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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 octobre 2024 |
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Concert de l’Orchestre philharmonique de Luxembourg sous la direction d’Emmanuel Krivine, avec la participation du pianiste Aldo Ciccolini à la salle Pleyel, Paris.
Un jeune pianiste de 83 ans
La grâce n’est pas si fréquente au concert. Pourtant, lundi soir à Pleyel, elle était le fait du pianiste Aldo Ciccolini dans le rare 5e concerto de Camille Saint-Saëns. Une salle en délire, la Philharmonie du Luxembourg et son chef Emanuel Krivine sous le charme. La présence intacte et prodigieuse d’un virtuose de 83 ans.
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La présence d’Aldo Ciccolini augurait comme à chacune de ses prestations d’une magie certaine. Elle a été décuplée. Ce petit homme de 83 ans à la silhouette biscornue, à la démarche incertaine, l’esprit en permanence dans les étoiles, fascine tant il respire le bonheur. Toujours bien considéré depuis quarante ans, il n’a acquis la célébrité que ces dernières années. À l’image de Claudio Arrau reconnu star à la fin de sa vie, Aldo Ciccolini est un grand maître inégalable par son phrasé d’une sensibilité exigeante.
Au programme, une œuvre aujourd’hui souvent négligée, le 5e concerto de Saint-Saëns, baptisé « l’Égyptien » parce que le compositeur l’écrivit lors d’un séjour à Louxor et en raison de ses sonorités orientales très stylisées. Ciccolini en donne une interprétation lyrique transparente, pleine de luminosité et de fantaisie, notamment dans la partie rythmique. Il raconte une histoire, une vision de l’orient d’une finesse et d’un raffinement inouïs.
Ses mains aux doigts recourbés sur l’instrument nous replongent dans l’univers de Cortot. À côté de cet effleurement suave du clavier, de cette pertinence sonore, l’orchestre est un peu balourd, un peu raide, un peu trop fort. Ovationné, Ciccolini donne en bis deux pièces, la Kupelwieser-Walzer de Schubert, et les Minstrels extraits du premier cahier de Préludes de Debussy. Après cette vraie leçon de musique, entre le déhanchement frais et poétique du maître viennois et la fluidité cocasse et cadencée du Français, l’orchestre paraît comme enchanté.
Il irradie presque dans la ravélienne Barque sur l’océan. Emmanuel Krivine y est lui aussi plus détendu. Handicapé par une entorse, il l’oublie, dansant presque, dans les mille couleurs d’Images de Debussy que l’on aurait cependant souhaitées plus miroitantes. Le meilleur, le chef et l’orchestre le donnent dans les deux pièces de Liszt (Nuages gris et Unstern) formidablement transcrites par le compositeur Heinz Holliger. Dans ces sonorités, Krivine et son orchestre se révèlent parfaitement à l’aise.
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Salle Pleyel, Paris Le 20/10/2008 Nicole DUAULT |
| Concert de l’Orchestre philharmonique de Luxembourg sous la direction d’Emmanuel Krivine, avec la participation du pianiste Aldo Ciccolini à la salle Pleyel, Paris. | Franz Liszt (1811-1886)
Nuages gris
Unstern
(transcriptions pour orchestre de Heinz Holliger)
Camille Saint-Saëns (1835-1921)
Concerto pour piano et orchestre n° 5 en fa majeur op. 103, « l’Égyptien »
Aldo Ciccolini, piano
Maurice Ravel (1875-1937)
Une barque sur l’océan
Claude Debussy (1862-1918)
Images
Orchestre Philharmonique du Luxembourg
direction : Emmanuel Krivine | |
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