altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 26 avril 2024

Nouvelles productions d’Aleko de Rachmaninov et d’Iolantha de Tchaïkovski mises en scène par Mariusz Trelinski et sous la direction de Valery Gergiev au festival de Baden-Baden 2009.

Baden-Baden 2009 :
DĂ©couvertes russes


Anna Netrebko (Iolantha)

Événement du festival d’été de Baden-Baden, la résurrection scénique de deux opéras russes en un acte : Aleko, signé par le tout jeune Rachmaninov et Iolantha, l’ultime opus lyrique de Tchaikovski, créé onze mois avant sa disparition. L’interprétation superlative du couple Netrebko-Beczala et la direction vibrante de Gergiev réhabilitent notamment l’incontestable chef-d’œuvre tchaïkovskien.
 

Festpielhaus, Baden-Baden
Le 24/07/2009
Monique BARICHELLA
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • Promesses de rue

  • Baguette exacerbĂ©e

  • Au clair de la nuit

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • Depuis l’inauguration, en 1998, du Festspielhaus de Baden-Baden, la venue annuelle de Valery Gergiev et de ses forces du Mariinski (orchestre, chĹ“urs et solistes) constitue un des temps forts du festival d’étĂ©. Le programme 2009 est particulièrement attrayant, avec un diptyque Tchaikovski-Rachmaninov comportant deux raretĂ©s des populaires musiciens russes.

    À l’origine, Iolantha était prévu avec le couple de rêve Netrebko-Villazón, mais plusieurs mois avant l’interruption de ses activités, le ténor franco-mexicain s’était ravisé en constatant combien la tessiture du Comte de Vaudémont était tendue pour sa voix essentiellement lyrique. In fine, son judicieux remplacement par le ténor polonais Piotr Beczala, non seulement familier de la langue russe mais idéalement doté des moyens d’un rôle nécessitant des aigus percutants, est l’un des éléments majeurs de la réussite d’une soirée exaltante à plus d’un titre.

    D’abord quant à la découverte d’une partition majeure de Tchaikovski, méconnue même en Russie. Sans doute, Iolantha est-il desservie par une durée – quatre-vingts minutes – qui oblige à faire preuve d’inventivité pour compléter la soirée. Lors de sa création, le 18 décembre 1890 au Théâtre Mariinski, ce charmant conte de fée accompagnait Casse-Noisette, dont la version intégrale meuble aujourd’hui un programme complet de ballet !

    Sinon, à l’exception des incontournables Dame de Pique et Eugène Onéguine, aucun autre opéra de Tchaikovski, pas même Mazeppa, ne propose une partition orchestrale et vocale d’une telle qualité. D’autant qu’elle est servie, ici, par l’Orchestre du Mariinski, d’une éblouissante splendeur sous la direction ardente de Valery Gergiev.

    Un plateau sensationnel

    Le plateau, lui, est simplement sensationnel. Chaque soliste justifie la réputation d’une compagnie actuellement unique au monde : la superbe basse Fyodor Kuznetsov (Bertrand), Andrei Zorin (Almeric), Edem Umerov, en alternance avec Alexander Gergalov (Ibn Hakia, le médecin Maure) et Mikhaïl Kit (Le Roi René) en alternance avec Sergei Aleksashkin. Mention toute spéciale à l’éclatant baryton Alexei Markov qui, dans le rôle de Robert, Duc de Bourgogne, révèle une voix d’une qualité de timbre et d’une projection impressionnantes.

    Quant au couple principal, il fait délirer la salle, en particulier lors du glorieux duo, sommet de l’ouvrage. Piotr Beczala, est ici aussi remarquable que dans Rusalka à Salzbourg l’été passé. Pour ses débuts dans le rôle-titre, la soprano, dont la voix a pris de l’ampleur en s’étoffant dans le médium sans perdre ses aigus radieux, est digne de sa réputation. Sa conviction dramatique et l’intensité de son interprétation scénique ne sont pas en reste, d’autant que la relecture psychanalytique de Mariusz Trelinski nécessite un engagement total.

