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CRITIQUES DE CONCERTS |
13 octobre 2024 |
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Concert de l’Ensemble orchestral de Paris sous la direction de Paul Watkins, avec la participation de la soprano Sandrine Piau au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Le bel endormi
Un programme alléchant qui marie le Polonais Gorecki au Brésilien Villa-Lobos (dont on fête cette année le cinquantenaire de la disparition), mais l'Ensemble Orchestral de Paris dirigé par le chef et violoncelliste gallois Paul Watkins produit ce soir un concert de routine, où seule l'artiste invitée, la soprano Sandrine Piau, brille par son talent et sa sensibilité.
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Gorecki, Villa-Lobos, Haydn ? Voilà un concert original, et voilà l'occasion idéale pour se rendre compte de la bonne santé de l'Ensemble orchestral de Paris, qui reste la moins exposée des grandes phalanges parisiennes, malgré sa résidence au Théâtre des Champs-Élysées.
Les Trois Pièces dans le style ancien de Henryk Gorecki qui ouvrent le programme ont été composées en 1963 et sont aussi concises que la célèbre 3e symphonie, dite des « Chants plaintifs », de 1976, est ample et pour d'aucuns boursouflée. On peut reprocher à Gorecki un simplisme exagéré, une roublardise qui se dissimule sous le nom d'Arte povera, mais ces trois pièces résonnent d'une saveur ancestrale qui vous harponne le cœur, que seul un compositeur d'Europe centrale est à même de restituer pleinement.
Dès les premières attaques, d'une justesse approximative toutefois, l'Ensemble Orchestral de Paris dirigé ce soir par le chef et violoncelliste Paul Watkins, ne rend pas justice à l'envoûtement goreckien : sonorité épaisse des violons, violoncelles qui vrombissent dans le grave pareils au roulis d'un bateau, ajoutées à une mollesse générale, ces dix minutes de musique paraissent soudainement très longues.
Même constat pour la Bachiana Brasileira n° 1 pour huit violoncelles qui suit. Ici encore, en effet, est-ce la faute à Paul Watkins qui dirige depuis son instrument ? La musique n'excède pas la partition, et l'écoute en demeure indifférente. On aurait beau voir, dans ce manque de respiration sonore, une tentative de rapprocher Villa-Lobos de ses contemporains plus anguleux comme Bartók, mais l'on se heurte une nouvelle fois à l'aplanissement du discours musical.
Il faut néanmoins saluer l'initiative de fêter le cinquantième anniversaire de la mort de Villa-Lobos, l’EOP donnant ensuite l'une des partitions les plus célèbres du géant brésilien : la Bachiana Brasileira n° 5, pour soprano. Vêtue d'une robe rouge éclatant, Sandrine Piau se place au centre de l'arène que trace autour d'elle l'octuor de violoncelles. Ses aigus lumineux apportent légèreté et vie à ce concert jusqu'alors métronomique. En rebissant la Dansa, mieux sonnante car redonnée dans l'excitation des applaudissements, on comprend ce que Sandrine Piau a réussi à apporter aux musiciens qui l'accompagnaient : l'enthousiasme.
Retour à la réalité avec une Symphonie Londres de Haydn étale et traditionnelle. On remarque cependant le prochain concert de l'EOP (le 12 mai) qui marie Dutilleux, la Symphonie espagnole de Lalo et la 7e symphonie de Beethoven sous la direction de Joseph Svensen. Un programme une nouvelle fois alléchant et qui donne envie de savoir par soi-même s'il sera donné dans la même routine que le concert de ce soir.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 05/05/2009 Laurent VILAREM |
| Concert de l’Ensemble orchestral de Paris sous la direction de Paul Watkins, avec la participation de la soprano Sandrine Piau au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Henryk Gorecki (*1933)
Trois pièces dans le style ancien
Heitor Villa-Lobos (1887-1959)
Bachiana Brasileira n° 1 pour huit violoncelles
Bachiana Brasileira n° 5 pour soprano et huit violoncelles
Sandrine Piau, soprano
Joseph Haydn (1732-1809)
Symphonie n° 104 en ré majeur « Londres »
Ensemble orchestral de Paris
direction et violoncelle : Paul Watkins | |
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