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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Nouvelle production d’Orphée aux Enfers d’Offenbach mise en scène par Yves Beaunesne et sous la direction d’Alain Altinoglu au festival d’Aix-en-Provence 2009.
Aix 2009 (3) :
Une fosse d’enfer
Vincent Deliau (Jupiter) et Pauline Courtin (Eurydice)
L’année passée, l’Académie européenne de musique avait présenté une Infedeltà delusa de Haydn d’une belle homogénéité. Élargie, la troupe réunie pour Orphée aux Enfers d’Offenbach n’atteint pas ce degré d’unité, portée à bout de bras par Alain Altinoglu, qui anime la fosse avec un grain de folie auquel la mise en scène soignée mais trop sage d’Yves Beaunesne ne peut prétendre.
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Théâtre de l’Archevêché, Aix-en-Provence
Le 08/07/2009
Mehdi MAHDAVI
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Trouver le ton juste dans Offenbach tient de la gageure. Laurent Pelly et Agathe Mélinand y sont souvent parvenus, et la Belle Hélène revue et corrigée par Mariame Clément et Hélène Delavault a été saluée avec un enthousiasme répété dans ces colonnes. Parce qu’ils ont su injecter aux dialogues originaux la dose d’irrévérence suffisante pour actualiser un humour ancré dans une époque, le Second Empire, à tel point qu’il en devint le reflet caustique et autorisé, et cela sans vulgarité : le Mozart des Champs-Élysées n’est pas, malgré l’acharnement d’un Jérôme Savary à le prouver, l’ancêtre de Benny Hill.
Vautrons-nous allégrement dans ce lieu commun : Offenbach, c’est du champagne, et du brut, à la bulle fine et élégante, qui ne rend gai qu’à température idéale. Servie par Yves Beaunesne, cette cuvée 2009 d’Orphée aux Enfers est, malgré ses cépages subtilement assemblés, légèrement tiède déjà , et un peu éventée. Il y manque en premier lieu un zeste d’insolence dans la réécriture des dialogues, où Marion Bernède dépasse rarement l’élégant dépoussiérage. Et si le spectacle n’est que parfaitement réglé, souvent, mais pas franchement drôle, c’est qu’il s’en tient à une ligne claire joliment tracée entre les deux guerres, que ne déborde aucune trouvaille véritablement fantasque.
L’Olympe a beau y être savoureuse, avec ses faux airs de Palace – qu’on nous pardonne l’anachronisme –, le bouchon ne saute décidément pas. Les acteurs ne seraient-ils pas suffisamment en verve ? Les jeunes chanteurs de l’Académie européenne de musique, dont certains ont déjà fait parler d’eux – et pour cause, ce sont principalement ceux-là que l’on remarque –, n’auraient-ils pas tous réussi, comme on dit familièrement, à se lâcher ? Il y a de cela, sans doute.
La distribution n’en compte pas moins quelques gueules, et quelques voix. Aristée ou Pluton, Mathias Vidal a assurément les deux. Petit bout d’acteur épatant, il ressuscite une émission, un goût du dire d’un autre âge du chant français, celui-là même sur lequel certains n’ont pas fini de pleurer… Dans la livrée négligée de son serviteur John Styx, Jérôme Billy fait un irrésistible numéro de juke-box amnésique en forme d’anthologie de la chanson française grâce à un vrai talent d’imitateur. Cupidon potelé, Emmanuelle de Negri a la fluidité, la lumière d’un amour de tragédie lyrique, tandis que les pointes acides de Pauline Courtin font une Eurydice plus soubrette que nature, avec de la gouaille à revendre.
Même s’il ne pétille que timidement, ce champagne se laisse donc boire avec un certain plaisir. D’autant qu’Alain Altinoglu n’a de cesse de secouer la bouteille, partout à la fois, un geste pour chacun, souffleur à l’occasion et donnant dans le finale plus que de la voix. Doté d’un infaillible sens du rythme, ce vrai chef de fosse à l’ancienne pourrait se contenter d’animer, de souder le plateau.
Mais en plus, il raffine, nuance, prend au sérieux le texte musical, qui n’est plus seulement prétexte à gaudrioles. Et, divine surprise, la Camerata Salzburg, dont on craignait le pire après ses Mozart si peu soignés de l’an passé – Così fan tutte, et surtout Zaïde –, se découvre une légèreté, une mobilité, des couleurs avec un malin plaisir. En le libérant des oreilles définitivement réfractaires d’Eurydice, Orphée aux Enfers ne célèbre-t-il pas après tout le triomphe d’un « violoneux » ?
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Théâtre de l’Archevêché, Aix-en-Provence Le 08/07/2009 Mehdi MAHDAVI |
| Nouvelle production d’Orphée aux Enfers d’Offenbach mise en scène par Yves Beaunesne et sous la direction d’Alain Altinoglu au festival d’Aix-en-Provence 2009. | Jacques Offenbach (1819-1880)
Orphée aux Enfers, opéra bouffe en deux actes et quatre tableaux (1858)
Livret d’Hector Crémieux et Ludovic Halévy
Chœur du Festival d’Aix-en-Provence
Camerata Salzburg
direction : Alain Altinoglu
mise en scène : Yves Beaunesne
scénographie : Damien Caille-Perret
costumes : Patrice Cauchetier
éclairages : Joël Hourbeigt
Avec :
Pauline Courtin (Eurydice), Julien Behr (Orphée), Mathias Vidal (Aristée / Pluton), Vincent Deliau (Jupiter), Marie Gautrot (l’Opinion Publique), Jérôme Billy (John Styx), Paul Cremazy (Mercure), Emmanuelle de Negri (Cupidon), Soula Parassidis (Diane), Marie Kalinine (Vénus), Estelle Kaïque (Minerve), Sabine Revault d’Allonnes (Junon). | |
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