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CRITIQUES DE CONCERTS |
04 octobre 2024 |
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Nouvelle production de la Périchole de Jacques Offenbach mise en scène par Omar Porras et sous la direction d’Emmanuel Joel-Hornak au Théâtre du Capitole, Toulouse.
Une Périchole décoiffante
Pas de fêtes de fin d’année sans Offenbach. Si Paris nous en prive, en revanche, à Toulouse, le metteur en scène d’origine colombienne Omar Porras a transformé la Périchole en un feu d’artifices, avec une première partie qui se termine dans l’éclat de pétards, d’étincelles et de rubans multicolores. Un spectacle décoiffant !
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Offenbach a été baptisé le « Mozart des Champs-Élysées », tant sa musique allègre se pare de mélodies adorables et tendres comme ce ravissant Je t’adore brigand ou encore Ô mon cher amour. Cent vingt-deux ans après sa mort, il fait toujours rire. Cette fois, il est associé à Omar Porras, un maître de la caricature et de l’ironie. Celui-ci a fait toutes ses classes à Paris avant de fonder une compagnie, le Teatro Malandro, basé à Genève. Ses mises en scènes d’Euripide, de Durenmatt au Théâtre de la Ville, de Lope de Vega à la Comédie-Française ont subjugué par leur fantaisie et leur poésie décalée.
L’art de Porras tient à la manière dont il fait bouger, presque danser ses acteurs qu’il revêt de masques comme dans le théâtre antique. Point de masques pour les héros de la Périchole mais des maquillages extravagants et des coiffures qui décoiffent. Elles sont très écolos : le vice-roi de ce Pérou de fantaisie ressemble à un porc-épic, la Périchole à un massif d’orchidées ou de roses, Piquillo à une tête d’ananas. Tout cela ne serait que cocasserie folklorique si la partition n’était servie par une distribution de haut vol.
Le rôle-titre bénéficie de la voix richement colorée de Karine Deshayes. Piquillo est le tendre Xavier Mas, qui supplée des moyens limités par une vraie intelligence vocale. Le vice-roi est le gargantuesque Jean-Philippe Lafont qui en fait des tonnes, mais il est toulousain, et son public lui passe toutes ses fantaisies gesticulatoires.
À la baguette, Emmanuel Joel-Hornak s’amuse autant que le public à cet opéra-bouffe qui, en cette soirée de première, aura connu d’interminables rappels, avec quelques sifflets pour Porras. Sa mise en scène ne convainc d’ailleurs pas toujours. Un décor plutôt sombre, sans grande invention, veut donner à l’histoire, tirée de fort loin de la pièce le Carrosse du Saint-Sacrement de Mérimée, une dimension de dérision et de grotesque. Mais on sent souvent Porras à court d’idées, sans doute faute de temps, et on vient à regretter les productions débridées de Jérôme Savary.
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Théâtre du Capitole, Toulouse Le 23/12/2008 Nicole DUAULT |
| Nouvelle production de la Périchole de Jacques Offenbach mise en scène par Omar Porras et sous la direction d’Emmanuel Joel-Hornak au Théâtre du Capitole, Toulouse. | Jacques Offenbach (1819-1880)
La Périchole, opéra-comique en trois actes (1874)
Livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy d’après la pièce de Prosper Mérimée, le Carrosse du Saint-Sacrement.
Coproduction Théâtre du Capitole-Opéra national de Bordeaux-Opéra de Lausanne
Chœur et Orchestre du Capitole de Toulouse
direction : Emmanuel Joel-Hornak
mise en scène : Omar Porras
décors : Fredy Porras
costumes : Coralie Sanvoisin
Ă©clairages : Mathias Roche
Avec :
Karine Deshayes (la Périchole), Xavier Mas (Piquillo), Jean-Philippe Lafont (Don Andrès de Ribeira), Michel Vaissière (Don Pedro de Hiniyosa), Emiliano Gonzalez Toro (le Comte Miguel de Panatellas), Daniel Capelle (le vieux prisonnier), Laure Crumière (Guadalena / Manuelita), Martine Olméda (Berginella / Brambilla), Carine Séchaye (Mastrilla / Frasquinella), Till Fechner (le Marquis de Tarapote), Ricardo Cassinelli (premier notaire). | |
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