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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 octobre 2024 |
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Récital du pianiste Grigory Sokolov au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Rituel automnal
Chaque automne ramène au Théâtre des Champs-Élysées le pianiste russe Grigory Sokolov pour un copieux récital qui désormais fait à chaque fois salle pleine. Quelques œuvres de longue haleine de Bach, Brahms et Schumann étaient cette année au programme du nouveau rendez-vous annuel avec un pianiste peu amène avec son public et qui réserve ses grâces à la seule musique.
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Désormais, le camp des sokoloviens purs et durs ne manqueraient pour rien au monde le rendez-vous automnal (cette année, par une fantaisie du climat, exceptionnellement translaté en plein hiver !) au Théâtre des Champs-Élysées. Ils ne savent jamais vraiment précisément ce qu’il va jouer, mais on note la date et on y va.
Prochaine échéance annoncée : samedi 26 novembre 2011, même lieu, même heure. On ira ! Contrairement à l’an dernier, Grigory Sokolov n’a pas bénéficié d’un public en état de grâce non tousseur et concentré. Le snobisme a commencé ses ravages et l’on y voyait se presser ce public assez typique du TCE, moins préoccupé d’écouter que de témoigner qu’il a entendu…
D’où les chaises grinçantes, les strapontins qui se relèvent en fracas avant la fin du morceau et la sempiternelle sonnerie Orange d’un portable pendant la musique. L’immuable rituel pourtant était au rendez-vous avec sa lumière très feutrée, son économie totale de saluts et absence de regard et encore moins de sourire.
Ses grâces, Sokolov les réserve pour la seule musique ! Un vrai sans faute, et pas le programme de tout le monde, au point que l’on en vient à fuir les prolongations, ces bis qui font aussi parti du rituel (cette année un cocktail de Rameau et de Chopin) qui rallongent inutilement le concert et surtout viennent détruire en cinq minutes l’effet produit par un programme magistralement construit
Bach d’abord, avec une majestueuse Partita n° 2 dont la Sarabande est à elle seule un véritable monument. Clarté des contrepoints, plans sonores parfaitement étagés, on songe souvent à la grande Tatiana Nikolaïeva. Puis avec une séquence Brahms ininterrompue, les Fantaisies op. 116, le pianiste nous embarque dans un vrai voyage dans l’imaginaire et les brumes du Nord. Des climats, des couleurs, de la pointe sèche aussi, on se laisse volontiers embarquer.
Deuxième partie plus ingrate avec des pièces de Schumann pour le moins peu souvent jouées au concert. La Grande Humoresque en sib op. 20 ne se laisse pas facilement apprivoiser. Au disque, certes avec les artifices du studio, les plus grands schumanniens ont pu s’en arranger, mais en public, c’est autre chose que de la construire et la rendre convaincante. On n’est pas certain que Sokolov ait su le faire. Conçue dans les huit derniers jours de son séjour à Vienne en 1839, elle reflète l’état de dépression du compositeur : la Stimmung n’était pas au beau fixe.
Plus légères, les Quatre pièces op. 32 avec leurs tonalités voisines complétaient ce parcours chez le Schumann le moins populaire mais pas le moins inspiré.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 30/11/2010 Olivier BRUNEL |
| Récital du pianiste Grigory Sokolov au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Partita n° 2 en ut mineur BWV 826
Johannes Brahms (1833-1897)
Fantaisies op. 116
Robert Schumann (1810-1856)
Grande Humoresque en sib majeur op. 20
Quatre pièces op. 32
Grigory Sokolov, piano | |
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