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CRITIQUES DE CONCERTS |
16 octobre 2024 |
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Récital de la soprano Diana Damrau accompagnée par le Cercle de l’Harmonie sous la direction de Jérémie Rhorer dans le cadre des Grandes Voix au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Inégale soirée Mozart
Après son succès en Sophie du Chevalier à la rose le mois dernier, Diana Damrau est de retour au Théâtre des Champs-Élysées pour un récital Mozart proposé par les Grandes voix, avec un programme presque identique à celui de son dernier CD chez Virgin Classics. Une soirée à demi convaincante, notamment en raison de la déception causée par un orchestre aux sonorités étriquées.
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Blonde chevelure évanescente flottant sur les épaules, sculpturale silhouette moulée dans un fourreau noir rehaussé de châles aux coloris diversifiés selon les airs, Diana Damrau appartient à la catégorie des cantatrices photo et télégéniques. Après Anna Netrebko, Angela Gheorghiu, Renée Fleming, voire Kate Royal, une question se pose : est-il encore possible de faire une carrière médiatisée grâce à une major discographique sans un physique de cover girl ? Une Margaret Price pourrait-elle faire aujourd’hui un parcours identique à celui de sa contemporaine Kiri Te Kanawa, alors qu’à leur époque, toutes deux ont porté le chant mozartien à son zénith avec un égal succès ?
À la scène, Diana Damrau s’est imposée depuis quelques années dans tous les rôles mettant en valeur un suraigu facile et lumineux : la Reine de la nuit, Constance, Zerbinette. Plus récemment, elle a interprété avec succès la Gilda de Rigoletto, puis Lucia au Met, et on a pu apprécier sa délicate Sophie à Baden-Baden après sa délicieuse Gretel dans l’opéra féerique d’Humperdinck pour les fêtes de fin d’année à Covent Garden.
Comme beaucoup de sopranos coloratures, Natalie Dessay en tête, Diana Damrau cherche de plus en plus à se diversifier, à montrer qu’elle n’est pas seulement une cantatrice virtuose capable de se distinguer dans les vocalises pyrotechniques. Aussi a-t-elle voulu chanter Susanna des Noces de Figaro au festival de Salzbourg 2007, où, sans jamais démériter, elle ne se distingua en rien de dix autres titulaires du rôle tout aussi impeccables.
Ainsi a-t-elle remplacé la Reine de la nuit par Pamina, abordée au Met. Parce que le médium reste faible et que les coloris d’un timbre sans séduction sont limités, Diana Damrau doit être attentive au répertoire qu’elle aborde, tout particulièrement dans un récital consacré à un unique compositeur. Faute d’une diversification suffisante des airs et des personnages, on tombe rapidement dans la monotonie, en dépit ici des qualités musicales et techniques de l’interprète et de son charme indiscutable.
Le trac évident de l’Allemande, cantonnée dans une modeste réserve, n’arrange guère les choses tout au long d’une languissante première partie où se succèdent les airs de Constance Ach ich liebte, Rosina Senti l’eco ove sospiri, Zerlina Batti batti O bel Masetto et Donna Anna Non mi dir.
Alors qu’on se réjouissait de la présence d’un ensemble spécialisé pour donner une authentique réplique à la partie vocale du programme et un véritable impact musical aux intermèdes, le Cercle de l’Harmonie déçoit profondément. Dans une salle aussi vaste que le Théâtre des Champs-Élysées, la formation dirigée par Jérémie Rhorer sonne non seulement étriquée et sèche mais approximative, avare de rondeur et de couleurs. On ne retrouve pas les qualités qui avaient séduit dans l’enregistrement récemment publié par Virgin avec un programme en grande partie similaire, tant l’orchestre manque de présence.
Heureusement, la seconde partie du programme rectifie progressivement le tir, du moins pour Damrau, sécurisée par une salle de plus en plus enthousiaste. L’air d’Aspasia de Mitridate Al destino che la minaccia fait décoller le public, puis Traurigkeit de Constance. Enfin et surtout, avec O Zittre nicht de la Reine de la nuit, la soprano retrouve l’un des morceaux de bravoure qui ont fait sa gloire.
Dans la foulée, pourquoi s’être abstenu du plus spectaculaire des airs de Constance, Marten aller Arten, au triomphe assuré ? La soirée s’achève néanmoins achevée par trois bis accueillis avec enthousiasme par un public ayant enfin trouvé matière à se libérer en adéquation avec une Damrau soudain plus expressive, nuançant avec subtilité Pamina, Servilia de la Clémence de Titus et même une Comtesse des Noces de Figaro finement caractérisée.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 21/03/2009 Monique BARICHELLA |
| Récital de la soprano Diana Damrau accompagnée par le Cercle de l’Harmonie sous la direction de Jérémie Rhorer dans le cadre des Grandes Voix au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Sérénade Haffner, K. 250 : Allegro maestoso-Allegro molto
Ach ich liebte (Konstanze / l’Enlèvement au sérail)
Senti l’eco ove sospiri (Rosina / la Finta semplice)
Sérénade Haffner, K. 250 : Menuetto-Trio
Batti batti o bel Masetto (Zerlina / Don Giovanni)
Crudele… Non mi dir (Donna Anna / Don Giovanni)
Al destin (Aspasia / Mitridate)
Thamos, König in Ägypten K. 345 : Interlude (maestoso-allegro)
Traurigkeit (Konstanze / l’Enlèvement au Sérail)
Symphonie n° 29 en la majeur, K.201
O zittre nicht (La Reine de la Nuit / la Flûte enchantée)
Diana Damrau, soprano
Le Cercle de l’Harmonie
direction : Jérémie Rhorer | |
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