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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 octobre 2024 |
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Nouvelle production de La Fille du Régiment à l'Opéra de Bordeaux.
Engagez-vous, qu'ils disaient
Avec d'excellents chanteurs et des décors et costumes pleins de charme signés Botero, cette production cherche malheureusement trop son style entre grand opéra et opérette et flirte avec la vulgarité. Un triomphe pour Annick Massis et le jeune John Osborn.
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Après avoir fait les beaux soirs de Monte-Carlo et de Genève notamment, cette Fille du régiment est arrivée à Bordeaux où le public lui a réservé le plus chaleureux accueil. Rien d'étonnant, car cette production présente un curieux mélange de facilité et d'émotion, apte à séduire un public venu pour se divertir sans trop se torturer la cervelle. Botero, on s'en doute, s'en est donné à coeur joie. Une énorme matrone nue, de dos, trône au milieu de la scène au premier acte et sera dûment rhabillée au dernier tableau, et tous les protagonistes sont artificiellement grossis pour acquérir la silhouette qui est l'image de marque du grand peintre et sculpteur. Des couleurs vives, de jolis décors, tout cela crée un univers original et homogène qui engendre malheureusement une mise en scène peu inventive, linéaire, dans le style des opérettes que l'on voyait dans les années cinquante et où tout sonne artificiel et " vieux théâtre ". Trop de texte " rajeuni ", des intonations maniérées et des petits gestes affolés ou joyeux de la plupart des protagonistes secondaires, nous ne sommes pas en plein romantisme mais dans une caricature de théâtre lyrique. Dans le même temps, le trio principal composé de Annick Massis, Frank Leguérinel et John Osborn tire l'ouvrage vers le grand opéra, par leur classe naturelle, tant vocale que scénique. Alors, on ne sait plus très bien à quel spectacle l'on assiste. Dommage, car ces trois chanteurs auraient une autre crédibilité dans un contexte plus raffiné. Massis est belle, elle a des aigüs triomphants, un très beau phrasé et beaucoup d'émotion dans ses airs plus cantabile, tout comme le jeune John Osborn, lauréat en 1996 à Bordeaux du Concours Operalia Domingo. Le timbre n'a pas l'onctuosité ni la lumière des voix hispaniques ou italiennes, mais l'aigu est facile, sonore, les contre-ut fusent sans peine et la ligne de chant reste bien maîtrisée dans la tendresse et la douceur. Un artiste à suivre attentivement dans le futur. Au pupitre d'un Orchestre national Bordeaux Aquitaine assez indifférent, Jacques Blanc oscille lui aussi entre deux approches de la partition, l'une trop clinquante et l'autre trop sentimentale. On sort de ce spectacle heureux et déçu, détendu et frustré.
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Grand-Théâtre, Bordeaux Le 01/06/2000 Gérard MANNONI |
| Nouvelle production de La Fille du Régiment à l'Opéra de Bordeaux. | La fille du régiment de Gaetano Donizetti
Orchestre national Bordeaux Aquitaine
Direction musicale : Jacques Blanc
mise en scène : Emilio Sagi
décors et costumes : Fernado Botero
Avec Annick Massis (Marie), Nicole Monestier (la marquise de Berkenfield), Anyl Floriane (la duchesse de Crakentorp), John Osborn (Tonio), Frank Leguérinel (Sulpice), Martine Trégan (le professeur de piano), David Grousset (Hortensius), Loïk Cassin (le caporal), Jean-Luc Seignette (un paysan), Bernard Auzimour (le duc). | |
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