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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Le Couronnement de Poppée de Claudio Monteverdi à la Cité de la musique, Paris.
Le couronnement des femmes
Katarina Karnéus (DR)
Parfois, un grand événement justifie plusieurs points de vue, même s'ils sont tous deux élogieux. Voici donc le même couronnement relaté par deux observateurs différents, nos collaborateurs Roger Tellart et Philippe Venturini.
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Avant de s'installer sur la scène du Festival International d'Art Lyrique d'Aix-en-Provence pour une reprise du spectacle de Klaus Michael Grüber, toute l'équipe du Couronnement de Poppée fit halte à la Cité de la musique pour une version de concert. Version qu'on ne saurait qualifier de succédané tant la puissance dramatique de l'interprétation musicale rendit accessoire, voire parasite, toute mise en scène. Dans une salle absolument pas propice à ce répertoire mais fort bien disciplinée par un rapport orchestre-voix idéal, Marc Minkowski est parvenu à faire sonner son effectif d'une trentaine d'excellents musiciens sans jamais couvrir les chanteurs. Le sens dramatique du jeune chef et son écoute amoureuse de la voix ne pouvait que faire triompher une distribution de premier plan, qu'aucun des enregistrements discographiques de l'oeuvre ne peut prétendre égaler dans son entier. Des voix certes merveilleuses mais surtout parfaitement coulées dans le moule de leur personnag firent de cette soirée un miracle musical. On peut toujours ergoter sur le Sénèque herculéen de Denis Sedov ou la Nourrice improbable d'Hélène Delavaut, mais pas résister au quatuor, féminin en l'occurrence, des rôles principaux, ivre de passion. Le Néron insolent, hystérique, presque déséquilibré, mais si aimant d'Anne Sofie von Otter. La douleur béante d'Octavie, révélée sans ménagement par l'extraordinaire tragédienne qu'est Sylvie Brunet. L'Othon blessé et grave de Charlotte Hellekant, admirable de dignité. Et, par-dessus tout, l'interprétation bouleversante de Mireille Delunsch, qui, derrière l'infidélité de Poppée, creuse des abîmes psychologiques dans lesquels on la suit sans réfléchir, hypnotisé par la beauté trouble de sa voix. Oublier Jean-Paul Fouchécourt, impayable Arnalta, et François Piolino, Lucain érotique, serait injuste. Les absents ont eu vraiment tort...
Lire le point de vue de Roger Tellart
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