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CRITIQUES DE CONCERTS |
04 octobre 2024 |
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Concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Gustavo Dudamel, avec la participation du violoniste Renaud Capuçon à la salle Pleyel, Paris.
Le concert de l’année
Incroyable et mérité triomphe pour le jeune chef vénézuélien Gustavo Dudamel à l’issue de ce concert qui est sans doute le plus beau de la saison. Avec un Philharmonique de Radio France galvanisé et après la magistrale interprétation du concerto de Korngold par Renaud Capuçon, une 1re symphonie de Mahler d’anthologie.
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De mémoire de mélomane, on n’avait jamais vu ça : tout un orchestre applaudissant non seulement autant que le public, mais tapant des pieds sur l’estrade de la salle Pleyel pour que le chef vienne encore et encore saluer. L’alchimie fonctionne entre Gustavo Dudamel et les musiciens autant qu’avec le public ! Il faut dire que cette 1re symphonie de Mahler avait de quoi susciter l’enthousiasme et marquer les esprits. Mais tout avait déjà commencé par la magnifique interprétation du Concerto pour violon de Korngold par Renaud Capuçon.
En marge du grand répertoire traditionnel, ce concerto n’en est pas moins une partition majeure, par son originalité et pour les multiples qualités qu’elle exige de la part du soliste. Depuis que son opéra Die tote Stadt a de nouveau les honneurs des plus grandes scènes lyriques – il sera notamment à l’affiche de l’Opéra de Paris la saison prochaine –, Korngold connaît un certain regain de popularité qui commence à contrebalancer l’indifférence manifestée par une bonne partie du monde classique à son égard. Son travail dans le cinéma en Amérique ayant été considéré comme un crime de lèse-majesté.
Pourtant, Jascha Heifetz avait été le créateur de ce concerto en 1947, ce qui aurait du suffire à dorer le blason du compositeur ! L’œuvre est à la fois très virtuose, fort poétique, avec, c’est vrai, des accents de musique de films bien reconnaissables, dans une orchestration complexe, moderne sans entrer dans les normes des diktats sériels.
Mais reproche-t-on par exemple à Jerome Robbins ou à Roland Petit, deux des plus universellement admirés chorégraphes du XXe siècle, leurs flirts avec le music-hall ? Renaud Capuçon donne, avec un son splendide, un goût sans faille et beaucoup d’intelligence, une interprétation magistrale de cette œuvre belle et attachante qui devrait à tout jamais la replacer parmi les favoris des plus illustres maîtres du violon.
Et puis, il y a cette mémorable Symphonie Titan de Mahler, aussi phénoménale que celle à laquelle avait assisté notre confrère Yannick Millon à Lucerne. Pas si facile de traduire par des mots ce que porte une interprétation aussi accomplie à tous égards. Louons peut-être d’abord la qualité implacable de tous les pupitres de l’Orchestre Philharmonique de Radio France, avec forcément une mention encore plus particulière pour l’harmonie tant sollicitée dans cette œuvre. Autant de force et d’éclat que de délicatesse et de charme ou de légèreté.
Une lecture aussi claire et profonde que possible, chaque élément se trouvant mis en valeur dans un équilibre parfait : couleurs, tempi, dynamiques, contrastes, phrasés, accents, un feu d’artifice d’imagination, d’instinct, de sens musical, avec un ensemble de jugements et d’analyses personnels toujours exacts et convaincants.
On ne découvre pas Gustavo Dudamel, dont la réputation a explosé au plus haut niveau en deux ou trois ans, mais un concert comme celui-ci confirme bien qu’il faut désormais compter avec lui dans le tout petit groupe de tête des chefs incontournables de ce début de siècle.
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Salle Pleyel, Paris Le 26/06/2009 GĂ©rard MANNONI |
| Concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Gustavo Dudamel, avec la participation du violoniste Renaud Capuçon à la salle Pleyel, Paris. | Erich Wolfgang Korngold (1897-1957)
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur op. 35
Renaud Capuçon, violon
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 1 en ré majeur, « Titan »
Orchestre philharmonique de Radio France
direction : Gustavo Dudamel | |
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