Les lectures d’Holliger s’avèrent toujours fécondes et mettent en exergue la dynamique qui s’établit dans ces ouvrages entre le style – voire la stylisation chez Stravinski – et l’authenticité, terme galvaudé avec lequel on nous rebat régulièrement les oreilles, et dont on oublie bien trop souvent qu’il fait bien autant référence, sinon plus, à la capacité de l’interprète à céder à l’impulsion des forces secrètes qui règnent en lui qu’à une capacité de se faire le médiateur d’une chimérique fidélité à un texte et à un style.

    Grand admirateur de Furtwängler dans la 4e symphonie de Schumann et souvent circonspect face à certaines tendances interprétatives, le chef suisse appartient à cette catégorie de musiciens dont l’interprétation s’avère souvent à la hauteur d’une réflexion exigeante.

    L’équilibre que l’on peut espérer entre le respect du texte et l’impulsion intérieure de l’interprète est toujours une donnée essentielle de ses lectures et rend ce soir idéalement justice à la composante néoclassique des différentes pièces, en en révélant non pas seulement l’aspect stylistique et ironique mais aussi l’esprit de recréativité et de spontanéité.

    Loin des interprétations dans le vent

    Une leçon d’interprétation en tant que telle : car loin de pratiquer l’exhumation et le relooking de cadavres putréfiés – pratiques courantes des interprétations dans le vent qui composent trop souvent la vie musicale de notre époque, Holliger nous rappelle que si nous venons au concert, c’est bien chaque fois dans l’espoir d’assister à la fraîcheur d’une première et nouvelle naissance, unique clef qui nous permette d’accéder à un véritable voyage intérieur.

    Certes, tout n’est pas au beau fixe, notamment dans Bartók, dans lequel Zehetmair ne convainc pas vraiment et dans lequel l’esprit de la musique populaire ne point pas suffisamment. Il faut dire que, pour une fois, l’acoustique du KKL ne sauve pas le déséquilibre violon-orchestre habituel. Un certain flou sonore règne du côté du soliste, si bien que le son paraît parfois écrasé sans prendre une expression ni convenablement puissante, ni suffisamment enfiévrée.

    En revanche, les interprétations frénétiques du Ragtime ou vivantes de Pulcinella ainsi que les ironiques Kirmestänze de Zimmermann, servent on ne peut mieux la thématique Tanzmusik (musique de danse) du festival, de même qu’ils mettent en valeur des musiciens de choix. Si, globalement, il y a déjà eu voyage intérieur plus impérissable que ce soir, l’intelligence et la volonté d’équilibre entre le respect du texte et un nécessaire esprit de recréativité, qui n’est pas une donnée si fréquente de nos jour et à laquelle Holliger attache un souci constant, méritent quoi qu’il en soit le respect.




    Konzertsaal, Kultur- und Kongresszentrum, Luzern
    Le 14/08/2008
    Benjamin GRENARD

    Concert du Mahler Chamber Orchestra sous la direction de Heinz Holliger au festival de Lucerne 2008.
    Igor Stravinski (1882-1971)
    Ragtime pour onze instruments (1918)

    BĂ©la BartĂłk (1881-1945)
    Rhapsodie pour violon et orchestre n° 1, Sz 87 (1929)
    Thomas Zehetmair, violon

    Maurice Ravel (1875-1937)
    Le Tombeau de Couperin (1919)

    Bernd Alois Zimmermann (1918-1970)
    Rheinische Kirmestänze pour treize instruments à vent (1950-62)

    BĂ©la BartĂłk (1881-1945)
    Rhapsodie pour violon et orchestre n° 2, Sz 90 (1929)
    Thomas Zehetmair, violon

    Igor Stravinski (1882-1971)
    Pulcinella, suite pour petit orchestre (1922)

    Mahler Chamber Orchestra
    direction : Heinz Holliger

     


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