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CRITIQUES DE CONCERTS 10 décembre 2024

Concert de l’Orchestre national d’Île-de-France sous la direction de Gordan Nikolitch, avec la participation de la soprano Barbara Hendricks au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.

Toujours star et encore plus musicienne
© Sheila Rock

Elle était la voix du ciel, titre de l’un de ses plus célèbres disque, et elle l’est restée. Après avoir tâté de musiques et de chansons populaires qui l’ont menée à l’Olympia, après un retour aux gospels de son enfance, revoilà la Hendricks dans le répertoire qui a fait d’elle une star. Elle a été ovationnée vendredi soir au Théâtre des Champs-Élysées.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 15/05/2009
Nicole DUAULT
 



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    C’est la même émotion, avec quelque chose de plus poignant encore, comme cette nostalgie du temps qui passe inexorablement, que l’on ressent ce soir quand la diva murmure, susurre, entonne, clame avec autant de mélancolie que de bouillonnement intérieur, d’humour que de gravité ce même air de la Comtesse. Le temps est également suspendu dans cette salle des Champs-Élysées où ne figure aucun people, aucune personnalité et bien peu de journalistes.

    Sans doute faut-il voir là le couronnement d’une carrière. Pas le moindre média pour répercuter un événement à l’opposé de toute manifestation de marketing : Barbara Hendricks est bien au-delà. Elle parle au cœur d’un large public populaire. Un public si peu habitué aux traditions des concerts qu’un appariteur doit même signaler que l’on n’applaudit pas entre les six mélodies des Nuits d’été de Berlioz.

    À ce cycle, sans doute l’un des sommets du compositeur français, au même titre que la mort de Didon des Troyens, la cantatrice donne toute sa tendresse et toute sa tristesse. Magnifique dans une robe en lamé or, elle enveloppe chaque phrasé, ciselé à merveille. Avec un seul défaut, et pas des moindres, une exécrable diction du français. Depuis qu’elle le parle, que n’a-t-elle pas eu le temps de mieux apprendre à le chanter ?

    En revanche, on a dit, on a lu que Barbara Hendricks n’avait plus de voix et que c’était la raison pour laquelle elle fuyait le répertoire classique. Ce concert est la preuve que ces on-dit sont faux. Certes, sa voix lumineuse s’est légèrement assombrie, elle est devenue plus profonde, moins virevoltante, surtout dans des aigus difficiles. Mais quelle majesté, quelle intelligence musicale, quel art consommé du chant !

    Elle avait ouvert son concert avec deux airs d’Ilia d’Idoménée de Mozart, un répertoire idéal pour sa voix, accompagné par l’Orchestre national d’Ile-de-France sous la direction de Gordan Nikolitch. Violon solo du London Symphony Orchestra et chef de l’orchestre de chambre de cette même formation, il dirige la formation française depuis son pupitre de violoniste. Intégré au corps même de l’orchestre, il lui insuffle énergie et pulsation.

    De la 96e symphonie, dite le Miracle, de Joseph Haydn, Nikolitch opère justement des prodiges. L’ONDIF, si souvent mésestimé, donne une interprétation d’une belle rythmicité et d’une parfaite conduite mélodique, d’une cohésion et d’une transparence dignes de formations de bien plus grand renom.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 15/05/2009
    Nicole DUAULT

    Concert de l’Orchestre national d’Île-de-France sous la direction de Gordan Nikolitch, avec la participation de la soprano Barbara Hendricks au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Idoménée, ouverture et airs d’Ilia
    Barbara Hendricks, soprano

    Joseph Haydn (1732-1809)
    Symphonie n° 96 en rĂ© majeur, « le Miracle Â»

    Maurice Ravel (1875-1937)
    Introduction et allegro pour harpe, flûte, clarinette et quatuor à cordes

    Hector Berlioz (1803-1869)
    Les Nuits d’été, cycle de six mélodies
    Poèmes de Théophile Gautier
    Barbara Hendricks, soprano

    Orchestre national d’Île-de-France
    direction : Gordan Nikolitch

     


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