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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Première production française d’Iolanta de Tchaïkovski, dans une mise en scène de Jacques Osinski et sous la direction de Tugan Sokhiev au Théâtre du Capitole, Toulouse.
Une fleur parmi les fleurs
Le rarissime Iolanta, opéra en un acte de Tchaïkovski composé en 1892 et donné à la création dans la même soirée que son Casse-Noisette, après avoir été programmé en 2007 à Toulouse en version de concert, revient à la Halle aux Grains dans une mis en scène a minima. La réalisation musicale de Tugan Sokhiev est en revanche superlative.
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Le dernier opéra de Tchaïkovski est entièrement atypique dans sa production dramatique. Conte de fée naïf avec happy end, il narre la bonne fortune de la princesse aveugle Iolanta, fille du roi René de Provence, mise entre les mains d’un docteur aux pratiques étranges. Ignorante de sa cécité, elle recouvre la vue à la fois sous l’influence de l’amour et d’un mystérieux traitement.
L’Orchestre du Capitole de Toulouse avait donné en 2007 une version de concert d’Iolanta sous la direction de Tugan Sokhiev et on comprend que le chef ossète ait voulu franchir le pas de la représentation scénique pour ajouter cette œuvre rare au répertoire du Capitole en créant une première française – l’œuvre n’avait été jusque-là montée en version scénique que lors d’une tournée du Théâtre Mariinski au Châtelet.
Jacques Osinski, qui dirige aujourd’hui le Centre Dramatique National des Alpes, utilise la scène de la Halle aux Grains avec ses contraintes mais bien peu d’imagination. Il plante au centre une serre remplie de fleurs avec une tournette qui permet de dévoiler à son soupirant la belle Iolanta lorsqu’il en est temps. Les entrées de personnages se font par les portes d’entrée et les passerelles des gradins.
Heureusement, même si l’intrigue est un peu niaise aux standards de l’opéra dramatique, le découpage du livret de Modest Tchaïkovski laisse peu de temps mort à l’action et permet une efficacité qu’aide beaucoup la durée relativement courte – une heure quarante en un acte unique – de l’œuvre.
Presque tous issus de la troupe du Mariinski de Saint-Pétersbourg, les chanteurs, jamais entendus à Toulouse, forment une distribution solide, dominée par Gelena Gaskarova, grande voix droite et solide, excellente à la fois dans la fragilité et la détermination de la Princesse Iolanta. Excellent aussi, le médecin maure Ebn Hakia de Valery Alexeev et la basse Mikhail Kolelishvili dans le rôle un peu rigide du roi de Provence. On regrette en revanche une certaine difficulté à placer ses aigus chez le personnage du Comte Vaudémont qui offre à Iolanta à la fois amour et foi en la guérison. C’est cependant un bel artiste qui tient son rôle solidement.
La plus forte impression restera celle produite par l’Orchestre du Capitole défendant à merveille la délicate orchestration de Tchaïkovski. Bien des passages de la partition, notamment pendant le dénouement, égalent en beauté et en richesse rythmique et mélodique ceux de certaines symphonies du compositeur. Tugan Sokhiev anime son orchestre avec une énergie et un enthousiasme qui rappellent ceux qu’il avait su insuffler à la Dame de Pique il y a deux ans in loco et qui hissent l’ultime opéra tchaïkovskien à un niveau superlatif.
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Théâtre du Capitole, Toulouse Le 02/04/2010 Olivier BRUNEL |
| Première production française d’Iolanta de Tchaïkovski, dans une mise en scène de Jacques Osinski et sous la direction de Tugan Sokhiev au Théâtre du Capitole, Toulouse. | Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Iolanta, opéra en un acte op. 69 (1892)
Livret de Modest TchaĂŻkovski
Chœur et Maîtrise du Capitole
Orchestre national du Capitole de Toulouse
direction : Tugan Sokhiev
mise en scène : Jacques Osinski
décors et costumes : Christophe Ouvrard
Ă©clairages : Catherine Verheyde
préparation des chœurs : Alfonso Caiani
Avec :
Mikhail Kolelishvili (le Roi René de Provence), Garry Magee (Robert, Duc de Bourgogne), Akhmed Agadi (le Comte Vaudémont), Valery Alexeev (Ebn Hakia), Vasily Efimov (Alméric), Eduard Tsanga (Bertrand), Gelena Gaskarova (Iolanta), Anna Kiknadze (Marthe), Eléonora Vindau (Brigitte), Anna Markarova (Laura). | |
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