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CRITIQUES DE CONCERTS 29 mars 2024

Reprise de Carmen de Bizet dans la mise en scène d'Adrian Noble, sous la direction de John Eliot Gardiner à l’Opéra Comique, Paris.

Carmen Ă  la maison
© Pierre Grosbois

Une Carmen sublime de sensualité, d’arrogance et d’intelligence ; un Don José qui atteint le sommet de la tragédie ; une direction d’orchestre toute en souffle et en subtilité : un plaisir à l’état pur que cette Carmen mise en scène par Adrian Noble et sous la baguette de John Eliot Gardiner qui clôt la saison de l’Opéra Comique.
 

Opéra Comique - Salle Favart, Paris
Le 15/06/2009
Nicole DUAULT
 



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  • Cent trente-quatre ans après, Carmen retrouve l’OpĂ©ra Comique oĂą elle a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e. On se souvient de grandes Carmen comme celle de Teresa Berganza, entrĂ©e dans la lĂ©gende. Anna Caterina Antonacci, voix de soprano parfois au bord de la fĂŞlure Ă©motionnelle, est vocalement, scĂ©niquement, une intense tragĂ©dienne, plus tigresse que bohĂ©mienne, sans jamais la moindre vulgaritĂ©. Ce n’est certes pas une surprise car elle fut dĂ©jĂ  une somptueuse Cassandre dans les Troyens au Châtelet sous la baguette du mĂŞme John Eliot Gardiner.

    On a, pour le Don José du ténor américain Andrew Richards, les yeux de Carmen. Il n’est jamais ce benêt veule et empâté que l’on voit si souvent. Il est fier – un de ses ancêtres est indien Cherokee – et passionné de jalousie morbide. Dès sa première apparition, on le sent immédiatement porteur du drame. Au IV, le voici psychotique en détresse, enguenillé et visage christique avec ses cheveux longs : une intensité dramatique à couper le souffle.

    La Micaëla d’Anne Catherine Gillet confirme la qualité de son timbre. Elle arrive à donner du caractère à un rôle si souvent mièvre. Quant à Escamillo (Nicolas Cavallier), il possède du charme mais demeure un peu pâteux, superficiel par rapport au duo magnifique de Don José et de Carmen.

    La mise en scène est simple. Le décor et les costumes sont plutôt traditionnels et conformistes. On sait que Gardiner déteste les transpositions avant-gardistes. Adrian Noble rompt avec le folklore habituel de ces espagnolades et castagnettes dont on a si souvent affublé le chef-d’œuvre de Bizet. Quelques points faibles : les cigarières jaillissent d’une manufacture souterraine éclairée par un miroir. On les imagine roulant des cigares sur leurs cuisses, comme le veut la tradition. Mais dans les effluves du tabac, on ne voit rien et l’effet du miroir ne sert à rien.

    La mise en scène a cependant la vertu de souligner l’action, sans temps mort, sans être jamais encombrante. Les mouvements de foule sont réglés avec du rythme, parfois des ralentis et des arrêts sur image en guise de ponctuation. L’affrontement à la navaja de Don José et Escamillo, qui joue de son rival comme d’un taureau, est bienvenu.

    Le plus enthousiasmant reste la direction musicale racée de John Eliot Gardiner. Elle électrise, enflamme, fait frémir, subjugue. Les instruments d’époque de l’Orchestre révolutionnaire et romantique font découvrir des sonorités trop souvent gommées ou inaudibles. On entend d’ailleurs des éléments parfois supprimés, comme une partie du chœur des brigadiers.

    Quant aux textes parlés, ils s’insèrent dans la fluidité de l’œuvre tout en permettant au spectateur de souffler un peu dans ce kaléidoscope de couleurs chatoyantes. Gardiner a mis son point d’honneur à ce que les choristes anglais du Monteverdi Choir aient une diction impeccable : un modèle pour bien des ensembles français. Carmen fait quoi qu’il en soit un joli retour à la maison : les sept représentations sont prises d’assaut ; plus une place.




    Opéra Comique - Salle Favart, Paris
    Le 15/06/2009
    Nicole DUAULT

    Reprise de Carmen de Bizet dans la mise en scène d'Adrian Noble, sous la direction de John Eliot Gardiner à l’Opéra Comique, Paris.
    Georges Bizet (1838-1875)
    Carmen, opéra-comique en quatre actes (1875)
    Livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy d’après la nouvelle de Prosper Mérimée

    Maîtrise des Hauts-de-Seine
    The Monteverdi Choir
    Orchestre RĂ©volutionnaire et Romantique
    direction : Sir John Eliot Gardiner
    mise en scène : Adrian Noble
    décors et costumes : Mark Thompson
    Ă©clairages : Jean Kalman

    Avec :
    Anna Caterina Antonacci (Carmen), Andrew Richards (Don José), Anne-Catherine Gillet (Micaëla), Nicolas Cavallier (Escamillo), Françis Dudziak (Le Dancaïre), Vincent Ordonneau (Le Remendado), Matthew Brook (Zuniga), Riccardo Novaro (Moralès), Virginie Pochon (Frasquita), Annie Gill (Mercédès), Simon Davies (Lillas Pastia), Lawrence Wallington (Un guide).

     


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