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CRITIQUES DE CONCERTS 05 octobre 2024

Récital du ténor Juan Diego Flórez accompagné par l’Orchestre symphonique de Navarre sous la direction de Christopher Franklin dans la série des Grandes Voix au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.

Les vertus de la technique

Invité vedette des Grandes Voix, Juan Diego Flórez est venu recueillir son habituel triomphe au Théâtre des Champs-Élysées. Il a en outre prouvé qu’avec une technique à toute épreuve, on peut assumer un programme lourd, même en mauvaise forme. Souffrant, il avait tenu malgré tout à ne pas décevoir son public. Mission accomplie.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 24/11/2008
GĂ©rard MANNONI
 



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  • C’est avoir beaucoup de simplicitĂ©, de gentillesse et d’humour, en se massant le ventre Ă  plusieurs reprises des deux mains, que Juan Diego FlĂłrez annonce lui-mĂŞme, après avoir chantĂ© ses deux premiers airs, qu’il a Ă©tĂ© malade toute la nuit et qu’il a bien failli annuler son concert.

    Un médium un peu moins présent que d’habitude, un phrasé parfois un peu moins fluide mais des aigus éblouissants ne laissaient pourtant soupçonner qu’une mise en route un peu plus lente qu’à l’accoutumée. Sachant qu’en pareil cas, la technique est la meilleure des sécurités – et la sienne est inoxydable –, il eut raison de persévérer, car aux très minimes restrictions mentionnées près, il aura été toute la soirée aussi éblouissant que d’habitude. Et même plus décontracté, n’hésitant pas à prendre la parole plusieurs fois, comme cela devient à l’évidence la coutume chez ces stars du chant qui ont établi une vraie complicité amicale avec leur public.

    Hormis deux très charmantes incursions du côté de la Zarzuela, le programme est belcantiste, avec Bellini, Rossini et Donizetti. Bravoure très ornementée en première partie, avec notamment le Turc en Italie et le redoutable air de Cenerentola Si ritrovarla io giuro, précédés de E serbato des Capuletti. Style idéal, vaillance et éclat stupéfiants du registre aigu, Flórez tel qu’en lui-même, la technique, une fois encore, suppléant ce que la santé entamait.

    Après l’entracte et deux détours par ces airs de Zarzuela qui ont décidément bien des séductions quand on les chante ainsi, en l’occurrence la Serenata d’El Guitarrico de Soriano et Adios Granada de Los Emigrantes de Saavedra, Flórez avait choisi deux grands airs en français, langue qu’il maîtrise sur scène de façon irréprochable.

    C’est d’abord le très beau la Maîtresse du roi de la Favorite de Donizetti, interprété tout en phrasé expressif, en finesse de diction, avec un lyrisme qui devient de plus en plus fréquent chez cet artiste à qui l’on pouvait reprocher parfois jusqu’à présent un certain statisme expressif. Il semble se libérer de plus en plus dans ce répertoire. Asile héréditaire de Guillaume Tell conforte ensuite cette impression, avec une solidité d’émission qui ne nuit jamais à une volonté permanente de laisser passer aussi le contenu émotionnel de l’air dans toute sa dimension.

    Plusieurs bis, dont un splendide Ah lève toi soleil ! de Gounod nous rassurent tout à fait sur l’évolution positive de l’indisposition du ténor tout comme sur la solidité absolue de sa technique. L’Orchestre symphonique de Navarre, déjà présent au dernier concert Alagna, dirigé cette fois par Christopher Franklin, est très efficace tant dans ses interventions individuelles que dans l’accompagnement des airs. À noter en particulier le solo de cor de la Sinfonia du Turc en Italie, joué de manière aussi techniquement irréprochable que musicale.

    Un Flórez donc très légèrement amoindri par son indisposition, mais suprêmement maître de sa voix, et bien plus convivial que d’habitude.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 24/11/2008
    GĂ©rard MANNONI

    Récital du ténor Juan Diego Flórez accompagné par l’Orchestre symphonique de Navarre sous la direction de Christopher Franklin dans la série des Grandes Voix au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
    Rossini, Donizetti, Bellini, Soriano, Saavedra
    Juan Diego Flórez, ténor
    Orchestre symphonique de Navarre
    direction : Christopher Franklin

     


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