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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 octobre 2024 |
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9e symphonie de Mahler par l’Orchestre de Paris sous la direction de Christoph Eschenbach à la salle Pleyel, Paris.
Un Mahler désarticulé
Mauvais soir pour l'Orchestre de Paris et son directeur musical Christoph Eschenbach, qui retrouve certains des défauts relevés au cours de ces dernières saisons : raideur, boursouflure, systématisme, désarticulation du discours. Cette 9e symphonie de Mahler, étonnement désincarnée et dénuée d'enjeux, ne restera assurément pas dans les mémoires.
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Il est un signe qui ne trompe pas : quand dans le bouleversant Adagio final de la 9e symphonie de Mahler n'apparaît pas tout ce qui se joue de crucial en musique et peut-être même dans notre vie, au travers de ces cordes qui se désagrègent jusqu'au silence, quand de marbre, on continue à remarquer le négligé des attaques et l'épaisseur de cette sonorité d'orchestre amorphe, on s'interroge véritablement sur la capacité de l'Orchestre de Paris et Christoph Eschenbach à pouvoir endosser l'univers mahlérien.
Plus grave, cette homogénéisation des pupitres est présente dès les premières minutes de l'Andante commodo initial, adoptant un tempo lentissime, désarticulant le discours par des sursauts qu'on ne saurait précisément qualifier d'ondulantes arabesques puis, oubliant ce que gradation veut dire, cherchant rapidement à les saturer dans une hystérie expressionniste.
On veut bien comprendre qu’Eschenbach fasse de l'univers mahlérien une monde d'apparitions-disparitions. Que, contrairement à la prodigieuse 4e de Boulez entendue en novembre dernier, qui faisait de l'orchestre pointilliste de Mahler un kaléidoscope, le chef allemand cherche davantage à créer un Mahler qui agglomère.
Mais il faut être le Philharmonique de Vienne pour pouvoir faire profiter de cette épaisse pâte orchestrale, de ce velours, quand l'Orchestre de Paris se caractérise davantage par la souplesse de ses solistes. Or, dans ce Mahler-là , tout, des fanfares coruscantes aux épisodes plus enfantins, sonne exactement de la même façon.
Eschenbach, qui dirige par cœur, prive cette musique de tout angle, et l'auditeur contemple médusé un Scherzo qui se déroule telle une imperturbable pelote de laine. Il y a pourtant de l'engagement dans le Rondo-Burleske qui suit, mais la verve initiale des cuivres s'assoupit très vite, par manque d’étagement sonore ou de variété des couleurs.
Tous les détails instrumentaux sonnent uniformément gaillards, et le magnifique épisode lent n'apparaît que comme une pause spécieuse alors qu'il devrait être un arrêt panique. Seul moment où le geste tout en force démonstrative fonctionne : la coda convulsive et dionysiaque de ce troisième mouvement.
Les choses se corsent dans l'Adagio terminal. C'est à celui qui jouera le plus tragique, et à ce jeu-là , parmi les pupitres, tout le monde perd : l'émotion ne passe pas. La sonorité de l'orchestre reste invraisemblablement uniforme. Le son des violons y aspire tout velléité de mise en perspective et le mouvement, comme cacochyme, se gorge d'un son qui se voudrait viennois mais qui par son manque de couleurs est tout simplement statique.
Eschenbach soigne l'espace sonore quand il faudrait soigner le temps, le chorégraphie alors qu'il faudrait le raconter. Une 9e symphonie à oublier en somme…
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Salle Pleyel, Paris Le 19/02/2009 Laurent VILAREM |
| 9e symphonie de Mahler par l’Orchestre de Paris sous la direction de Christoph Eschenbach à la salle Pleyel, Paris. | Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 9 en ré majeur
Orchestre de Paris
direction : Christoph Eschenbach | |
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