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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 octobre 2024 |
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Concert de l’Orchestre du Théâtre Mariinski sous la direction de Valery Gergiev au festival d’été de Baden-Baden.
Baden Baden 2010 (2) :
Splendeurs et misère wagnériennes
Pour la cinquième et ultime soirée de sa résidence annuelle à Baden-Baden, le Mariinski nous invitait à une prometteuse soirée lyrique consacrée à Moussorgski et Wagner. Si le Boris et le Wotan de René Pape ont comblé notre attente, une Sieglinde désastreuse a irrémédiablement gâché le premier acte de la Walkyrie.
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La première partie de la soirée tient toutes ses promesses en nous installant sur un petit nuage : une superbe ouverture de la Khovanchtchina dans l’orchestration de Chostakovitch, puis la Mort de Boris distillée par un René Pape aussi souverain dans le Tsar meurtrier et meurtri que dans Philippe II à Munich deux jours plus tôt. On attend maintenant ce magnifique artiste dans l’intégralité du rôle au Met en octobre prochain, également avec Gergiev.
Plus convaincant encore, plus majestueux et d’un raffinement inouï avec un orchestre aérien, des Adieux de Wotan d’une noblesse expressive dont – Bryn Terfel excepté – on a totalement perdu l’habitude depuis trop longtemps. Il ne faudra pas manquer la prochaine ouverture de la Scala quand René Pape abordera – après celui du Rheingold – son premier Wotan de la Walkyrie, sous la direction de Daniel Barenboïm.
Entre deux prestations du soliste, Gergiev nous gratifie d’un prélude du I de Lohengrin évanescent avec des cordes en état de grâce. Hélas ! Tout se gâte pour la seconde partie consacrée au premier acte de la Walkyrie. On garde pourtant un souvenir ému des trois Ring que Gergiev a dirigés a Baden-Baden avec la troupe du Mariinski, surtout le dernier, lors du festival d’été 2007.
Cette fois, outre le Hunding anthologique de Pape, on a malencontreusement invité un couple d’Américains pour chanter les jumeaux incestueux. Et dès que Sieglinde ouvre la bouche, avec un timbre acide même pas digne d’une Freia, on sait que tout est irrémédiablement perdu. Cette Sieglinde grelottante, dont le seul mérite est de faire les notes, est la pire qu’on ait jamais entendue sur les cent ou peut-être cent-cinquante représentations dont on garde le souvenir depuis quasiment un demi-siècle !
Totalement inadaptée au rôle, la voix de Susan Foster nous inflige une insupportable souffrance. Unique explication à sa présence ô combien inopportune, le fait qu’elle soit à la ville, l’épouse du Siegmund honorable mais raide et peu expressif de Gary Lehman, qui a sans doute imposé une partenaire que personne ne connaissait et que l’on pouvait espérer à la hauteur.
Mais aurait-elle été l’épouse de Jonas Kaufman en personne, elle n’aurait quand même pas été acceptable ! N’importe laquelle des sopranos du Mariinski n’aurait eu aucun mal à faire mieux. Mince consolation, le Hunding de René Pape ne saurait sauver à lui seul un premier acte de Walküre languissant. D’autant que, comme privé d’énergie, Gergiev lui-même étire ses tempi au lieu de les accélérer et sombre dans un ennui non seulement inhabituel mais incompréhensible.
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Festpielhaus, Baden-Baden Le 20/07/2010 Monique BARICHELLA |
| Concert de l’Orchestre du Théâtre Mariinski sous la direction de Valery Gergiev au festival d’été de Baden-Baden. | Modest Moussorgski (1839-1881)
Ouverture de la Khovanchtchina (version Chostakovitch)
Mort de Boris extraite de Boris Godounov
Richard Wagner (1813-1883)
Lohengrin, prélude à l’acte I
Adieux de Wotan extraits de la Walkyrie
René Pape, basse
La Walkyrie, acte I
Gary Lehman, Siegmund
Susan Foster, Sieglinde
René Pape, Hunding
Orchestre du Théâtre Mariinski
direction : Valery Gergiev | |
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