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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 octobre 2024 |
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Récital du pianiste Simon Trpceski à l’Auditorium du Louvre, Paris.
Un poète du piano
Un peu en marge des grands circuits médiatisés malgré quatre excellents disques publiés chez EMI, le pianiste macédonien Simon Trpceski s’affirme une nouvelle fois comme un artiste subtil, donnant une vision sensible, convaincante et originale de l’univers de Chopin. Un moment de grâce pianistique à l’Auditorium du Louvre.
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À 30 ans tout juste, Simon Trpceski n’a rien de ces impressionnantes personnalités souvent fracassantes qui émergent dans sa génération. Son art est tout de réflexion, de finesse, de sensibilité bien dosée. Il prend son temps entre chaque pièce, entre chaque mouvement de sonate, caresse le piano sans jamais l’agresser, trouve mille teintes bien nuancées pour nous transmettre les émotions intimes d’un programme lui aussi conçu sans fracas.
Les deux Polonaises op. 26 qui ouvrent le concert ne sont pas les plus tonitruantes de Chopin. Bien au contraire. Elles allient leurs rythmes vigoureux à de beaux passages mélancoliques au phrasé délicat.
De même, les quatre Mazurkas op. 24 qui suivent, tout comme la merveilleuse Mazurka en la mineur op. 17 n° 4 qui les complète comptent parmi les pages les plus abstraites du compositeur, écrites et jouées ici sur la pointe d’une sensibilité où se côtoient mélancolie irrémédiable et quelques rayons de soleil. Le toucher est habile, la main droite chante comme du Bellini et la main gauche reste un appui bien présent, dont les finesses sont mises en évidence.
L’univers si particulier de la Sonate en sib mineur dite « funèbre » est lui aussi traduit de manière aussi fidèle au texte que personnelle. Si les tempi sont souvent très rapides – trop rapides ? –, ce n’est jamais dans la force mais dans la fluidité. Ici encore, le beau chant qui alterne avec les élans plus tumultueux est délivré avec un phrasé au modelé et au naturel parfaits.
On a souvent interprété ces pages de manière plus massive, plus monumentale, mais elles gagnent incontestablement à un type d’approche fantomatique. Le dernier mouvement en particulier, sorte de fuite en avant, ou pourquoi pas de vision insaisissable d’un au-delà pressenti, est traité dans une sorte de frisson modulé vraiment impressionnant mais dénué de toute violence.
Simon Trpceski peut aujourd’hui apporter à tout un répertoire un climat spécial, avec un rapport à l’instrument très attachant, nous donnant simplement de la très belle musique.
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Auditorium du Louvre, Paris Le 27/02/2009 GĂ©rard MANNONI |
| Récital du pianiste Simon Trpceski à l’Auditorium du Louvre, Paris. | Frédéric Chopin (1810-1849)
Deux polonaises op. 26
Quatre mazurkas op. 24
Mazurka en la mineur op. 17 n° 4
Sonate pour piano n° 2 en si bémol mineur op. 35
Simon Trpceski, piano | |
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