|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
|
En quelques saisons, le choeur de l'Opéra de Nice a peaufiné son élocution et son émission vocale, mais surtout il sait désormais évoluer scéniquement. Pour un tel ouvrage, c'est essentiel, puisque le premier tableau se passe chez les aristocrates, à l'aube de la Terreur, et que la suite de l'ouvrage se déroule sur le pavé de Paris, au pied de la guillotine ! On se tient donc droit au premier acte, le coude au corps et le geste élégant, alors qu'ensuite le bras s'arrondit, le poing sur la hanche, quand il n'est pas brandi en direction d'un ci-devant.
La scénographie simple et efficace de Michael Scott permet à la scène exiguë du " petit Palais Garnier " d'illustrer l'épopée sanguinaire de la Terreur autour du poète révolutionnaire qui n'en supporte plus les excès et se révolte, ce qu'il paiera de sa vie. Tout se complique avec une belle histoire d'amour entre le révolutionnaire et l'élégante Madeleine de Coigny, qui usurpera l'identité d'une condamnée à mort pour suivre sur l'échafaud celui qu'elle aime.
Giordano a écrit des pages larmoyantes à souhait, pour ce drame de sang et de passion, mais Eugène Kohn - ancien pianiste de la Callas, avant d'être découvert par James Levine - a su insuffler à l'orchestre philharmonique de Nice ce qu'il faut d'ardeur, mais aussi de pudeur pour que jamais l'on ne sourie de ces flots mélodiques tempétueux.
Toutefois le grand éclat du spectacle vient de la présence, et physique et vocale, de Fabio Armiliato qui, dans le rôle-titre, apporte à la fois la vaillance de sa voix et la fragilité de son long corps longiligne qui se plie à toutes les expressions possibles et inimaginables. C'est un tragédien de haute volée, dotée d'une voix ample, lumineuse et généreuse à souhait. A ses côtés, Daniela Dessi, qui parfois déconcertait par l'amplitude de son vibrato, a su le modérer pour conférer à son rôle de belles nuances, jusqu'à son grand air " la mamma morta ". Enfin, Jean-Philippe Lafont tient à nouveau un rôle à sa mesure. Il campe Charles Gérard, un laquais de la famille Coigny qui se révèle grand révolutionnaire, mais sacrifiera son amour pour Madeleine de Coigny par amitié pour Chénier. La production fut à la hauteur de cette grandeur d'âme.
| | |
|
Opéra, Nice Le 03/06/2000 Antoine Livio (1931-2001) |
| Nouvelle production d'Andrea Chénier à l'Opéra de Nice, France. | Andrea Chenier d'Umberto Giordano
Orchestre philharmonique de Nice
Choeur de l'Opéra de Nice
Direction musicale : Eugène Kohn
Mise en scène : Gian-Carlo del Monaco
Scénographie : Michael Scott
Chef de choeur invité : Fausto Regis
Avec Fabio Armiliato (André Chénier), Jean-Philippe Lafont (Charles Gérard), Daniela Dessi (Madeleine de Coigny ), Milena Josipovic (la Comtesse), Hermine May (La mûlatresse Bersi), Mirella Caponetti (Madelon), Daniel Djambazian (Roucher), Bernard Imbert (Fléville, Schmidt), Eric Ferri (Fouquier), Anooshah Golesorkhi (Mathieu), Luca Casalin (Un incroyable), Gilles San Juan (L'abbé), Curtis Dabek (Le majordome), Luben Maslarov (Dumas), Joël Le Poitevin (Fiorinelli). | |
| |
| | |
|