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CRITIQUES DE CONCERTS |
04 octobre 2024 |
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Concert de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles sous la direction de Gustavo Dudamel à la salle Pleyel, Paris.
Exubérant mais inégal
Salle Pleyel bondée. Embouteillages rue du faubourg Saint-Honoré, un dimanche soir. Le chef prodige Gustavo Dudamel était de retour à Pleyel, à la tête de la formation dont il est le directeur musical depuis l’automne 2009, le Los Angeles Philharmonic (LA Phil). Et dans Beethoven au moins, la déception est à la hauteur de l’attente.
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À 30 ans depuis six jours, le chef d’orchestre vénézuélien Gustavo Dudamel, connaît une ascension météorique qui n’a d’équivalent que celle de Leonard Bernstein. Partout où il dirige, il déchaîne les foules tant son charisme est grand. On l’avait vu lors d’un mémorable concert le 23 octobre 2009.
Dudamel avait réuni sous sa baguette son Orchestre Simon Bolivar, composé de jeunes de moins de 26 ans, et l’Orchestre philharmonique de Radio France. Après une Symphonie fantastique de Berlioz qui n’avait jamais autant mérité son nom, la soirée s’était terminée par un frénétique mambo.
Atmosphère équivalente en un peu plus sérieux dimanche soir avec en bis une palpitante Première Danse hongroise de Brahms et une superbe Valse du Divertimento de Bernstein. Cela a un peu effacé la déception laissée par son interprétation de la Septième Symphonie de Beethoven. Une semaine à peine auparavant, Bernard Haitink avait subjugué Pleyel par le raffinement et l’élégance de son Beethoven et notamment de son Héroïque.
Il est vrai que les trépidations rythmiques de la Septième en font une symphonie à part, mais on s’attendait justement à une interprétation fulgurante. Elle est restée lourdement scolaire, voire appuyée et vieillotte, comme si Dudamel avait oublié l’apport des baroqueux. Malgré un très bel Allegretto, l’Apothéose de la danse manquait d’une vision d’ensemble. Et ce n’est pas en accélérant les tempi que l’on fait original. Dudamel est très jeune et a sans doute encore besoin d’un peu de maturité pour aborder ce genre de chef-d’œuvre.
Il est à la tête d’un des plus étincelants orchestres au monde. Le LA Phil a eu parmi ses derniers chefs Esa Pekka-Salonen, André Prévin et Carlo Maria Giulini. Les cordes sont soyeuses, l’harmonie splendide et la machine fonctionne, comme on le dit d’habitude pour la Philharmonie de Berlin, telle une Rolls, avec des sonorités moelleuses.
La musique américaine est évidemment leur cheval de bataille. La pièce de John Adams qui ouvrait le concert, la Slonimski’s Earbox de 1995, convient parfaitement au chef et à sa formation. Ils sont admirables de virtuosité dans cette partition du maître de la musique répétitive. Leonard Bernstein est également dans leurs gènes.
La Symphonie Jeremiah, écrite par le futur géant de Broadway alors qu’il avait 25 ans, est un chef-d’œuvre plaintif. La mezzo américaine Kelley O’connor donne aux lamentations du prophète Jérémie cette intensité mahlérienne émouvante qui est si profondément ancrée dans l’œuvre orchestrale de Bernstein. C’est magnifique.
L’enthousiasme des spectateurs – et notamment des nombreux jeunes – fait plaisir à voir. En frac, Dudamel et son exubérance revivifient d‘une manière palpable l’atmosphère du concert.
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Salle Pleyel, Paris Le 30/01/2011 Nicole DUAULT |
| Concert de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles sous la direction de Gustavo Dudamel à la salle Pleyel, Paris. | John Adams (*1947)
Slonimsky’s Earbox
Leonard Bernstein (1918-1990)
Symphonie n° 1 « Jeremiah »
Kelley O’Connor, mezzo-soprano
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n° 7 en la majeur op. 92
Los Angeles Philharmonic
direction : Gustavo Dudamel | |
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