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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 décembre 2024 |
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RĂ©cital de la pianiste Yuja Wang dans le cadre de Piano**** Ă la salle Pleyel, Paris.
La pianiste aux mille doigts
Déjà connue à vingt-trois ans comme un phénomène, la pianiste chinoise Yuja Wang a donné à la salle Pleyel un récital à la fois passionnant et discutable pour sa quatrième venue à Piano****. Technique d’enfer mais programme bizarre faisant se succéder Rachmaninov, Schubert, Scriabine, Moussorgski, Mendelssohn et Saint-Saëns.
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Malgré le niveau technique de la plupart des pianistes de la nouvelle génération, la jeune Chinoise Yuja Wang parvient encore à faire sensation. Avant de parler plus spécifiquement musique, peut-on définir ce qu’elle a de plus que les autres en ce domaine ? Car, une fois encore, la concurrence y est si rude que l’on se demande, comme pour les records mondiaux des athlètes, jusqu’où cela va aller !
S’il fallait définir ce que la technique de Wang a de particulier, c’est peut-être de parvenir en toutes circonstances, cascades frénétiques d’accords ou d’octaves, traits déroulés à une allure qui donne le vertige, dans toutes les dynamiques possibles, de conserver une clarté, une limpidité absolues qui laissent quand même sonner chaque note.
Et cela très probablement grâce à un jeu de pédale extrêmement sophistiqué, en plus de l’agilité musculaire des doigts, des poignets et des bras. Jamais de sécheresse non plus dans les forte, mais au contraire un son très riche. Quant aux traits, ils filent précisément comme le fil qui sortirait du rouet d’une fileuse, dans une continuité du son assez étonnante qui se rapprocherait du phrasé des chanteurs.
De ces qualités, Yuja Wang use et abuse. Pour un grand récital salle Pleyel comme celui-ci, elle fait la part trop belle aux pièces de pure virtuosité auxquelles elle prend d’ailleurs un plaisir évident. Les Variations sur un thème de Corelli de Rachmaninov qui ouvrent le programme ne comptent pas parmi les pages les plus émotionnelles du compositeur. Leur relative sobriété peut séduire et surtout étonner.
La pianiste y montre de belles possibilités de contrastes entre paix et fureur. Suit la grande Sonate n° 19 en ut mineur de Schubert, un tout autre défi. Ici, Wang fait preuve d’immenses qualités purement musicales, dans le domaine de la construction, de la réflexion, du rapport général à tous les problèmes que pose cette œuvre monumentale.
Le seul reproche à lui faire est sans doute d’être restée un peu trop en surface en ce qui concerne le son dans la monumental Allegro final en forme de chevauchée fantastique. Les mille doigts qui parcourent le clavier éveillent davantage d’elfes lisztiens que de créatures fantastiques proches de l’Erlkönig ou de certains Lieder du Voyage d’hiver. Mais c’est du très beau piano.
Et puis en deuxième partie, on retombe dans une longue démonstration de virtuosité pure, avec des pièces de Scriabine, puis plusieurs transcriptions d’un intérêt musical relatif, occasion surtout pour la pianiste de faire miroiter son invraisemblable virtuosité.
Tout amateur de piano prend un certain plaisir à ce type d’exhibition, comme les amateurs de violons avec certaines pièces de Paganini ou Kreisler. Mais trop c’est trop, et l’on se dit qu’il est dommage de mettre tant de talent au service de si peu de musique fondamentale. Gros succès public, forcément, mais gageons qu’il eût été encore plus grand si la soirée s’était achevée par quelque Beethoven ou Brahms bien consistant.
Voici une raison de plus pour aller Ă©couter Yuja Wang dans les concerts qu’elle donnera les 19 et 20 mars dans cette mĂŞme salle avec les chefs de pupitre du Philharmonique de Berlin pour les grands quintettes de Brahms, Dvořák, Mozart et Schubert. Un tout autre univers.
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Salle Pleyel, Paris Le 14/12/2010 GĂ©rard MANNONI |
| RĂ©cital de la pianiste Yuja Wang dans le cadre de Piano**** Ă la salle Pleyel, Paris. | SergueĂŻ Rachmaninov (1873-1943)
Variations sur un thème de Corelli op. 42
Franz Schubert (1797-1828)
Sonate pour piano n° 19 en ut mineur D. 958
Alexandre Scriabine (1872-1915)
Préludes n° 11 op. 11, n° 6 op. 13, n° 12 op. 11
Étude n° 9 op. 8
Poème n° 1 op. 32
Modest Mussorgsky (1839-1881)
Une nuit sur le Mont Chauve
arrangement : Chernov
Felix Mendelssohn (1809-1847)
Scherzo du Songe d’une nuit d’été op. 21
arrangement : Rachmaninov
Camille Saint-Saëns (1835-1925)
Danse macabre op. 40
arrangement : Horowitz
Yuja Wang, piano | |
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