    On est d’abord déconcerté par le traitement en noir et blanc parfois cauchemardesque du conte médiéval inspiré par la Fille du Roi René du dramaturge danois Henrik Hertz. Il y est question de la fille aveugle du Roi René de Provence ignorant son infirmité, cachée par son père ; elle ne l’apprendra qu’en découvrant l’amour avant de recouvrer la vue grâce à la puissance de ses sentiments. La force théâtrale et la maîtrise technique du metteur en scène polonais permettent cependant d’adhérer à cette actualisation freudienne du livret, alors qu’on s’attendait plutôt à une fidèle illustration d’un conte médiéval.



    En revanche, on est nettement moins convaincu par la transposition moderne, inutilement surchargée et confuse d’Aleko, le premier opéra du tout jeune Rachmaninov. Ce dernier a seulement 19 ans quand il le compose – en dix-sept jours – comme épreuve finale de son examen au Conservatoire de Moscou, sur un livret imposé : une adaptation des Tziganes de Pouchkine.

    Alors que l’ouvrage exigerait une simplicité et une rigueur de tragédie grecque, Trelinski transpose ce drame de la jalousie gitan au cours d’un mariage Rom d’aujourd’hui, dans une salle des fêtes. Il ajoute également un personnage de son cru à l’action : l’enfant d’Aleko et de Zemfira (le personnage qui inspira à Mérimée sa Carmen), devient une adolescente mariée de force, qui joue un rôle essentiel dans l’action.

    Heureusement, l’orchestre et les voix rendent totalement justice à Rachmaninov. John Relyea, très émouvant, interprète superbement la cavatine d’Aleko et Irina Mataeva incarne idéalement cette petite sœur de Carmen qui revendique sa liberté. Dans le même rôle, Veronika Djioeva, vulgaire et criarde, n’avait ni les mêmes qualités vocales, ni le même charme irrésistible. Sergei Skorokhodov en jeune Tzigane et Sergei Aleksashkin en vieux Tzigane complètent le plateau avec bonheur.




    Festpielhaus, Baden-Baden
    Le 24/07/2009
    Monique BARICHELLA

    Nouvelles productions d’Aleko de Rachmaninov et d’Iolantha de Tchaïkovski mises en scène par Mariusz Trelinski et sous la direction de Valery Gergiev au festival de Baden-Baden 2009.
    Sergei Rachmaninov (1873-1943)
    Aleko, opéra en un acte (1893)
    Livret de Vladimir Nemirovitch-Dantchenko d’après les Tziganes de Pouchkine

    Piotr Ilitch Tchaikovski (1840-1893)
    Iolantha, opéra lyrique en un acte (1892)
    Livret de Modeste Tchaikovski d’après Henrik Hertz

    Orchestre et chœur du Mariinski
    direction : Valery Gergiev
    mise en scène : Mariusz Trelinski
    décors : Boris Kudlicka
    costumes : Magdalena Musial
    Ă©clairages : Marc Heinz
    chorégraphie : Tomek Wygoda

    Avec :
    Aleko
    John Relyea (Aleko), Veronika Djioeva (Zemfira, 21/07), Irina Mataeva (Zemfira, 24/07), Sergei Skorokhodov (un jeune Tzigane), Sergei Aleksashkin (le vieux Tzigane), Elena Vitman (une vieille Tzigane).

    Iolantha
    Anna Netrebko (Iolantha), Piotr Beczala (Vaudémont), Alexei Markov (Robert, duc de Bourgogne), Sergei Aleksashkin (le roi René, 21/07), Mikhail Kit (le roi René, 24/07), Andrei Zorin (Alméric), Fyodor Kuznesov (Bertrand), Edem Umerov (Ibn-Hakia, 21/07), Alexander Gergalov (Ibn-Hakia, 24/07), Natalia Evstafieva (Marta).

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com