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CRITIQUES DE CONCERTS 27 avril 2024

Récital Martha Argerich et Lilya Zilberstein au Festival de St Denis

Dix doigts de trop
© © Eric Sebbag

Martha Argerich est déjà entrée de son vivant dans la légende. Et si certains ont pu douter que la mythique pianiste visiterait la banlieue parisienne, ils se sont fourvoyés. Dommage seulement que la grande Martha n'ait pas su totalement convaincre Lilya Zilberstein, sa partenaire pianiste, de sa présence !
 

Pavillon de Musique de la Légion d'Honneur, Saint-Denis
Le 28/06/2000
Eric SEBBAG
 



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  • Programme bigarré comme à l'accoutumée avec Argerich. La première oeuvre est une sonate à vingt doigts du divin Mozart. Lilya Zilberstein prend le dessus du clavier, mais aussi le dessus tout court. Nerveuse, -mais qui n'aurait pas peur de partager le banc d'une légende ?-, la pianiste russe martèle son Wolfgang et enterre d'entrée le jeu nuancé et sans lourdeur d'Argerich. Le déséquilibre persiste dans le gracieux et suspendu andante dans lequel les trilles raides de Zilberstein détonnent. Seule l'énergie motrice du Presto compense la disparité de jeu.
    Renversement des rôles pour la périlleuse transcription de Ma Mère l'Oye, Argerich investi la partie supérieure du clavier. Aussitôt, le relief et mille couleurs jaillissent des touches en noir et blanc. La Pavane de la Belle au bois dormant est éveillée par deux princesses au charme soudain irrésistible. Leur Petit Poucet est assez fort pour s'affranchir du plus hargneux des loups. La Laideronette devient assez belle pour convaincre quiconque de la suivre jusqu'aux confins de la Chine. Quant au Jardin féerique, les racines qu'il a planté dans les tympans résisteront à toutes les intempéries.

    Mais la sublime botanique se corrompt dès que Zilberstein réinvesti les octaves supérieures du piano pour les 6 pièces opus 11 de Rachmaninov. Argerich dont on sait qu'elle fonctionne beaucoup aux coups de coeur et à l'amitié s'efface trop devant sa comparse. Du coup, on entend mieux le rubato crispé de cette dernière. Ses octaves sur-articulés sont assénées comme si elle avait trop peur de mal se faire comprendre. Heureusement le jazz gothique du Scherzo et l'hallucinant mouvement final (Gloire) sont d'une telle pyrotechnie pianistique que l'on oublie la disparité des protagonistes
    Mais cela ne dure que le temps d'un entracte, car la version à deux pianos du Quintette avec piano (op.34) de Brahms est en soi une gageure. Quoi de plus difficile que de remplacer la flexibilité et l'onctuosité d'un quatuor à cordes par un second piano ? Sans surprise, le jeu percussif de Lilya Zilberstein est à 180° des qualités requises. L'urgence nostalgique du Quintette se dissout dans un obscur rite pré-stravinskien. Dommage.
    On en attend pas moins avec impatience le retour de la grande Martha, en meilleure compagnie de ses dix seules phalanges.




    Pavillon de Musique de la Légion d'Honneur, Saint-Denis
    Le 28/06/2000
    Eric SEBBAG

    Récital Martha Argerich et Lilya Zilberstein au Festival de St Denis
    Mozart : Sonate en ré majeur (à quatre mains)
    Ravel : Ma Mère l'Oye (transcription pour piano à quatre mains – extraits)
    Rachmaninov : 6 pièces opus 11 (à quatre mains)
    Brahms : Sonate en fa mineur opus 34b (pour deux pianos)

     


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