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CRITIQUES DE CONCERTS |
13 octobre 2024 |
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Récital de la soprano Patricia Petibon dans le cadre des Grandes Voix au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
La déception Petibon
Concert très décevant donné par Patricia Petibon dans la série des Grandes voix : programme mal adapté aux vrais moyens de la soprano, tentatives excessives de masquer les difficultés de la voix, notamment en faisant le pitre, accompagnement orchestral d’une sécheresse navrante par le Giardino Armonico. Une soirée à oublier au plus vite.
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Et pourtant, Patricia Petibon ne manque pas de talent… C’est ce qu’on se disait en sortant de ce concert tellement au-dessous de nos attentes. Un chanteur sans tempérament peut être très ennuyeux, mais trop de tempérament peut nuire beaucoup à un chanteur… s’il est mal maîtrisé.
C’est de cela que souffre certainement Patricia Petibon, cantatrice douée mais capable du meilleur (ses Lulu de Genève et de Salzbourg par exemple) comme du quasi pire – ce récital. Et puis, elle est d’abord une femme de théâtre, qui a besoin du geste, du costume, du mouvement, pourquoi pas d’un accessoire pour accompagner la voix, ou même détourner l’attention de ses manques, comme c’est le cas ce soir.
Car nul besoin de faire le clown de manière si extravertie, d’agiter les bras ou de tortiller de la croupe pour chanter Gluck, Haydn ou Mozart en concert, sauf, justement, si l’on sait au fond de soi-même que la voix seule ne suffira pas à faire passer le message ni, surtout, à conquérir le public. Celui-ci, d’ailleurs, tombe dans le piège et applaudit ce qui n’est qu’une caricature d’interprétation vocale et un joli numéro de poudre aux… oreilles !
Car la majorité des airs choisis par la cantatrice pour ce programme ne sont pas de nature à mettre ses qualités en valeur. Trop dramatiques, trop lyriques, ils l’obligent à crier, à flirter constamment avec la déclamation, à disparaître dans le grave où la voix n’existe plus, à exacerber les contrastes de nuances en passant sans cesse du forte strident au pianissimo trop ténu.
Il n’y a quasiment plus de ligne de chant. Les bras jetés théâtralement dans toutes les directions sont supposés la remplacer. Dans les douceurs du Frà i pensier piu funesti di morte de la Guinia de Lucio Silla, on retrouve par instants les belles sonorités égales et translucides que cette voix peut avoir quand elle est chez elle.
Dans quelques mesures de Gluck aussi, mais que de sécheresse et d’aigreur le plus souvent ailleurs, notamment dans les fureurs très mal assumées du Tiger ! Wetze nur die Klauen de Zaïde. Et puis, pourquoi venir chanter le très ennuyeux et si long air de la Schuldigkeit des ersten Gebots de Mozart avec un haut de forme et une robe rouges en multipliant les cabotinages racoleurs ? Après tout, l’air n’est peut-être pas si ennuyeux ni si long, mais proposé ainsi, il le devient.
Bref, on a hâte d’entendre Patricia Petibon dans un répertoire conforme à ses moyens vocaux, avec plus de beau chant et moins de clins d’œil. Avec aussi un Giardino Armonico plus inspiré, sonnant avec moins de sécheresse, plus de couleur, et des symphonies un peu plus attrayantes… à moins qu’ici également, l’interprétation n’y soit pour quelque chose.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 13/12/2010 Gérard MANNONI |
| Récital de la soprano Patricia Petibon dans le cadre des Grandes Voix au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Joseph Haydn (1732-1809)
Symphonie n° 1 en ré majeur
Symphonie n° 49 en fa majeur
Il Mundo dela Luna : Ragion nell’alma siede
Lo Speziale : Salamelica
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Alma grande e nobil core, KV 578
Lucio Silla : FrĂ i pensier piu funesti di morte
Die Schuldigkeit des ersten Gebots : Hat der Schöpfer dieses Leben samt der Erde uns gegeben
ZaĂŻde : Tiger ! Wetze nur die Klauen
Carl Philip Emmanuel Bach (1714-1788)
Symphonie en sol majeur
Christoph Willibald Gluck (1714-1787)
Armide : Ah ! Si la liberté me doit être ravie
Iphigénie en Tauride : Non, cet affreux devoir je ne puis le remplir
Patricia Petibon, soprano
Il Giardino Armonico
direction : Giovanni Antonini | |
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