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CRITIQUES DE CONCERTS 29 mars 2024

Récital du ténor Ben Heppner accompagné au piano par Thomas Muraco à l’Opéra de Paris.

Un géant chez Lilliput
© Marty Umans

Il faut bien le reconnaître : le grand Ben Heppner n’a pas donné un récital à la hauteur ni de sa vraie valeur ni de sa grande réputation. Trop de moyens peut nuire dans un programme où ils ne sont pas nécessaires. Chanter Tristan ou Siegfried est autre chose que détailler Schubert ou Duparc. Même avec un accompagnateur expérimenté.
 

Palais Garnier, Paris
Le 01/02/2009
Gérard MANNONI
 



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  • Vraie déception avec ce récital d’un Ben Heppner peut-être encore mal remis de la maladie qui l’avait obligé d’annuler ses concerts de janvier avec Semyon Bychkov. Il y aura naturellement quelques moments impressionnants d’ampleur vocale et une constante volonté d’interpréter le détail de la musique et des textes, mais, à l’évidence, la voix suit avec réticence les intentions de l’interprète et ne redevient elle-même que lorsqu’elle peut se déployer sans contrainte.

    Les deux premiers Lieder de Schubert inscrits au programme, Dem Unendlichen et Im Abendrot laissent bien perplexe, avec une émission serrée, flottante et une intonation du mauvais côté des limites de la justesse. L’écriture et la nature des deux suivants, Gott im Frühling et surtout Die Allmacht, conviennent mieux à cette voix immense qui peut enfin se libérer.

    Mais avec les Strauss qui suivent, nouveaux problèmes. Malgré un maximum d’effort pour être expressif et musical, tout semble difficile. L’excellent accompagnement de Thomas Muraco apporte pourtant un soutien efficace, mais insuffisant, d’autant qu’une certaine perplexité s’empare de bon nombre de spectateurs, car les Lieder ne sont pas chantés dans l’ordre annoncé dans le programme. Au lieu de commencer par Befreit, c’est Zueignung que l’on entend, de plus dans une interprétation très moyenne, si l’on songe à ce que d’autres comme Schwarzkopf ou tout récemment Kaufmann ont été capables d’exprimer avec cette même musique.

    La deuxième partie de la soirée est un patchwork assez étrange bien commencé avec trois pages de Britten, Batter my Heart, The Choirmaster’s Burial et Proud Songsters, enlevées avec humour, musicalité et une facilité d’émission bien plus égale. Ce sera, avec les deux derniers Schubert, le meilleur moment du concert, car les quatre mélodies de Duparc qui suivent ne conviennent décidément ni au type de technique ni à la voix, ni aux possibilités d’articulation du grand chanteur.

    Que ce soit Chanson triste, le Manoir de Rosemonde, Phidylé, ou encore Extase, reconnaissons que cela n’est pas vraiment adapté à des moyens vocaux de la nature de ceux de Ben Heppner, en dépit, une fois encore, de ce désir permanent d’interpréter au maximum musique et texte. Des mélodies de Bellini, Donizetti, Verdi et Puccini qui constituent la fin du récital, c’est le Brindisi de Verdi qui sonne le mieux. Le Canto d’anime de Puccini venu en tout dernier, s’achève hélas sur une note qui ne sort quasiment pas, ce qui est dommage pour clore une soirée.

    Quelle comparaison prendre pour ne pas être désobligeant ni irrespectueux avec un artiste d’une dimension aussi indiscutable et acclamé sans restrictions en tant d’autres occasions ? Que ceux qui eurent la chance d’entendre Birgit Nilsson ou Astrid Varnay imaginent l’une de ces géniales dames donner un concert avec Voi che sapete, Deh vieni non tardar, ou encore Das Veilchen ou les Histoires naturelles. Nilsson, il est vrai, enregistra pour l’entracte de la Chauve-souris dirigée par Karajan un mémorable I could have danced all night de My Fair Lady, mais le propos n‘était pas le même !

    Attendons donc de retrouver Ben Heppner en ses terres cet été à Aix-en-Provence dans Crépuscule des Dieux, et oublions pour l’essentiel cette tentative mal ajustée d’un géant voulant jouer dans la cour de Lilliput.




    Palais Garnier, Paris
    Le 01/02/2009
    Gérard MANNONI

    Récital du ténor Ben Heppner accompagné au piano par Thomas Muraco à l’Opéra de Paris.
    Schubert, Strauss, Britten, Donizetti, Bellini, Duparc, Verdi, Puccini
    Ben Heppner, ténor
    Thomas Muraco, piano

     


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